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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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juges, ils se déclarèrent satisfaits.
    Une semaine plus tard, le 17 décembre 1498, la dissolution du mariage fut annoncée publiquement en l’église Saint-Denis d’Amboise. La reine fut d’abord abattue et sanglota, puis elle se prit à proférer des malédictions contre les trois juges et l’on dut la reconduire au château [54] .
    Ce ne furent pas les seuls cris hostiles qu’entendirent les trois ecclésiastiques. Lorsqu’ils sortirent dans la rue, ils furent en effet copieusement insultés par le peuple qui les suivit avec des torches, à cause d’un brouillard épais qui, ce jour-là, plongeait la ville dans l’obscurité, et les baptisa Hérode, Caïphe et Pilate.
     
    Louis XII n’avait pas attendu la notification publique du jugement pour écrire à Anne de Bretagne qu’il était libre désormais et qu’ils pourraient bientôt se marier.
    Pourtant, il leur manquait encore une dispense, car ils étaient cousins.
    Tout dépendait donc encore une fois de Rome. Alexandre Borgia, sollicité, fit connaître ses conditions et Louis XII comprit pourquoi la première bulle ne contenait aucune demande de contrepartie. Le pape s’était réservé pour la fin.
    Il avait eu, avant son ordination, un fils naturel qui était archevêque de Valence, mais qui désirait depuis longtemps être relevé de ses vœux ecclésiastiques pour avoir une jolie épouse dans son lit. Les nuits incestueuses avec sa sœur Lucrèce ne lui suffisaient plus, et sa soutane le gênait…
    Aussi Sa Sainteté exigeait-elle, en échange de la dispense, le duché de Valentinois et la main d’une princesse française pour son bien-aimé fils César.
    Le roi accepta, et César Borgia arriva à Chinon en grande pompe, apportant la bulle de dispense. Aussitôt, Louis XII, ayant fait Jeanne de France duchesse de Berry, courut épouser enfin sa chère Anne de Bretagne.
    Leurs noces eurent lieu dans la plus grande intimité, en la chapelle du château de Nantes. Après quoi les nouveaux époux revinrent à Amboise, et le roi se mit en quête d’une épouse pour César Borgia. Tout d’abord, il pensa à Charlotte de Naples, fille de Frédéric d’Aragon, qui avait été recueillie à l’âge de dix ans par la Cour de France. L’idée n’aurait pas déplu au fils du pape qui, par la même occasion, se serait emparé du royaume de Naples ; malheureusement, la jeune fille repoussa Borgia avec horreur. Alors Louis XII proposa Charlotte d’Albret, fille du duc de Guyenne et demoiselle d’honneur de la reine Anne. Jolie et gracieuse, elle fut agréée tout de suite. Mais elle aussi recula en apprenant que le roi la destinait à un homme que l’on accusait d’avoir tué son frère. Et il fallut qu’Alexandre VI donnât le chapeau de cardinal au frère de la jeune fille pour que la famille d’Albret acceptât le mariage.
    Toutefois, le peuple, mis au courant de ces transactions, vint pousser des cris de haine sous les fenêtres du château où logeait César. Au point que celui-ci, fortement impressionné et craignant d’être peu brillant au soir de ses noces, alla demander à son apothicaire des pilules propres « à rendre l’ardeur » et « à festoyer sa dame ». Hélas, nous conte un chroniqueur, « au lieu de lui donner ce qu’il demandait, celui-ci lui donna des pilules laxatives tellement que toute la nuit il ne cessa d’aller au retrait… ».
    Le lendemain, couvert de honte, il quittait Chinon, abandonnant sa femme qui ne le revit jamais…

9
    L’amour qu’il porte à sa femme empêche Louis XII
de tomber dans le piège des Génois
    L’avantage de n’avoir qu’une femme, c’est qu’elle vous protège contre toutes les autres.
     
    Hayem
     
    Depuis qu’il avait dans son lit sa chère petite Bretonne, Louis XII paraissait satisfait. Et ce prince, qui n’avait pu voir auparavant un jupon sans que sa circulation sanguine s’activât, regardait presque avec indifférence les plus jolies demoiselles du palais. On avait l’impression que la reine lui faisait passer des nuits si fatigantes qu’il ne se sentait pas assez fort au milieu de la journée pour penser à la bagatelle.
    Il était calme, détendu.
    On le voyait parfois se promener le matin, au saut du lit, dans les jardins qui dominaient Blois, en fredonnant une de ces chansons gaillardes qu’il aimait particulièrement – celle-ci, par exemple, qui semble un peu acrobatique :
     
    En baisant ma mie,
    J’ai cueilly la fleur.
    La cuisse

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