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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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triomphant. Hélas ! dès qu’il eut un pied chez lui, Charles Quint fit savoir qu’il n’avait pas du tout l’intention de donner le Milanais en dot à sa fille et que, d’ailleurs, le projet de mariage devait être revu de plus près.
    Cette nouvelle abattit un moment M me  d’Étampes. Puis elle se ressaisit et imagina un plan pour se débarrasser du dauphin. Ce plan était machiavélique : déclarer la guerre à Charles Quint, sous n’importe quel prétexte, et envoyer le prince Henri en un endroit exposé avec une armée insuffisante. Ensuite, communiquer des renseignements militaires à l’empereur pour faire anéantir par surprise la place gardée par le dauphin…
    Cette trahison risquait d’entraîner la France dans une catastrophe sans précédent, mais la favorite s’en souciait peu. Une seule chose comptait pour elle : abattre le protecteur de la femme qu’elle exécrait…
    La réalisation de la première partie du plan traîna un peu, car la France n’avait aucune raison de déclarer la guerre à Charles Quint, et M me  d’Étampes dut ronger son frein, tandis que la grande sénéchale, à son tour, affichait un sourire victorieux et méprisant.
    Un moment, la favorite crut tenir un bon prétexte lorsque Charles Quint, à la Diète d’Augsbourg, accusa François I er d’avoir prêté à Soliman un serment par lequel il s’engageait à nier la divinité du Christ et la virginité de Marie, à tuer un porc sur les fonts de baptême et à paillarder sur l’autel.
    Mais cette accusation était si ridicule dans son exagération que le roi refusa d’y prêter attention.
    Enfin, l’occasion rêvée par la duchesse se présenta quelques mois plus tard, lorsque deux ambassadeurs de François I er , Frégosse et Rincon, furent assassinés en Italie sur l’ordre de l’empereur.
    En d’autres temps, le roi se fût probablement contenté d’écrire à « son frère » pour lui exprimer son mécontentement ; mais, poussé par la favorite, François I er déclara la guerre à Charles Quint.
    Aussitôt deux armées furent mises sur pied ; l’une commandée par le dauphin en personne, l’autre par le duc d’Orléans. Le premier devait assiéger Perpignan et le second le Luxembourg.
    Tout de suite, il apparut que la fortune des deux frères était bien différente. Si le prince Charles remporta des succès éclatants, Henri, lui, se trouva en difficulté devant Perpignan. Le pauvre ne pouvait pas se douter que l’ennemi, prévenu par M me  d’Étampes, avait jeté dix mille hommes dans la place…
    Pendant des jours, il tenta courageusement de monter à l’assaut ; mais chacun de ses efforts était annihilé par une trahison. Dreux du Radier nous dit que le maréchal d’Annebaut, attaché à la duchesse d’Étampes, « alla jusqu’à déranger une batterie postée avantageusement par un des premiers officiers pour la placer de manière qu’elle ne produisît aucun effet [139] … »
    Finalement, le dauphin fut contraint de lever le siège. Tête basse, il quitta Perpignan et rejoignit à Montpellier François I er qui l’accueillit froidement…
    Le pauvre Henri était honteux, sans doute, mais il était vivant, et M me  d’Étampes, ulcérée, pensa qu’il fallait tout recommencer.
     
    La chose paraissait bien difficile, car le dauphin, dégoûté de la guerre, était allé retrouver ses deux femmes.
    Aimé de l’une, adoré de l’autre, il se retrempait près d’elles dans une atmosphère douce, tiède et, pour tout dire, familiale.
    Il est vrai qu’il s’agissait de plus en plus d’un ménage à trois puisque Guiffret nous dit que « Diane pénétra si avant dans l’intimité de l’auguste couple qu’elle forma, en quelque sorte, le sommet du triangle conjugal et vint en compléter l’harmonie… »
    Sans doute, Catherine de Médicis se fût-elle aisément passée de cette troisième dimension que la grande sénéchale donnait à son ménage. Mais elle cachait sa jalousie sous un sourire aimable, affectant de ne point s’apercevoir de l’étrange comportement du dauphin. Celui-ci, pourtant, ne se gênait pas avec elle. Après la visite de Charles Quint, il lui avait ordonné, en effet, de ne pas adresser la parole à M me  d’Étampes :
    — Je veux, madame, que vous fassiez affront à cette femme qui veut nuire à notre amie la grande sénéchale !
    Alors, cachant la haine qui la brûlait, Catherine avait pris docilement le parti de la

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