Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
Vom Netzwerk:
connut plusieurs fort intimement : « Ces filles d’honneur étaient toutes bastantes pour mettre le feu par tout le monde ; aussi en ont-elles brûlé en bonne part autant de nous autres, gentilshommes de cour, que d’autres qui ont approché de leurs feux. »
    La conduite de certaines de ces demoiselles ne tarda pas à faire scandale, et la reine reçut d’Italie une lettre de semonce : Vous devriez, lui écrivait-on, vous contenter d’un petit train de filles et veiller à ce qu’elles ne passent pas et ne repassent pas par les mains des hommes, et à ce qu’elles soient plus pudiquement vêtues [176] .
    Catherine, naturellement, ne tint aucun compte de ces conseils et continua de lancer son escadron dans de galantes manœuvres qui lui permettaient de connaître les plus secrètes pensées des princes, prélats et seigneurs du royaume, ou d’amener à ses vues des personnages qui pouvaient lui être utiles. Cette persévérance lui procura de précieux atouts, et jamais le lit n’eut autant d’importance qu’à cette époque…
    Il y a lieu de préciser toutefois que, si les filles « d’honneur » pouvaient se livrer aux vices les plus éhontés, il était un point sur lequel la reine était intransigeante. Il fallait « qu’elles eussent de la sagesse, de l’habileté et du savoir pour se garder de l’ enflure du ventre… »
    Celles qui revenaient au palais avec « un petit souvenir » étaient immédiatement chassées…
     
    Dès son accession au pouvoir, la régente eut l’occasion d’utiliser l’un des plus beaux éléments de son escadron galant : la belle M lle  de Rouet.
    Catherine se trouvait alors en face de trois familles qui la haïssaient, et dont elle devait éviter à tout prix la coalition : les Guises, les Montmorency et les Bourbons, descendants de saint Louis.
    Les Guises avaient perdu de leur morgue depuis le départ de Marie Stuart, et le connétable de Montmorency, relégué à Chantilly, vivait en disgrâce.
    Restaient les Bourbons, dont le chef, Antoine, roi de Navarre, marié à Jeanne d’Albret, protestait hautement contre l’immixtion de Catherine dans les affaires politiques et prétendait – avec quelques droits, d’ailleurs – à la régence.
    Il fallait faire taire ce bouillant personnage, l’amadouer et, si possible, le transformer en allié. Une femme allait, par la seule vertu de son charme, réaliser ce tour de force [177] .
    Elle s’appelait Louise de la Béraudière. Mais, fille du seigneur de Sourches et de l’Isle-Rouet, on l’avait surnommée à la Cour : la belle Rouet.
    Catherine l’avait choisie à cause de ses yeux chauds, de ses seins fermes et de sa croupe émouvante, trois qualités que le roi de Navarre, grand coureur de jupons, aimait trouver chez une femme.
    Chargée de consignes précises, la belle mit une toilette fort décolletée et partit à l’attaque, tous charmes dehors, si j’ose dire. L’adversaire était facile à vaincre, et le premier soir les trouva dans un lit.
    La nuit fut bien employée. La belle Rouet connaissait des manœuvres exquises et de savantes agaceries qui enthousiasmèrent tant le roi de Navarre qu’au matin il était ébloui, épuisé et amoureux fou.
    Alors Louise, qui s’était montrée superbe dans son déchaînement, parut soudain « se réveiller à la pudeur ». Se serrant contre Antoine, elle éclata en sanglots :
    — La reine est sévère, gémit-elle. Si elle apprend ce que nous avons fait, je serai chassée de la Cour. Et je crains qu’elle ne reporte sur vous sa colère.
    Le roi de Navarre ne voulait point perdre une aussi fougueuse partenaire. Il promit de tout faire pour que Catherine lui soit redevable.
    — Ainsi, vous n’aurez rien à craindre, dit-il.
    Et, comme elle tremblait encore, il ajouta :
    — Je la verrai tout à l’heure.
    La reine mère le reçut avec un air mi-figue mi-raisin qui lui donna à penser qu’elle savait peut-être déjà quelque chose.
    Il se montra aimable, conciliant, ne parla point de ses droits et « eût offert son royaume de Navarre pour peu qu’on l’en eût prié », tant il désirait entrer dans les bonnes grâces de Catherine et protéger ainsi sa nouvelle maîtresse.
    La Florentine prononça quelques paroles ambiguës et considéra Antoine de ses yeux mi-clos.
    — Soyons amis, dit-elle soudain.
    Et, comme Antoine souriait :
    — Je vous donne la lieutenance générale du royaume, ajouta-t-elle.
    Se courbant

Weitere Kostenlose Bücher