Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
Vom Netzwerk:
car la dauphine était plus bouleversée que fâchée par cette nouvelle.
    En effet, mariée depuis cinq ans, elle n’avait pas encore donné un héritier au dauphin, et l’on commençait à murmurer que l’un des deux époux était frappé de stérilité. Or, cette naissance, qui prouvait que Henri pouvait avoir des enfants, montrait bien qu’elle était seule fautive. Elle alla cacher sa honte dans une chambre haute, tandis que Diane, ravie soudain, suggérait au dauphin de répudier sa femme.
    — Puisqu’elle ne peut prolonger la dynastie, dit-elle, votre devoir est de la mettre au couvent.
    Henri, séduit par ce programme, alla trouver Catherine et lui annonça qu’il entendait se séparer d’elle.
    La dauphine demeura un instant accablée de douleur, puis, quittant la chambre en sanglotant, elle courut se jeter aux pieds du roi et le mit au courant des intentions du dauphin.
    La duchesse d’Étampes était là. Elle frémit, car la répudiation de Catherine pour stérilité permettait à Henri de se remarier avec Diane de Poitiers.
    — Protégez la dauphine, ordonna-t-elle au roi.
    — Ma fille, dit alors François I er , puisque Dieu a voulu que vous soyez ma bru et la femme du dauphin, je ne veux pas qu’il en soit autrement.
    Puis il la releva et l’embrassa affectueusement.
    Rassurée, la dauphine retourna à ses appartements et se mit sur le ventre, au-dessus du nombril, une espèce de cataplasme étrange, composé de vers de terre, de pervenche en poudre, de corne de cerf pulvérisée, de fiente de vache et de lait de jument. Cet emplâtre, que lui avait conseillé un alchimiste de ses amis, devait lui permettre de donner un héritier à son mari.
    Après quoi, à tout hasard, et parce qu’on lui avait recommandé également ce second procédé propre à rendre la fécondité, elle but un grand verre d’urine de mule…
     
    Tandis que la dauphine s’efforçait de procréer, M me  d’Étampes et Diane continuaient leur lutte sournoise au moyen de calomnies qui échauffaient les esprits et excitaient chaque jour davantage catholiques et protestants.
    Ce jeu dangereux, mené par deux femmes « débordantes de haine », finit par créer dans le pays un tel climat de guerre civile que le roi prit peur et que, passant outre, pour une fois, aux jérémiades de sa maîtresse, il accorda, le 24 juin 1539, au Parlement le droit de signer un arrêt mettant l’hérésie hors la loi…
    En apprenant cette nouvelle, M me  d’Étampes fit une scène épouvantable, pleura, tapa du pied et déchira son mouchoir avec ses dents ; mais le souverain demeura inflexible. De fureur, elle monta alors se coucher en hurlant à la mort…
    Elle pouvait bien pousser ce cri lugubre, car dans tout le royaume les braves gens, dont elle avait – avec Diane – déchaîné les instincts sanguinaires, s’entre-tuaient avec une allègre sottise à cause de la messe en latin…
    Les protestants, bien entendu, refusèrent d’abjurer leur religion, et les bûchers commencèrent à s’élever pour la plus grande joie de Diane de Poitiers qui caressa dès cet instant l’espoir charmant d’y voir un jour la duchesse d’Étampes se réduire en cendres…
    Mais la favorite était tranquille. Elle savait que, tant que le roi vivrait, personne n’oserait lui toucher un seul cheveu, et elle continua d’intriguer pour que le prince Charles épousât une des filles de Charles Quint.
    À la fin du mois de juin, elle réussit à traîner François I er jusqu’à Nice pour qu’il y signât une trêve avec l’empereur. Elle espérait avoir ainsi l’occasion de poser quelques jalons. Mais l’entrevue fut brève ; on y parla surtout de politique, et elle ne put mettre la conversation sur le chapitre qui l’intéressait…
     
    Or, cinq mois plus tard, en novembre 1539, la ville de Gand, surchargée d’impôts, se révolta contre l’empereur et s’offrit à la France.
    François I er , chevaleresque, refusa et invita fort galamment Charles Quint à traverser son royaume pour aller mater les Gantois.
    L’empereur accepta l’invitation. Il entra le 20 novembre en France et reçut partout un accueil enthousiaste. Sur l’ordre de François I er , les villes étaient ornées, décorées, et le menu peuple, toujours prêt à s’esjouir, applaudissait à tout rompre l’ennemi d’hier.
    Charles Quint, pourtant, n’était pas très rassuré. Il se demandait si toutes ces fêtes ne cachaient pas quelques

Weitere Kostenlose Bücher