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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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respectueusement, il accepta ; ce qui signifiait qu’il renonçait à réclamer la régence et reconnaissait du même coup la souveraineté de Catherine.
    La belle Rouet avait gagné la partie…
     
    La liaison d’Antoine de Bourbon fut rapidement connue dans les milieux protestants. Les chefs huguenots, comprenant le jeu de la reine mère, tremblèrent à la pensée que le roi de Navarre risquait d’être enlevé à leur parti. Et Calvin, affolé, écrivit à son confident Bullinger : Il est tout à Vénus. La matrone (Catherine), qui est expérimentée dans cet art, a extrait de son harem ce qui pouvait attraper l’âme de notre homme dans ses filets.
    Au bout d’une semaine, Catherine demanda à Louise de réaliser la seconde partie du plan qu’elle avait imaginé. « Elle commanda donc à sa demoiselle d’entretenir cet amoureux, nous dit Henri Estienne, et lui complaire en tout ce qu’elle pourroit, afin qu’oubliant les affaires il mécontentât chacun ; comme de fait, elle en vint à bout par ce moyen [178] . »
    Quelques jours plus tard, Calvin, de plus en plus inquiet, écrivait à Antoine de Navarre lui-même : On murmure que quelques folles amours vous empêchent ou refroidissent de faire votre devoir en partie et que le diable a des suppôts, qui ne cherchent ni votre bien, ni votre honneur, lesquels par tels allèchements tâchent de vous attirer à leur cordelle ou bien vous adoucir en sorte qu’ils jouissent paisiblement de vous en leurs menées et pratiques. Je vous prie donc, sire, au nom de Dieu, de vous éveiller à bon escient.
    Mais les objurgations du chef protestant n’eurent aucun effet sur l’amant de la belle Rouet. Rien au monde n’aurait pu, d’ailleurs, le faire renoncer à cette fille qui semblait trouver chaque nuit de nouvelles subtilités propres à chatouiller sa moelle épinière.
    Alors, la régente ordonna à Louise de réaliser la troisième partie du plan. Et, un soir, ce que Calvin redoutait tant se produisit. La belle Rouet dit à Antoine qu’il fallait qu’elle l’aimât vraiment beaucoup pour accepter d’être sa maîtresse, alors qu’il était protestant et elle catholique.
    Elle le regardait dans les yeux avec toutes les apparences de la passion, et il fut touché.
    Le lendemain, pour l’amour de Louise, il abjurait le protestantisme et entrait au parti catholique.
    La reine mère en fut si heureuse qu’elle montra un grand sourire pendant plusieurs jours et qu’elle ne se fâcha pas lorsque la belle Rouet lui annonça qu’on pouvait s’attendre à lui voir bientôt une « enflure du ventre ».
    Car, dans le feu du déduit, Louise, ne pensant qu’à sa mission, avait omis de se protéger par un de ces « bons engins » que Catherine de Médicis donnait à ses filles d’honneur pour leur éviter les « surprises de Vénus ».
    Aussi eut-elle, en souvenir de cette « campagne », un gros garçon, le bâtard Charles de Bourbon, qui devait, à dix-sept ans, devenir évêque de Comminges…
     
    Catherine de Médicis allait bientôt s’attaquer à une autre tête de la Réforme : Condé lui-même [179] …
    Trois mois après le massacre d’Amboise, le chef protestant avait été arrêté sous l’inculpation de haute trahison, le duc de Guise ayant pu prouver qu’il conspirait avec l’appui des luthériens allemands.
    Jugé, condamné, il eût été pendu si François II n’était mort pendant son procès, ce qui avait fait suspendre les débats jusqu’à l’accession au pouvoir de la régente. À ce moment, Catherine de Médicis, sûre de la puissance de ses demoiselles, gracia Condé avec l’espoir de se faire ainsi un allié contre les Guises, qu’elle détestait, en souvenir de Diane…
    Alors la guerre de religion sembla marquer un temps d’arrêt. Après les États généraux de Pontoise et le colloque de Poissy, toutes poursuites contre les protestants furent suspendues, et les braves gens purent espérer un moment que les deux partis vivraient en bonne intelligence.
    Malheureusement, on croyait tout fini quand rien n’était commencé.
    Catholiques et protestants, qui avaient feint de s’entendre sur quelques points de doctrine, continuaient sournoisement leur propagande et employaient pour exciter le populaire des arguments qui n’avaient rien de commun avec ceux dont s’étaient servis les théologiens un colloque de Poissy.
    Encore une fois, on utilisait, de part et d’autre, des histoires d’alcôves bien

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