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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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avait donnée en signe d’alliance.
    Finalement, Charles, exaspéré, répondit calmement à la mère du roi qu’il ne voulait pas l’épouser.
    Louise eut une syncope.
     
    Reprenant ses sens, elle alla trouver le roi et lui déclara qu’il y avait lieu de se méfier du duc de Bourbon dont les sentiments lui semblaient bien changeants. François I er eut alors la faiblesse d’écouter sa mère et promit de tenir désormais le connétable un peu à l’écart.
    Cela ne suffisait pas à M me  d’Angoulême dont le dépit amoureux tournait la tête. Folle de rage, elle chercha à perdre par tous les moyens le jeune homme qui s’était si bien joué d’elle.
    Elle trouva une première vengeance en septembre 1521 au camp de Mézières : Charles de Bourbon y fut privé, sans explications, des honneurs qui étaient dus à la dignité de connétable de France.
    La conduite de l’avant-garde, qui était une de ses prérogatives, fut donnée au duc d’Alençon, beau-frère du roi.
    « Le connétable, nous dit Varillas, fut autant piqué de ce qu’on faisait faire par un autre le plus beau de sa charge que si on lui eût ôté l’épée. Et ce fut dans les premiers transports de son ressentiment qu’il lui échappa des paroles qui donnaient atteinte à l’honneur de la duchesse d’Angoulême. Tant de personnes les ouïrent que la duchesse en fut incontinent avertie et, comme elle se vantait d’avoir vécu une grande continence quoiqu’elle fût demeurée veuve à dix-sept ans, elle ne put apprendre que celui qu’elle aimait le plus lui imputait le vice contraire, sans employer tous les moyens que la raison et la vengeance lui inspirèrent pour le haïr [81]  ».
    Comme le dit Dreux du Radier : « Une femme qui ne se souvient pas avec plaisir des avances qu’elle a faites ne se les rappelle qu’avec désespoir… [82]  »
    Dès lors, Louise de Savoie mena contre le connétable une lutte farouche qui étonna toutes les cours d’Europe. On chercha bien à expliquer la hargne de M me  d’Angoulême par de bonnes raisons, mais personne ne fut dupe et le roi d’Angleterre s’écria : « Il y a un malcontentement entre le roy François et ledict de Bourbon, sinon à cause qu’il n’a voulu espouser Madame la régente qui l’ayme fort. »
    Or cette guerre à mort d’une maîtresse évincée contre son amant allait avoir de funestes conséquences, puisqu’elle allait conduire la France au désastre de Pavie, et François I er dans les prisons de Madrid…
     
    À la fin de l’année 1521, Louise de Savoie, qui ne cessait de penser à ses espoirs déçus, sentit monter en elle une nouvelle bouffée de haine et rechercha une vengeance qui lui permît d’écraser définitivement Bourbon. La connaissance profonde de son amant l’aida à trouver aisément. Elle savait que ce jeune ambitieux aimait l’argent, les châteaux, les domaines ; elle résolut de lui retirer tout cela en lui faisant, avec toutes les apparences de la légalité, le plus injuste des procès.
    Qu’on ne m’accuse pas de faire jouer en tous lieux et en toute occasion un rôle déterminant à l’amour. Voici ce que nous dit Michelet à propos de cette affaire qui aura les plus graves, les plus tragiques répercussions sur le cours de notre Histoire : « Louise de Savoie, qui avait voulu se marier au connétable et qui en avait éprouvé un refus, voulut le ruiner, ne pouvant l’épouser. »
    Quel prétexte prit donc la mère du roi pour engager ce procès à son ingrat amant ? La succession de Suzanne de Bourbon, épouse de Charles.
    La jeune femme, avant de mourir, avait rédigé un testament qui faisait son mari légataire universel. Or les biens que Charles possédait du chef de Suzanne étaient fort importants puisqu’ils comprenaient le Bourbonnais, le Forez, le Beaujolais, l’Auvergne et la Marche. Louise de Savoie, qui n’avait pas eu l’homme, voulut avoir les provinces et se prétendit héritière de Suzanne de Bourbon. Prétention qui n’était pas tout à fait sans fondement puisque M me  d’Angoulême se trouvait être, par sa mère, la cousine germaine de la connétable. Toutefois, le fait que celle-ci ait légué l’ensemble de ses biens à son mari retirait à Louise tout droit à la succession. Elle le savait fort bien ; aussi n’essaya-t-elle pas d’attaquer le testament sur ce point. Extrêmement rouée, la mère du roi prit un air noble, alla trouver son fils et lui dit :
    — Le

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