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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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qui laissait voir d’admirables jambes, et tenait au bout d’une corde un « lion mécanique, lequel animal en bois représentait la ville de Lyon qui s’offrait au souverain ». Mais les mauvais esprits y virent un autre symbole. Et l’on chuchota que cette Diane tirant un lion monté sur roulettes représentait fort exactement la duchesse de Valentinois qui, de sa main parfumée, menait le roi en laisse…
     
    Si les grands du royaume et les ambassadeurs étrangers étaient pleins de prévenances et de respect pour la maîtresse du roi, le bon peuple, lui, ne se gênait pas pour ricaner et composer sur Diane de malicieuses chansons que l’on répétait à la veillée…
    En voici une que le folklore du val de Loire nous a conservée :
     
    Malgré son grand âge
    Diane, ce soir, à Blois,
    Est en chasse, je crois,
    Pour y forcer un roi,
    Ah ! Catin, Catin [155] , quel dommage !
    Déesse peu sage
    La vieille ira de nuit [156]
    Sonner un hallali
    Qui aura lieu au lit.
    Ah ! Catin, Catin, quel dommage !
     
    De tels couplets vengeaient un peu la pauvre Catherine de Médicis qui n’osait plus élever la voix dans son palais et se voyait réduite au rôle de « pondeuse d’enfants ».
    En effet, après avoir été stérile pendant dix ans, elle mettait maintenant son petit prince au monde chaque année.
    Le faible Henri II avait trouvé ce moyen pour éliminer officiellement son épouse de toutes les cérémonies. Et pendant douze ans, tandis que Diane occupait la première place auprès du roi, la reine se tint dans l’ombre, lourde d’une progéniture d’ailleurs tarée…
    Catherine étant toujours « dans l’attente d’un heureux événement », Henri II pouvait vivre à sa guise, sans que personne songeât à s’en étonner.
    Le soir, après le dîner qu’il prenait en compagnie de la reine et de la favorite, le souverain disait gentiment à Catherine de Médicis :
    — Vous devez être lasse, Madame. Aussi, je ne vous oblige point à demeurer parmi nous. Allez vous reposer…
    La reine, furibonde, se levait alors et regagnait ses appartements, sans prononcer un mot, mais « en donnant, nous dit un chroniqueur, de-ci de-là et comme par gaucherie ou maladresse, des coups de pied dans les meubles… »
    Dès qu’elle avait disparu, le roi se levait à son tour. Diane l’imitait, et ils partaient en compagnie de quelques intimes s’enfermer dans la chambre de la favorite.
    Tout d’abord, Henri rendait compte à Diane des affaires de l’État, lui demandant son avis sur un projet d’impôt, le texte d’un traité ou la réponse à faire à un diplomate, et la discussion durait souvent près d’une heure. Puis on se délassait un peu. Voici, d’après l’ambassadeur Saint-Mauris, qui envoya bien des détails savoureux en Italie, la façon pour le moins cavalière dont se comportait le roi dans l’appartement de la duchesse de Valentinois : « Il s’assied au giron d’elle avec une guinterne (cithare) en main, de laquelle il joue et demande souvent au connétable et à Aumale si le dit Silvius (Diane) n’a pas belle garde, touchant quand et quand ses tétins et la regardant attentivement comme homme surpris de son amitié. »
    Lorsque le roi avait ainsi caressé les seins de Diane, celle-ci, chatouillée et troublée, le repoussait en riant, disant « qu’elle ne voulait point être ridée », sachant par expérience sans doute que la main de l’homme n’est point bonne pour la fine peau des gorges joliment enflées.
     
    Cette façon désinvolte de se tenir en public choque un peu notre conception moderne de la pudeur. Il n’en était pas de même au XVI e  siècle, surtout à la Cour où la vie du roi n’avait de secret pour personne. Un historien du temps nous conte une anecdote assez savoureuse. Un soir que Henri II était, comme à l’accoutumée, dans la chambre de Diane de Poitiers avec quelques amis, il fut pris soudain « d’un feu qui le brûla et le poussa à conduire la duchesse de Valentinois vers le lict ».
    Les amis, bien élevés, feignirent de ne s’apercevoir de rien et restèrent auprès de la cheminée à deviser. De temps à autre, des bruits divers parvenaient du coin d’ombre où se trouvait la couche de la favorite, mais personne ne se permettait de dresser l’oreille.
    Soudain, on entendit un craquement et un grand choc. Dans leur ardeur, les deux amants avaient détruit le lit, et la duchesse de Valentinois était tombée dans la

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