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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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bien faite,
    Le tétin bien rond,
    En baisant ma mie,
    J’ai cueilly la fleur.
     
    D’autres fois, en se rendant à son Conseil, il chantonnait :
     
    Au joli jeu du pousse avant
    Fait bon jouer.
     
    Bref, il était heureux.
    Or, si l’homme avait quelques raisons de se féliciter de ce mariage, le roi n’en avait pas beaucoup. Au contraire. En effet, le contrat signé à Nantes était beaucoup moins intéressant pour la France que celui de Langeais. La petite Bretonne avait profité de l’amour de Louis pour reprendre les avantages qu’elle avait dû laisser à Charles VIII après la défaite des armées de son père.
    Ce nouveau contrat stipulait : 1°, qu’Anne de Bretagne conservait personnellement le gouvernement du duché ; 2°, que, si des enfants naissaient du mariage, le duché reviendrait au second enfant, mâle ou femelle, et, si les époux n’avaient qu’un seul héritier, au second enfant de cet héritier ; 3°, que, si la duchesse mourait sans enfants avant le roi, Louis XII garderait la Bretagne sa vie durant ; mais, qu’après lui le duché retournerait aux héritiers directs de M me  Anne.
    Aveuglé par l’amour, Louis XII avait accepté les conditions que lui avait dictées la rusée petite duchesse aux hermines ; et la Bretagne gardait l’indépendance qu’elle avait retrouvée à la mort de Charles VIII.
     
    Au mois de juillet 1499, Louis XII, qui avait conservé les vues de Charles VIII sur l’Italie, partit à la conquête du duché de Milan. Avant de quitter Blois, il avait conduit au château de Romorantin la reine Anne, qui se trouvait pour lors enceinte de ses bons offices.
    — Vous ne pourrez pas être mieux qu’en cet endroit, madame, pour mettre au monde le dauphin que nous attendons, lui dit-il.
    Curieuse idée, en vérité. Car dans ce château vivait la comtesse d’Angoulême, Louise de Savoie, mère de François duc de Valois, un gros garçon de cinq ans que le hasard des décès prématurés avait fait héritier présomptif du trône de France. On se doute, dans ces conditions, du peu de plaisir qu’avait cette femme à voir Anne de Bretagne espérer la naissance d’un dauphin. Aussi, lorsque toute la Cour était en prières pour demander au ciel la venue d’un garçon, Louise, secrètement, souhaitait que la reine eût une fille afin que François restât le futur successeur de Louis XII.
    Il y avait cinq ans que la jeune comtesse d’Angoulême vivait avec l’espoir de voir son fils devenir roi…
    Cet honneur, elle l’envisageait comme une sorte de revanche. Le sort, il est vrai, ne s’était pas montré très doux jusqu’alors. Après une enfance morose, elle avait été – à douze ans – mariée par son père Philippe de Bresse (et duc de Savoie) au comte Charles d’Angoulême, âgé de trente ans.
    Celui-ci l’avait emmenée à Cognac où il vivait en compagnie de ses deux maîtresses, Antoinette de Polignac, fille du gouverneur d’Angoulême, et Jeanne Comte, une demoiselle de la Cour. Louise, tout heureuse d’être mariée [55] , n’avait fait aucune remarque à son époux et s’était habituée rapidement à ce curieux ménage à quatre… Au début, Charles d’Angoulême s’était, d’ailleurs, senti fortement attiré par cette jeune épouse de douze ans. Il avait même délaissé un temps les deux favorites qui, loin d’être jalouses, en avaient profité pour souffler un peu. Car c’était un rude paillard que ce comte d’Angoulême, et personne ne semblait lui avoir appris qu’un lit était aussi fait pour dormir…
    Après quelques mois d’une vie épuisante, Louise de Savoie avait été soudain fort triste.
    — Je ne suis pas une femme comme les autres, s’était-elle écriée un soir.
    Pressée de questions par une dame de sa suite, elle avait alors déclaré en pleurant qu’elle trouvait anormal de n’être pas encore enceinte à treize ans…
    Il est vrai qu’à la Cour de Cognac, où toutes les demoiselles d’honneur avaient des bâtards, la chose pouvait sembler étonnante. Louise de Savoie était donc allée au Plessis-lez-Tours demander la bénédiction de François de Paule qui avait, disait-on, le pouvoir de rendre – par la prière – les femmes fécondes. Le saint homme s’était ému d’une inquiétude aussi prématurée, et il avait prédit à la jeune comtesse qu’elle serait mère d’un roi…
    Louise était alors rentrée à Cognac un peu rassurée et, quelques mois plus tard,

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