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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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avait constaté qu’elle était en mesure d’annoncer de grandes espérances… Était-ce le fils prédit ? Non. Le 11 avril 1491, elle avait donné le jour à une petite fille aux yeux bleus qu’on avait baptisée Marguerite.
    — Pourquoi ce prénom ?… s’était étonnée la Cour.
    L’indiscrétion d’une dame de la suite avait fourni l’explication. Au début de sa grossesse, Louise avait eu envie d’huîtres et avait avalé une perle… Or perle se dit margarita en latin [56] .
    Après la naissance de la petite Marguerite, Charles d’Angoulême avait repris ses habitudes anciennes avec Antoinette de Polignac d’abord, puis avec Jeanne Comte, sans délaisser toutefois complètement son épouse ; et le soir il allait se coucher avec celle pour qui, sans raison bien précise, il se sentait de l’appétence. Certaines nuits fastes, il rendait successivement un hommage distingué à chacune des trois belles…
    Le résultat fut qu’en 1494 Antoinette, Jeanne et Louise s’étaient trouvées enceintes en même temps. Ces trois promesses de maternité avaient ravi Charles d’Angoulême. Et, jusqu’à la fin de l’été, il avait considéré avec orgueil les trois ventres qui prouvaient avec quels soins il savait s’occuper des dames…
    Enfin, le 12 décembre, Louise de Savoie avait donné naissance, sous un chêne, à un gros poupon braillard qu’on avait appelé François.
    — Est-ce donc lui qui sera roi ? s’était-elle demandé.
    Mais la prophétie de François de Paule paraissait bien fantaisiste ; la famille d’Angoulême était alors si loin du trône…
     
    Presque aussitôt après la naissance de François, les deux favorites avaient, chacune de son côté, mis au monde une fille. Et, pendant quelques mois, Charles, trouvant la proximité des berceaux un peu bruyante, était allé dormir avec d’appétissantes demoiselles d’honneur dans un bâtiment éloigné.
    Louise, fort attristée, avait beaucoup souffert de cet abandon. D’autant que Charles, mis en humeur, avait cherché chaque jour à élargir le cercle de ses relations féminines. Il était venu dès lors de moins en moins dans le lit de Louise, et la pauvre comtesse en avait été désespérée.
    Enfin, Charles était mort d’un chaud et froid le 1 er  janvier 1496. Veuve à dix-neuf ans, Louise avait pris presque immédiatement pour amant le gouverneur du château, Jean de Saint-Gelais, avec qui elle s’était livrée fougueusement aux distractions dont elle avait besoin pour retrouver son équilibre. Quelques années s’étaient écoulées ainsi. Mais à la mort de Charles VIII, François étant devenu héritier présomptif, Louise avait décidé de se rapprocher de la Cour ; et un jour elle était arrivée, accompagnée de ses enfants, de son amant, des favorites du défunt comte Charles et de leurs bâtards, au château de Chinon, où cette curieuse compagnie avait causé scandale. Puis elle s’était retirée à Romorantin, espérant qu’Anne de Bretagne ne donnerait pas plus d’enfant à Louis XII qu’elle n’en avait donné à Charles VIII.
    On conçoit, dès lors, quel pouvait être son état d’esprit pendant que la reine se préparait à accoucher dans son château.
    Elle passait son temps en prières, égrenant des chapelets, brûlant des cierges pour que Louis XII n’eût pas de fils. Et, le 13 octobre 1499, le ciel l’exauça : Anne mit au monde une fille, qu’on prénomma Claude.
    Naturellement, Louise cacha fort habilement son soulagement, mais la reine était fine mouche, elle s’aperçut que les yeux de la comtesse d’Angoulême brillaient d’une joie étrange et elle lui voua immédiatement une grande haine…
     
    Pendant ce temps, en Italie, Louis XII, que la reine Anne avait décidément transformé, ne songeait qu’à la guerre.
    C’était bien la première fois qu’une campagne n’était pas prétexte pour lui à courir le guilledou.
    Lors de son dernier passage, il avait organisé des orgies tellement étourdissantes que le souvenir en était demeuré vivace dans tout le Nord de l’Italie. Aussi, les jolies femmes de l’aristocratie milanaise attendaient-elles le roi de France avec un savoureux mélange de crainte et d’espoir…
    Las ! elles en furent pour leurs frais de bijoux et de toilettes, car Louis était à ce point amoureux d’Anne qu’il ne les regarda même pas.
    Cette soudaine fidélité stupéfia tout le monde.
    — Attendez, disaient les

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