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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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leur joie la rendit féroce.
    O le joly jonc
    Bon, bon, bon, mon compère.
    O le joly jonc
    Le joly jonc.
     
    Et chacun vit que le croissant
    Dont tous les artistes vous ornent
    O déesse, depuis vingt ans,
    N’était qu’une paire de cornes…
    O le joly jonc… (etc.)
     
    Finies les joies de l’éperon,
    Finie la course à l’aiguillette,
    Le roi préfère pour son jonc
    Les fraîches et jeunes motelettes…
    O le joly jonc… (etc.)
     
    Mais les chansonniers et tous les rieurs se trompaient. Après le départ de lady Fleming, le roi, désireux de se faire pardonner son escapade, alla trouver Diane et tenta de lui prouver le plus virilement possible que rien n’était changé entre eux. Hélas ! poussé par un désir (bien compréhensible) de briller en cette occasion plus qu’à l’ordinaire, il voulut renouveler ses galants outrages un trop grand nombre de fois et, nous dit un chroniqueur, « il fit tant et tant qu’au matin l’haleine lui faillit et qu’il resta court ».
    La duchesse de Valentinois, touchée par l’intention, et peut-être largement comblée, fut indulgente. Redevenant subitement maternelle, elle le borda avec tendresse, se vêtit sans bruit et le laissa dormir jusqu’à une heure avancée de la matinée…
    On connut tous ces détails, le lendemain, par la confidente de la reine ; car Catherine de Médicis n’avait pas abandonné son petit observatoire [163] et s’était fort réjouie de voir le roi trahi par la nature…
     
    Contrairement au désir du connétable, la liaison de Henri II avec lady Fleming n’avait donc servi qu’à renforcer la position de la duchesse de Valentinois.
    Cette maladroite affaire allait avoir, en outre, d’étranges répercussions politiques.
    Depuis quelque temps, de nombreux signes annonçaient la naissance prochaine d’un conflit. Or, en 1552, les princes protestants d’Allemagne, en lutte contre Charles Quint, demandèrent à Henri II un secours financier en échange duquel ils lui reconnurent le droit d’occuper les trois évêchés de Lorraine : Metz, Toul, et Verdun.
    Geste habile qui obligeait le roi de France à envoyer une armée prendre possession de ces territoires, c’est-à-dire à se trouver en état de guerre contre Charles Quint qui continuait à considérer les Trois Évêchés comme siens.
    Les Français allaient donc se battre de nouveau.
    Diane en fut ravie pour ses bons amis de Guise dont l’esprit belliqueux souffrait de l’inaction à laquelle la paix les réduisait depuis des mois.
    Mais quelques escarmouches devant les trois villes lorraines ne lui suffisaient pas ; il fallait étendre le conflit afin que ses protégés pussent, en se couvrant de gloire, assurer définitivement leur puissance – et du même coup consolider la sienne…
    Froidement, elle fit d’abord remplacer tous les capitaines amis de Montmorency par des gens de son parti. Puis elle suggéra au roi d’envisager une campagne destinée à donner ses frontières naturelles à la France. Enfin, elle prit en main toute l’organisation de l’armée, décida des effectifs, du matériel, des munitions et dirigea personnellement les opérations.
    Cette guerre devenait « sa guerre ». Il fallait à tout prix effacer des mémoires l’humiliant épisode dont lady Fleming avait été l’héroïne. Le sang généreux de quelques milliers de Français allait gentiment s’en charger…
     
    Henri II, qui voulait se mettre lui-même à la tête des troupes, pensa qu’il devait, pendant son absence, confier la régence à la reine.
    Mais Diane veillait. Elle craignait qu’à l’occasion de cette guerre Catherine ne prît, tout à coup, une importance gênante. Elle obtint du roi que la régence fût donnée conjointement à la reine et au garde des Sceaux, Bertrand, dont l’amitié lui était depuis longtemps acquise.
    Ainsi, Henri pouvait laisser les charges de l’État à la Florentine ; Diane continuait de « régner » par personne interposée.
    Les hostilités étaient commencées depuis deux mois, lorsque Catherine de Médicis, qui s’était installée au château de Joinville, en Champagne, tomba gravement malade. On vit alors une femme, bouleversée, courir au chevet de la reine et la soigner avec une grande tendresse. C’était Diane, dont l’étrange dévouement étonna le bon peuple. Or son geste n’avait rien d’admirable, car il était dicté par la peur. Cette reine sans attrait était, en effet, nécessaire à

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