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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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d’Amboise avait complètement dégoûté François II de la politique. Il se consacra dès lors, avec une fougue maladive, à la volcanique Marie Stuart.
    Hélas ! en essayant d’éteindre l’ardeur dont brûlait son épouse, c’est lui qui se consuma. Et, le 5 décembre 1560, il mourut, complètement épuisé, à Orléans, d’un abcès au cerveau [172] .
    Folle de douleur, la jeune reine s’enferma, conformément à l’étiquette de la Cour de France, pendant quarante jours dans son appartement tendu de noir et éclairé par des cierges. Lorsqu’elle reparut à la lumière, elle espéra vivre au Louvre comme auparavant ; mais la haine de Catherine de Médicis la fit fuir. Elle gagna d’abord la Lorraine, où était son oncle, puis, le 15 août 1561, elle s’embarqua pour l’Écosse, pleurant le royaume de France et pleurant sa jeunesse, ayant peut-être au cœur l’obscur pressentiment du destin tragique qui l’attendait [173] …
    Le nouveau roi, Charles IX, n’ayant que dix ans à la mort de son frère, Catherine de Médicis se déclara régente, et Diane de Poitiers, dans son château d’Anet, se reprit à trembler. Mais la Florentine affectait de n’attacher plus aucune importance à l’ex-favorite. Quand elle en parlait, c’était pour laisser entendre que la pauvre avait sombré dans le gâtisme.
    Ce qui était faux, car le temps ne semblait avoir aucune prise sur Diane. En 1565, Brantôme lui rendit visite. Bien qu’elle eût alors soixante-cinq ans, il fut ébloui et la trouva « si belle que même un cœur de rocher s’en fût ému ». « Elle avait, dit-il, une grande blancheur et sans se farder aucunement, mais on dit bien que tous les matins elle usait de quelques bouillons composés d’or potable et autres drogues que je ne sais pas comme les bons médecins et subtils apothicaires. Je crois que si cette dame eût encore vécu cent ans, qu’elle n’eût jamais vieilli, fût-ce de visage, tant il était bien composé, fût-ce de corps caché et couvert, tant il était de bonne trempe et belle habitude. C’est dommage que la terre couvre ces beaux corps. »
    Or, six mois plus tard, Diane, dont la santé semblait solide, succombait à une brusque maladie, et la terre dont parle Brantôme recouvrit ce corps dont la trop éclatante beauté était cause de la grande pitié dans laquelle se trouvait le royaume de France [174] …
    Alors, Catherine de Médicis, qui s’était tue pendant trente ans, osa enfin dire ce qu’elle pensait de sa rivale :
    Je faisais bonne chère à Mme de Valentinois, c’était le Roi , écrivit-elle à Bellièvre. Encore je lui faisais toujours connaître que c’était à mon très grand regret, car jamais femme qui aime son mari n’aima sa putain .
    Et elle concluait avec humour :
    Car on ne la peut appeler autrement ; encore que ce mot soit vilain à dire à nous autres…

28
    Catherine de Médicis crée son escadron volant
de jolies filles galantes
    C’est souvent par les filles de son cortège
qu’elle attaquait et soumettait ses plus rudes ennemis.
Et pour ce l’appelait-on « la grande bordelière du royaume »…
     
    Henri Estienne
     
    Le premier acte de Catherine de Médicis régente fut d’augmenter le nombre de ses demoiselles d’honneur. Elle en avait quatre-vingts, elle en eut deux cents.
    Les observateurs superficiels pensèrent peut-être que la reine mère n’était qu’une femme frivole qui ne s’intéressait qu’à des futilités. En réalité, elle venait de se forger une arme secrète extrêmement puissante qui allait lui permettre de mener ministres, ambassadeurs et adversaires « par le bout du chalumeau », ainsi que nous le dit un peu crûment un chroniqueur du temps.
    Ayant fait don de leurs charmes à l’État, toutes ces demoiselles, « parées comme des déesses, mais accueillantes comme des mortelles [175]  », étaient utilisées, en effet, à des fins politiques. Plus jolies, plus effrontées et plus coquettes les unes que les autres, elles avaient pour mission de retirer toute espèce de lucidité aux hommes qui leur étaient désignés par Catherine de Médicis.
    Ces jeunes et gracieuses personnes que les diplomates étrangers, de passage à Paris, trouvaient dans leur couche constituaient ce qu’on appelait l’ escadron volant de la reine. Il leur suffisait souvent d’une nuit d’amour pour désarmer de farouches ennemis de la France… Voici ce que nous en dit Brantôme, qui en

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