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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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maîtresse de son mari.
    Diane, de son côté, il est vrai, se montrait généreuse.
    Certain soir, tandis que le dauphin commençait à se déshabiller dans sa chambre, elle prenait un air sérieux et disait :
    — Non, ce soir, Henri, faites-moi plaisir d’aller coucher avec votre femme [140] .
    Le dauphin essayait bien de reporter à plus tard cette pénible obligation, mais la grande sénéchale se montrait inflexible.
    — Il le faut, Henri ! Songez à votre descendance. Vous devez avoir un héritier.
    Le dauphin remettait alors ses chausses, s’en allait d’un air sinistre vers l’appartement de sa femme, se jetait sur elle et tentait rageusement de lui donner l’enfant que la France attendait.
    Hélas ! tous ses efforts étaient vains, et Catherine se désolait.
    Finalement elle demanda au médecin Fernel de venir l’ausculter. Celui-ci, ayant mis l’œil où il fallait, décela chez la dauphine un vice de conformation qui empêchait le prince Henri de mener à bien ses entreprises.
    On me comprendra lorsque j’aurai dit que le pauvre aurait éprouvé les mêmes difficultés en essayant d’enfoncer une épingle dans un trou de ver tortueux.
    La dauphine fut accablée.
    Heureusement, Fernel était un bon médecin. Il prit le dauphin à part, et, nous dit Dionis, dans son Traité sur les accouchements [141] , lui enseigna un stratagème un peu acrobatique, mais fort efficace, puisque Catherine de Médicis eut dix enfants…
    Pourtant, malgré l’examen de Fernel, et la naissance de la fille de Philippa Duc, une légende, qui voulait que le dauphin fût responsable de la stérilité de Catherine de Médicis, continuait à courir parmi les familiers de la Cour. On prétendait qu’il était « tordu dans sa nature », et ce défaut imaginaire fournissait le prétexte à de nombreuses plaisanteries, comme il se doit.
    Brantôme nous en conte une qui fit rire au moment de la naissance du premier enfant de la dauphine :
    « Une dame de la Cour, qui étoit de bonne compagnie et disoit bien le mot, vint présenter un placet à monsieur le dauphin par lequel elle le prioit de lui faire don de l’abbaye de Saint-Victor, qu’il avoit rendue vacante . Dont il fut très étonné de tel mot. Mais on disoit alors à la Cour qu’il ne tenoit pas tant à madame la dauphine comme à monsieur le dauphin pourquoi ils n’avoient pas d’enfants, parce qu’on disoit que monsieur le dauphin avoit son « fait » tort, et qu’il n’étoit pas bien droit, et que pour ce, la semence n’alloit pas bien droit dans la matrice, ce qui empéchoit fort à concevoir. Mais, après que cet enfant fut né, on dit qu’il ne tenoit plus à monsieur le dauphin, et qu’il avoit fait dire qu’il n’avoit pas son v… tort. Et par ainsi, cette dame, ayant expliqué son placet à monsieur le dauphin, tout fut tourné en risée, et dit qu’il avoit rendu l’abbaye de Saint-Victor vacante , faisant allusion d’un mot à l’autre, que je laisse imaginer au lecteur, sans que j’en fasse plus ample explication… »
     
    Ce premier enfant (le futur François II) naquit le 19 janvier 1544.
    On n’eut pas le temps de se réjouir, car la guerre déclenchée par M me  d’Étampes, trois ans auparavant, venait de prendre brusquement une tournure tragique. Charles Quint, ayant réussi à entraîner dans son alliance le roi d’Angleterre, se disposait à envahir la France par trois points en même temps : le Piémont, la Champagne et Calais. Le but étant, naturellement, Paris, où l’empereur avait donné rendez-vous à Henry VIII…
    Le comte d’Enghien commença par gagner la bataille de Cérisole, en Piémont ; puis la victoire changea de camp et, dans le Nord de la France, où les Impériaux attaquaient avec des forces considérables, la situation devint soudain catastrophique. Charles Quint, ayant pris Château-Thierry et Saint-Dizier, arriva sur la Marne. Paris fut saisi d’une panique épouvantable. Les habitants entassèrent leurs affaires dans des barques et, à toute rame, filèrent sur la Seine en direction de Mantes…
    François I er , navré, vint, en personne, arrêter cet exode.
    — Que je vous défende au moins de la peur, leur dit-il, sinon du danger.
    De retour au Louvre, il réunit son Conseil.
    — Ah ! s’écria-t-il, je croyais que Dieu m’avait donné généreusement mon royaume. Aujourd’hui, il me le fait bien cher payer.
    Peut-être aurait-il pu demander quelques comptes à M

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