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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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ruelle.
    Tout le monde se précipita. Diane fut retrouvée à tâtons et ramenée toute rougissante vers la lumière. Quant au roi, il n’avait pas eu le temps de réparer le désordre de ses vêtements, et son aspect manquait de majesté…
    Heureusement, Diane eut le bon goût d’éclater de rire, ce qui détendit l’atmosphère [157] .
    L’histoire amusa la Cour pendant quelques jours et la reine l’apprit, bien entendu.
    Elle en fut fâchée et se demanda, une fois de plus, par quels moyens la duchesse de Valentinois, qui avait vingt ans de plus qu’elle, parvenait à retenir ainsi le roi. Car, nous dit Brantôme, « elle se sentait aussi belle et agréable que serviable, et digne d’avoir d’aussi friands morceaux… ».
    Intriguée, et pensant que peut-être la favorite usait d’une technique amoureuse qu’elle ignorait, elle désira s’instruire et en parla à une de ses confidentes.
    Hélas ! celle-ci n’avait pas non plus une grande expérience, et ses « recettes » n’apprirent rien à la reine. En désespoir de cause, les deux femmes décidèrent d’épier les amants au moment où ils se livraient à leurs ébats favoris. Catherine de Médicis fit alors percer plusieurs trous dans le plancher qui se trouvait au-dessus de la chambre de la duchesse « pour voir, nous dit Brantôme, le tout et la vie qu’ils démenoient tous deux ensemble ». Et elle attendit l’occasion.
     
    Un après-midi, voyant le roi se diriger vers l’appartement de Diane, la reine alerta son amie et les deux femmes grimpèrent bien vite à leur poste d’observation. Allongées sur le parquet, les yeux collés aux trous, elles regardèrent « mais n’y virent rien que de très beau, car elles y aperçurent une femme très belle, blanche, délicate et très fraîche, moitié en chemise et moitié nue, faire des caresses à son amant, des mignardises, des follastreries bien grandes, et son amant lui rendre la pareille de sorte qu’ils sortoient du lict, et tout en chemise se couchoient et s’esbattoyent sur le tapis velu qui estoit auprès du lict, afin d’éviter la chaleur du lict, et pour mieux prendre le frais ; car c’estoit aux plus grandes chaleurs [158]  ».
    Cette façon de faire, qu’elle ignorait, étonna la reine et lui donna du dépit. Elle « se mit à plorer, gémir, souspirer et attrister, luy semblant, et aussi le disant, que son mary ne luy rendoit le semblable, et ne faisoit les folies qu’elle luy avait vu faire avec l’autre ».
    Comprenant qu’elle ne parviendrait jamais à connaître le secret de la séduction de Diane, la reine, encore une fois, se résigna et, ainsi que l’écrivait Lorenzo Contarini, « supporta avec patience… ».
    Follement amoureuse du roi, et craignant à chaque instant de le perdre à tout jamais par une attitude hostile, elle se rapprocha finalement de Diane et vécut avec elle comme avec une amie.
    La duchesse de Valentinois en profita, bien entendu, pour prendre plus d’importance encore. Laissant à la reine le soin de faire les enfants, elle se réserva de les élever, de les soigner et de les former.
    Dès que Catherine accouchait, le nouveau-né lui était enlevé ; on allait le présenter au roi et à Diane.
    Puis la favorite confiait le bébé à ses cousins, M. et M me  d’Humière, qu’elle avait fait nommer gouverneurs des enfants royaux. Il nous est parvenu des lettres qui témoignent de l’intérêt que prenait la maîtresse du roi pour la santé des enfants de Catherine.
    J’ai vu , écrit-elle par exemple à M me  d’Humière, la lettre que m’avez écrite et ce que m’avez mandé que Mme Claude s’est trouvé mal cette nuit de sa toux, dont nous sommes tous marris ; toutefois est une maladie qui n’est point dangereuse, vue que madame sa sœur aînée en a eu de cette façon. La reine vous en écrit son avis ; il me semble que vous ferez bien de prendre une bonne résolution pour ne mettre plus les choses en doute ; je me fierai plus en votre opinion que en celle des médecins, vu mêmement la quantité d’enfants que vous avez eus [159] .
    Lorsqu’ils avaient atteint l’âge d’apprendre les bons usages, les princes revenaient à la Cour et Diane les formait aux « civilités de la vie ».
    Les règles du savoir-vivre au XVI e  siècle étaient d’ailleurs étranges. Il n’est pour s’en convaincre que de feuilleter le premier manuel de convenances, publié par Mathurin Cardier. On y lit, par

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