Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
Vom Netzwerk:
noirs desseins et si François I er n’allait pas le garder prisonnier, en souvenir de Madrid…
    À plusieurs reprises, d’ailleurs, il crut même qu’on en voulait à sa vie ; car, par une malchance singulière, toute une série de malheurs lui arriva pendant son voyage. À Bordeaux, il faillit être asphyxié ; à Amboise, un garde mit le feu dans la tour Hurtault, au moment où il s’y trouvait ; ailleurs, une bûche lui tomba sur la tête…
    Le roi et la duchesse d’Étampes étaient furieux de ces incidents, car ils espéraient bien demander à leur hôte la main de sa fille – avec le Milanais – pour le jeune Charles. Mais ils n’osaient point le faire au moment où l’empereur était agité par des quintes de toux ou à moitié assommé…
    Et les choses traînaient… Charles Quint, fort courtoisement, il est vrai, cachait son inquiétude. Au bout de quelques jours sans catastrophes, il fit même de gracieux compliments à la jolie favorite. Et celle-ci reprit espoir.
    Hélas ! un après-midi, à Fontainebleau, le jeune prince Charles eut une étrange inspiration qui faillit rendre inutiles toutes les intrigues de la duchesse d’Étampes. Alors que l’empereur était à cheval, l’adolescent s’élança brusquement en croupe derrière lui, et l’entourant de ses bras, lui cria :
    — Sire, vous êtes mon prisonnier !
    Charles Quint pâlit. Puis il comprit que c’était une plaisanterie et esquissa un sourire.
    Mais, dès cet instant, il n’eut plus qu’une idée : quitter ce pays vraiment trop léger et regagner l’Espagne…
    M me  d’Étampes le devina. Affolée, à l’idée que Charles Quint pouvait s’en aller avant qu’elle n’ait eu le temps de négocier le mariage qui devait aider à la ruine de la grande sénéchale, elle décida de séduire l’empereur et de se l’attacher par tous les moyens, y compris la trahison.
    La guerre des dames allait, cette fois, mettre la France en péril…
     
    Avant d’engager les pourparlers, M me  d’Étampes pensa qu’il convenait de montrer à l’empereur qu’elle était toute-puissante à la Cour et que le roi lui obéissait sans discuter.
    Un soir, à la demande de sa favorite, François I er dit en souriant à Charles Quint :
    — Mon frère, cette belle dame me conseille de ne point vous laisser sortir de Paris que vous n’ayez révoqué le traité de Madrid. Qu’en pensez-vous ?
    L’empereur était toujours et en toutes occasions maître de lui.
    — Si ce conseil est bon, il faut le suivre, se contenta-t-il de dire froidement.
    On s’en tint là.
    Mais l’alerte était donnée et, dès ce moment, Charles Quint, très inquiet, chercha à mettre M me  d’Étampes de son côté.
    Le lendemain, alors qu’il rentrait de la chasse en compagnie du roi, il demanda à se laver les mains. Un serviteur vint aussitôt lui verser sur les doigts l’eau pure d’une aiguière et la duchesse d’Étampes, qui s’efforçait d’être constamment auprès de l’empereur, apporta une serviette.
    Tout en parlant à François I er , Charles Quint retira de son doigt une bague ornée d’un énorme diamant et la laissa tomber comme par mégarde.
    La favorite se précipita, ramassa le bijou et le tendit à l’empereur.
    C’est tout ce que désirait l’habile souverain.
    — Je vous prie, madame, de le garder, dit-il. Il est en de trop belles mains pour que j’ose le reprendre.
    La favorite remercia en rougissant un peu et mit la bague à son doigt.
    Quant à François I er , habitué à combler lui-même les jolies femmes de la Cour, il ne soupçonna pas que le geste de son hôte pût être autre chose qu’une galanterie…
    Le soir même, la duchesse, qui savait maintenant que l’empereur désirait l’avoir pour alliée, parla du mariage projeté.
    Charles Quint ne voulait rien refuser à cette jolie femme qui pouvait lui être utile : il accepta d’accorder la main d’une de ses filles au prince Charles et de donner à celui-ci l’investiture du Milanais.
    Les jolis yeux de M me  d’Étampes durent briller un peu plus à ce moment, car elle obtenait – du moins le croyait-elle – le moyen de nuire à son ennemie, la grande sénéchale.
    Quelques jours plus tard, l’empereur quittait François I er après des embrassades publiques qui mirent des larmes dans les yeux du menu peuple.
    Puis il fila vers la frontière des Pays-Bas, tandis que la duchesse considérait Diane de Poitiers avec un air

Weitere Kostenlose Bücher