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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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pour rentrer en France, les Génois, mortifiés jusqu’au fond de l’âme, virent Thomassine, en larmes, s’enfermer dans un couvent…
    Elle y resta peu, d’ailleurs, car, trois ans plus tard, en 1505, le bruit du décès de Louis XII ayant couru en Italie, la belle mourut de douleur.
    Touché, le roi de France envoya aux Génois quelques beaux vers destinés à orner le tombeau de Thomassine « en signe de continuelle souvenance et spectacle mémorable ».
    Ce qui dut bien faire plaisir aux Génois, lesquels ne décoléraient pas depuis 1502…
    Anne de Bretagne, naturellement, connut tous les détails de cette platonique aventure ; et elle s’enorgueillit d’avoir fait, du plus frivole des princes français, un époux fidèle et un roi sage…
     
    Pendant quelques années, Louis XII et Anne vécurent heureux. La cour de France, il est vrai, n’avait pas été, depuis longtemps, un endroit aussi honnête.
    La reine, nous apprend un auteur de l’époque, « faisait venir en sa chambre toutes ses demoiselles et, après les avoir regardées l’une après l’autre, elle reprenait celle qui lui semblait faire contenance et maintien rustiques. Elle ne permettait pas qu’elles eussent aucun propos à des gentilshommes en secret et ne souffrait pas qu’on eût avec elles autre chose que de vertueux et honnêtes propos ; que si quelques-uns voulaient leur parler d’amour il fallait que ce fût d’amour permis ; je dis d’amour chaste et pudique, tendant au mariage et que, en quelques mots seulement, cette volonté fût exprimée… La sage princesse ne voulait pas que sa maison fût ouverte à de dangereuses personnes qui ne savent entretenir les dames que de propos obscènes et lascifs [58]  ».
    Aussi la plupart des jolies demoiselles de la Cour s’empressaient-elles de quitter Blois pour aller s’installer dans des endroits plus gais.
    Pourtant, un jour, la pudique souveraine faillit causer un scandale par ses verts propos. Involontairement, il faut le dire. Voici en quelles circonstances :
    Anne, qui s’occupait des affaires diplomatiques lorsque le roi était trop absorbé par les guerres d’Italie, recevait elle-même les délégations étrangères qui se présentaient à la Cour. Et, pour faire plaisir aux ambassadeurs, elle n’omettait jamais d’apprendre par cœur un petit discours dans leur langue. Elle chargeait généralement son chevalier d’honneur, le seigneur de Grignaux, prince de Chalais, qui connaissait l’allemand, l’anglais, l’espagnol, le suédois et l’italien, de lui enseigner ces quelques mots dont les délégués étrangers se trouvaient flattés.
    Or un jour, le chevalier eut l’idée d’une farce d’un goût douteux. Sachant que les ambassadeurs de Ferdinand d’Espagne étaient attendus à Blois, il n’enseigna à la reine que des mots espagnols extrêmement grossiers, « de petites salauderies », nous dit le chroniqueur qui rapporte cette anecdote. La reine Anne, sans rien soupçonner, bien entendu, apprit aussitôt ces énormes grivoiseries…
    Fort heureusement, le seigneur de Grignaux était bavard. Il alla raconter sa plaisanterie au roi qui se divertit fort, mais prévint tout de même la reine.
    Celle-ci ne pardonna jamais au prince de Chalais.
     
    Pendant ce temps, à Amboise, Louise de Savoie vivait en compagnie du maréchal de Gié, le nouveau précepteur de son fils qui avait remplacé Jean de Saint-Gelais.
    Les mauvaises langues prétendaient que le jeune maréchal était, comme son prédécesseur, l’amant de la jolie comtesse.
    En réalité, il n’en était que follement amoureux.
    Chaque soir, il faisait une tentative pour entrer dans la chambre de Louise ; chaque soir, elle le repoussait. Finalement, rendu furieux par un désir brimé, il alla à la Cour de Blois raconter à qui voulait l’entendre que Louise de Savoie avait été la maîtresse de Saint-Gelais et qu’elle voulait à toute force le violer, lui…
    Cette histoire, on s’en doute, fit scandale. Anne de Bretagne, secouée par une espèce de crise de nerfs, se jeta à genoux et demanda à ses demoiselles d’honneur de prier pour que de telles turpitudes ne déclenchassent pas la colère divine contre le royaume de France.
    Puis elle alla se coucher, malade.
    Et l’on pense que cette émotion et sa contrariété au moment des fiançailles de Claude avec François de Valois (qui avaient été conclues contre son gré) abrégèrent ses jours. Elle mourut à

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