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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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maréchal de Lautrec se rendit alors à Lyon où se trouvait pour l’heure François I er fort mécontent, on le conçoit, des nouvelles qui lui parvenaient d’Italie.
    Le roi lui fit un très mauvais accueil ; ce dont se plaignit Lautrec.
    — Pourquoi donc me faites ce mauvaise visage, sire ?
    — J’en ai grande occasion, dit le roi, sèchement, pour ce que vous m’avez perdu mon duché de Milan.
    Alors, nous dit Martin du Bellay, lieutenant général de François I er [77] , « le seigneur de Lautrec luy fit réponse que c’étoit Sa Majesté qui l’avoit perdu, non luy ; et que par plusieurs fois il l’avoit adverty que s’il n’étoit secouru d’argent, il connaissoit qu’il n’y avoit plus d’ordre d’arrêter la gendarmerie, laquelle avoit servi dix-huit mois sans toucher deniers ».
    — Je vous ai envoyé 400 000 écus, répliqua le roi.
    — Jamais n’ai reçu cette somme, répondit Lautrec.
    Alors on appela Semblançay, qui reconnu avoir reçu l’ordre d’expédier les 400 000 écus au maréchal, « mais qu’étant ladite somme prête à envoyer, Madame la Régente mère de Sa Majesté, avoit pris ladite somme de 400 000 écus et qu’il en ferait foy sur-le-champ.
    « Le roy alla en la chambre de ladite dame avec visage courroucé, se plaignant du tort qu’elle luy avoit fait d’être cause de la perte dudit duché ; chose qu’il n’eût jamais estimé d’elle, que d’avoir retenu ses deniers qui avoient été ordonnés pour le secours de son armée. Elle s’excusa dudit fait et fut mandé ledit seigneur de Semblançay, qui maintint son dire être vray ; mais elle dit que c’étoit deniers que ledit seigneur de Semblançay lui avoit de longtemps gardés, procédant de l’épargne qu’elle avoit faite de son revenu ; et luy soutenoit le contraire. Sur ce différend, furent ordonnés commissaires pour décider cette dispute… »
    Alors un dicton courut bientôt les rues de Paris :
    « Milan a fait Meuillan et Châteaubriant a défait et perdu Milan [78] . »
    Mais M me  de Châteaubriant défendit son frère avec tant d’acharnement que le roi l’écouta et rendit sa confiance à Lautrec. Louise de Savoie avait fait perdre le Milanais pour rien…
    Furieuse, elle parvint alors à faire voler au surintendant les quittances qu’elle lui avait remises, et le procès de Semblançay commença.
    Il dura trois ans. Et, en 1524, Louise de Savoie, qui n’avait pas réussi à rendre responsable M me  de Châteaubriant de la perte du Milanais, se vengea sur le malheureux trésorier en le faisant pendre à Montfaucon sous l’inculpation de péculat et de malversation.
    Semblançay, qui était âgé de soixante et onze ans, fut mené au gibet sur une mule. Il garda jusqu’au bout une si noble contenance que Clément Marot put composer sa fameuse épigramme :
     
    Lorsque Maillard, juge d’enfer, menoit
    À Montfaucon, Semblançay, l’âme rendre,
    À votre avis lequel des deux tenoit
    Meilleur maintien ? Pour vous le faire entendre
    Maillard sembloit l’homme que mort va prendre,
    Et Semblançay fut si ferme vieillard
    Que l’on croyait pour vray qu’il menait pendre
    À Montfaucon, le lieutenant Maillard…

13
    En luttant contre son amant, Louise de Savoie
cause le désastre de Pavie et la captivité du roi
    Les femmes ne sont que douceur, amour et bénédiction.
     
    Michelet
     
    Les mauvais sentiments qu’éprouvait Louise de Savoie à l’égard de M me  de Châteaubriant faisaient sourire les familiers de la Cour.
    — Ce n’est poinct pour ce que la favorite du roy festoie et dépense moultement que M me  d’Angoulême la déprise, disait-on, mais bien plutôt pour ce qu’elle est jalouse en voyant une femme qui a su trouver un beau flageolet…
    La mère du roi, en effet, était animée par un besoin d’amour qui la démangeait sans cesse et la poussait à commettre d’imprudentes gamineries avec le premier venu. Elle ne pouvait voir un homme paraître à la Cour sans le considérer d’un œil un peu trop affectueux.
    Un tel comportement l’avait conduite, nous dit un prude historien, « à entrer dans son lit avec des messieurs différents [79]  ».
    Aussi, dans l’entourage du roi, ne se gênait-on pas pour appeler M me  d’Angoulême : tireuse de vinaigre, redresseuse de flûte, pèlerine de Vénus ou blanchisseuse de tuyaux de pipe, ce qui était des sobriquets regrettables pour une dame de sa condition.
    Certains

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