Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
Vom Netzwerk:
chariots.
    — Allons là-dessous, dit le comte de Dormelles.
    Et M me  de Croissy-Valin, retroussant sa robe, se glissa à quatre pattes sous la voiture.
    Deux minutes après, les deux amoureux dansaient entre l’herbe et les essieux la plus vieille danse du monde… Las ! l’endroit était si tranquille que M me  de Croissy-Valin oublia qu’elle ne se trouvait point dans une chambre close ; et, lorsque le comte de Dormelles termina avec art la besogne qu’il avait joliment commencée, elle exprima sa satisfaction par un grand cri qui apeura les chevaux. Ignorant ce qui se passait sous la voiture à laquelle ils étaient attelés, les braves animaux se crurent en danger et prirent le galop, laissant à découvert, sur le bord du chemin, M. de Dormelles et M me  de Croissy-Valin, fort piteux d’être vus en aussi galante posture. Toute la Cour, en effet, s’était levée de table en entendant les hennissements des chevaux emballés [83] .
    Le roi s’amusa beaucoup de cette mésaventure, et son entourage s’en divertit pendant des semaines. Cela fit oublier un peu le procès du connétable de Bourbon…
     
    Au bout de onze mois de procédure inique, Charles, poursuivi par Louise de Savoie dont la haine ne faiblissait pas, fut dépouillé de ses biens [84] .
    Ruiné, poursuivi, chassé de ses châteaux, menacé d’arrestation, le connétable de Bourbon ne vit qu’une issue : passer à l’ennemi. À la fin de décembre 1523, il quitta la France au galop de son meilleur cheval et courut en direction des armées de Charles Quint. Louise de Savoie était responsable de ce qu’on a appelé plus tard « la trahison du connétable de Bourbon »…
    Oui, responsable. Écoutons ce que nous dit Sauval : « L’amour de la comtesse d’Angoulême pour le connétable de Bourbon, et le dépit de voir ce prince n’y répondre point, la portèrent à de si grandes extrémités que ce prince, pour se délivrer de ses persécutions, fut contraint de se jeter entre les bras des Espagnols [85] . »
    Charles Quint, ravi d’avoir à ses côtés l’un des héros de Marignan, nomma Charles généralissime de ses armées.
    Quatorze mois plus tard, le 24 février, l’ex-connétable de France se trouvait à Pavie, face à François I er . Il était à ce moment, de l’avis de tous ses contemporains, le général le plus fort d’Europe. Et c’est lui qui écrasa les armées du roi de France, où pourtant se trouvaient La Trémoille, Bonnivet et le fameux La Palisse…
    Après une terrible bataille où, nous dit un témoin, « vous eussiez vu bras, têtes et jambes voler », François I er , entouré soudain de cavaliers espagnols, fut pris et mené à Charles de Bourbon, mais François I er refusa de lui remettre son épée, et c’est le général espagnol de Lannoy qui, fort respectueusement, le désarma.
    Voyant le roi entre les mains de l’ennemi, Bonnivet, qui était sorti miraculeusement sauf des combats qu’il avait livrés, fut accablé.
    — Ah ! dit-il à un serviteur qui se trouvait à ses côtés, je ne saurais survivre à cette grande destruction pour tout le bien du monde. Il faut aller périr dans la mêlée.
    Jetant alors son heaume pour être sûr d’être tué, il courut « opposer sa gorge aux épées », et tomba mort. Quelques instants plus tard, son corps était à demi écrasé par les sabots des chevaux…
    Dix mille cadavres de soldats français jonchaient la prairie, les plus grands capitaines du royaume : La Trémoille, Louis d’Ars, Lescurs, le bâtard de Savoie, l’amiral, avaient trouvé la mort, et le roi était pris…
    Le déséquilibre endocrinien de Louise de Savoie était responsable d’un désastre militaire tel que la France n’en avait pas connu depuis la bataille de Poitiers.

14
    François I er doit sa liberté à l’amour d’Éléonore
    Sans la sœur de Charles Quint, François I er serait
    peut-être mort dans sa prison de Madrid.
     
    Leroux de Lincy
     
    Conduit fort courtoisement sous la tente de Charles de Bourbon, François I er fut pansé. Puis il s’installa devant une petite table et écrivit à sa mère non pas la phrase fameuse : « Madame, tout est perdu fors l’honneur », qui fut inventée au XVIII e [86] siècle mais une lettre tendre et humble :
     
    Madame,
    Pour vous advertir comme se porte le ressort de mon infortune, de toute chose ne m’est demeuré que l’honneur et la vie sauve, et pour ce que mes nouvelles

Weitere Kostenlose Bücher