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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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assister aux obsèques, car il n’aimait ni les fêtes ni les cérémonies [6] …
     
    En 1447, le bouillant dauphin, qu’agaçait l’indolence de son père, décida de faire enlever celui-ci et de prendre sa place sur le trône. Il pensait avec quelque raison qu’il exercerait le pouvoir plus fermement que ce pauvre roi fatigué par son harem [7] . Mais Charles VII fut informé du complot. Il fit comparaître son fils et, la rigueur répugnant à son caractère, se borna à lui donner l’ordre de passer quatre mois en Dauphiné. Loin d’être sensible à cette indulgence, Louis, tremblant de colère, quitta la Cour en jurant de ne revenir qu’après la mort de son père.
    Il dut attendre dix ans.
    Pour tromper son impatience, il s’installa dans ce Dauphiné qui lui appartenait et y fit son apprentissage de roi. Jusque-là, cette province n’avait été, pour les fils aînés des rois de France, qu’une possession nominale. Louis y exerça une effective souveraineté. Il supprima leurs privilèges aux puissants évêques de la région, exigea des nobles le serment de fidélité, combla les villes de faveurs et traita le Tiers État avec bienveillance, ce qui « sera la politique de toute sa vie » [8] . En outre, il développa l’agriculture dans cette province alors pauvre et fonda l’Université de Valence. Activité qui ne l’empêchait pas de s’intéresser aux dames. C’est pendant cette période qu’il eut pour maîtresses Guyette Durand, fille d’un notaire de Grenoble, et Félize Regnard, veuve d’un écuyer, qui lui donna deux filles.
    Mais le Dauphiné, bientôt, ne suffit plus à Louis. Il rêva de se constituer un vaste fief de part et d’autre des Alpes, en mettant la main sur la Savoie [9] . Le meilleur moyen lui parut être d’épouser la princesse Charlotte, alors âgée de douze ans. Le duc de Savoie, heureux et fier de cette glorieuse alliance, accepta bien entendu de donner sa fille. Le mariage eut lieu le 14 février 1457, à Chambéry, sans le consentement de Charles VII, ce qui marquait la rupture définitive entre le fils révolté et le père bafoué.
    Quelques semaines plus tard, le dauphin apprit que le roi et son armée s’avançaient par le Bourbonnais vers le Dauphiné. Prenant peur, il courut se réfugier en Brabant, dans le domaine de Genappe, sous la protection de Philippe, duc de Bourgogne. Il devait y rester quatre ans.
    En juin 1460, on l’informa que Charles VII était tombé gravement malade et il se prit à espérer. Grâce à une des maîtresses du roi, M me  de Villequier dont il avait acheté les services, il suivit avec passion la marche du mal qui allait lui donner un trône. On possède une réponse qu’il fit aux messages de cette jeune femme. La voici : Mademoiselle, j’ai vu les lettres que vous m’avez écrites, et vous mercie de l’avertissement que vous m’avez fait par vos dites lettres, et soyez sûre que, à l’aide de Dieu et de Notre-Dame, que, une fois, je vous le rendrai.
    Et il termine par cette phrase cynique :
    Mademoiselle, jetez ces lettres au feu, et me faites savoir s’il vous semble que je doive guère demeurer en l’état où je suis.
    Autrement dit : « Mademoiselle, dites-moi si je puis espérer que mon père mourra bientôt »…
    L’état du malade empira rapidement et le 22 juillet 1461, le dauphin apprit que Charles VII avait trépassé de ce monde dans l’autre. Sans même attendre que sa femme fût prête à l’accompagner il se mit en route pour Reims où devait avoir lieu son sacre. Et la malheureuse dut emprunter des chevaux et des chariots à la comtesse de Charolais pour le rejoindre.
    Après le sacre, Louis XI fit son entrée à Paris suivi de quatorze mille cavaliers, et des fêtes magnifiques furent organisées en son honneur. Pour chacune de ces cérémonies symboliques où le roi prenait possession de sa capitale, les Parisiens s’ingéniaient à trouver du nouveau. Cette fois, ils fabriquèrent sur la porte Saint-Denis, par laquelle Louis XI devait arriver, un grand navire semblable à celui qui figurait dans les armes de la ville, et, lorsque le roi passa sous la voûte, la foule vit deux petits anges descendre de la nef, comme des araignées au bout d’un fil, et lui poser une couronne sur la tête.
    Pourtant, ce n’est pas ce détail qui frappa le plus l’imagination des badauds ; mais bien plutôt le spectacle qu’ils purent voir à la fontaine de Ponceau. En cet

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