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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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belles rouées. On ne change pas ainsi ! Il nous reviendra une nuit ou l’autre.
    Elles se trompaient, comme se trompèrent quelques années plus tard les Génois qui voulurent éloigner Louis XII des champs de bataille en le faisant séduire par une femme.
    Tout pourtant avait été préparé pour lui faire perdre la tête dès son arrivée. Dans les rues qu’empruntait son cortège, il put voir aux fenêtres, aux galeries, aux balcons des palais et des maisons, les plus belles femmes de la cité, « la plupart ayant des robes de soie blanche courtes à mi-jambes et serrées par une ceinture sous les aisselles »… L’ensemble, nous dit un auteur du temps, « formait une éblouissante guirlande de ces Génoises si chères à la galanterie française, en allure un peu altières et fierettes, en attraits bénignes, en accueil gracieuses, en amour ardentes, en vouloir constantes, en parler facondes et en conditions loyales ».
    Les jours suivants, des fêtes splendides et fort galantes furent organisées dans toute la ville, et les Génois, « contre la nature de leurs mœurs », durent y mener leurs filles et leurs femmes pour obéir à l’ordre des sénateurs. Chacun, en effet, devait s’ingénier à rendre le roi de France amoureux et à le placer dans une intrigue.
    Gênes devint rapidement une ville entièrement consacrée au plaisir.
    Le soir, dès que Louis XII sortait de son plaisir pour quelque bal, les rues s’éclairaient de torches et de feux d’artifice, s’embaumaient de fleurs et retentissaient de sérénades. Dans ces réunions divertissantes, où les galanteries, les danses, les mascarades et les jeux emportaient si vite les heures de la nuit, nous dit le chroniqueur Jean d’Authon, « les Génois menoient leurs femmes, et filles, sœurs et parentes, pour donner joyeux passe-temps au roi et à ses gens. Et les aucuns d’iceux prenoient les plus belles et les présentoient au roi en les baisant les premiers pour en faire l’essai et puis les baisoit le roi volontiers et dansoit avec elles et prenoit d’elles tout honorable déduit [57]  ».
    Oh ! certes, très honorable, en effet, car Louis XII se bornait à converser gentiment avec les belles, à leur prendre la main ou à leur mordiller l’oreille par jeu galant ; et si, d’aventure, il leur caressait un sein en passant, c’est simplement parce que l’habitude est une seconde nature…
    C’est à ce moment que les Génois, déçus et impatients, chargèrent la plus ravissante femme de la ville, Thomassine Spinola, mariée à un célèbre légiste, de froisser sa pudeur et de séduire le roi.
    Elle reçut pour mission précise d’obtenir de Louis XII de nombreuses concessions dans l’intérêt de la seigneurie de Gênes, et toute une mise en scène fut organisée pour que l’entreprise réussît.
    Laurent Catanéo, un des nobles les plus en vue du pays, fut chargé de placer le roi de France dans un état propice à l’amour. Pour y parvenir, il l’invita dans sa villa, où un spectacle des plus aphrodisiaques avait été préparé. Sous un portique de marbre, des femmes, « moult fraîches et blanches », parées avec toute la recherche lascive d’une coquetterie italienne, dansèrent en se dévêtant lentement.
    Après une heure de ce divertissement, au cours duquel on ne servit que des boissons fort excitantes, Louis XII fut mis en présence de Thomassine Spinola.
    Bien sûr, elle lui plut et il accepta de se promener avec elle sous les arbres. Toutefois, l’amour qu’il avait pour sa petite Brette, comme il appelait Anne de Bretagne, l’empêcha d’entraîner la belle Génoise dans un fourré, ainsi qu’il l’eût fait quelques années auparavant.
    De nouvelles rencontres furent habilement organisées les jours suivants, car les Génois étaient tenaces ; et il se passa la chose la plus burlesque que l’on puisse imaginer : c’est Thomassine qui tomba amoureuse de Louis XII…
    Pâle, les yeux suppliants, elle vint lui demander la permission de devenir son Intendio , c’est-à-dire la dame de ses pensées, comme il était déjà pour elle son ami « par honneur ».
    Le roi accepta « cette accointance et intelligence aimable » et Thomassine, tout heureuse de se sentir « bien voulue du roi », se para des couleurs de France et annonça à son mari « qu’elle ne voulait plus coucher avec lui »…
    L’entreprise avait raté.
    Et lorsque le roi, à quelque temps de là, quitta la ville

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