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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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achever son repas, il partit, suivi d’un groupe d’amis, donner l’assaut au logis du roi de la Fève…
    La neige tombait à gros flocons. On modela rapidement des boules qui allèrent s’écraser contre les vitres dorées de l’hôtel Saint-Pol. Aussitôt le jeune comte se mit à la fenêtre avec ses invités et riposta au moyen de pommes, de poires et d’œufs…
    Dans un joyeux tumulte de cris et de rires, la bataille dura un bon moment… Soudain, un trait de feu raya la nuit, et François I er s’écroula dans la neige en criant.
    Un invité de Saint-Pol, un peu éméché, utilisant une bûche enflammée comme projectile, avait blessé le roi de France à la tête.
    Transporté chez sa mère, il fut pendant quelques jours « en grand danger de mort, et le bruit de son décès courut l’Europe ».
    Enfin il se rétablit ; mais Louise avait tremblé pour son César et s’était crue « femme perdue [74]  ».
    Ce curieux accident devait donner naissance à une mode nouvelle qui allait caractériser l’homme du XVI e  siècle : les cheveux courts et le port de la barbe. En effet, les médecins avaient dû couper les longues boucles du roi et celui-ci « s’étoit laissé pousser les poils du visage pour cacher plusieurs vilaines traces de brûlure »…
    Immédiatement, tous les courtisans l’imitèrent. On ne vit plus que crânes rasés et mentons barbus, au point que Clément Marot, avec sa verve habituelle, ne manqua pas de railler les barbiers contraints d’exercer leur profession un peu plus bas…
     
    Pauvres barbiers, bien êtes morfondus
    De voir ainsi gentilshommes tondus,
    Et porter barbe ; or avisez comment
    Vous gagnerez ; car tout premièrement
    Tondre et peigner, ce sont cas défendus.
    De testonner, on n’en parlera plus.
    Gardez céseaux et rasoirs émoulus,
    Car désormais vous faut vivre autrement,
    Pauvres barbiers.
     
    J’en ai pitié, car plus comtes ne ducs
    Ne peignerez, mais comme gens perdus,
    Vous en irez besogner chaudement
    En quelque étuve, et là gaillardement,
    Tondre maujoint et raser Priapus,
    Pauvres barbiers .
     
    Car à ce moment l’épilation était une preuve d’élégance. Toutes les femmes qui voulaient plaire allaient se faire raser « la mousse » aux étuves, où une matrone était généralement chargée de l’opération. Régulièrement, chaque dame de la cour rendait visite à sa « barbière » et
     
    Quelque chambrière ou valet
    Luy ratisoit d’un vieil couteau
    Le ventre jusques à la peau…
     
    Et se trouvaient fort satisfaites celles dont on pouvait écrire qu’elles étaient « motte de frais rasée… [75]  »
     
    Dès que François I er fut guéri, Louise de Savoie, qui avait dû subir les visites de M me  de Châteaubriant à Romorantin pendant la convalescence de son fils, reprit sa hargne et chercha un moyen de se débarrasser définitivement de la favorite. Décidée à frapper fort, elle imagina de ruiner le crédit de Françoise en la rendant responsable d’une défaite.
    On se souvient que François I er , pour plaire à sa maîtresse, avait nommé le frère aîné de celle-ci, M. de Lautrec, gouverneur du Milanais.
    Louise de Savoie résolut de faire perdre Milan par tous les moyens, pour « fâcher le roi contre M. de Lautrec et du même coup contre la belle Françoise ».
    Son plan était simple.
    Sachant que le gouverneur du Milanais, qui commandait une armée de mercenaires suisses, avait périodiquement besoin d’argent pour payer ses hommes, elle projetait de le placer devant d’insurmontables difficultés financières.
    Or, en 1521, M. de Lautrec demanda d’urgence une somme de 400 000 écus « sans laquelle, disait-il, il ne pouvait continuer à défendre le duché ».
    C’était l’occasion qu’attendait Louise de Savoie.
    Le roi, bien entendu, donna immédiatement à Jacques de Baune, seigneur de Semblançay, son surintendant des finances, l’ordre d’envoyer l’argent au maréchal de Lautrec. Aussitôt Louise bondit chez le trésorier et lui demanda les 400 000 écus « de la part du roi », disant qu’elle devait acquitter des dettes urgentes. Semblançay, respectueux, s’inclina et lui remit l’argent contre reçu.
    « Naturellement, nous dit Sauval [76] , ce que M me  d’Angoulême avait prévu arriva. Les troupes qui étaient dans le Milanais se débandèrent faute d’être payées de leur solde. »
    Ainsi fut perdu le duché de Milan.
    Le malheureux

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