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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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d’amitié.
    Or, l’année suivante, le duc d’Orléans mourut brusquement.
    Toutes ces courbettes, toute cette guerre, toutes ces ruines, tous ces morts avaient donc été inutiles.
    M me  d’Étampes en fut vivement contrariée.

22
    M me  d’Étampes veut faire pendre Benvenuto Cellini
    Elle ne m’aimait guère et je m’en méfiais…
     
    Benvenuto Cellini
     
    Après la paix de Crépy, le menu peuple montra une grande affliction :
    — Le dauphin a été trahi ! disaient les braves gens.
    Et certains ajoutaient en baissant la voix que « ceux qui avaient commis ce crime touchaient le roi de bien près ».
    Naturellement, Diane de Poitiers n’était pas étrangère à la diffusion de ce bruit. La grande sénéchale espérait créer ainsi dans le royaume un mouvement de révolte et d’indignation contre sa rivale et obliger le roi à chasser celle-ci honteusement.
    Mais M me  d’Étampes était habile. Pour faire croire à son innocence, elle cria plus fort que tout le monde à la trahison et réclama un châtiment exemplaire pour les coupables.
    Cette fière attitude rassura le roi.
    — Nous allons les chercher, dit-il.
    Et il ordonna une enquête.
    — Je me charge de tout, dit la favorite, qui confia l’affaire à quelques-uns de ses amis.
    Cinq jours plus tard, une dizaine de pauvres diables complètement ahuris étaient conduits en prison sous l’inculpation de haute trahison.
    Un détail rend d’ailleurs cette histoire presque burlesque. Dans le lot, les policiers avaient arrêté par erreur un homme dont M me  d’Étampes s’était réellement servie pour faire parvenir les messages à Charles Quint. Affolée en le reconnaissant, elle le fit rapidement libérer et sermonna les enquêteurs, qui s’excusèrent…
    Les autres furent condamnés à la détention perpétuelle, ce qui causa une grande satisfaction au bon peuple, toujours épris de justice…
     
    Ces emprisonnements scandaleux furent d’ailleurs à l’origine d’une très curieuse histoire d’amour.
    Parmi les victimes de la favorite se trouvait un garçon, nommé Enguerrand de Lagny, dont la jeune femme, Louise, était une des beautés de la Cour.
    Lorsqu’elle apprit que son mari était accusé d’avoir livré une forteresse à l’empereur, la pauvre fut d’abord accablée. Puis elle pensa que la libération d’Enguerrand – dont elle ne mettait pas en doute la loyauté – ne pouvait venir que d’elle-même, et elle se jura de l’aider à prouver son innocence…
    La réussite du plan qu’elle conçut alors était entièrement fondée sur la puissance de son charme. Elle se mit aussitôt au travail. Au bout d’un mois, grâce à des visites répétées, de tendres prières et des regards soumis, elle avait réussi à rendre amoureux d’elle le gardien du cachot où moisissait Enguerrand. Et, un soir qu’elle lui accordait gentiment ce qu’il désirait, Louise murmura :
    — Si vous m’aimez, gardez-moi près de vous. Mettez-moi à la place de mon mari.
    Cette proposition stupéfia le brave fonctionnaire.
    — Et s’il me dénonce ?
    — Impossible, puisqu’on le remettrait en prison.
    Et, le lendemain, la blonde Louise était dans le cachot du roi, tandis que son époux courait vers le Nord, où des combats avaient lieu.
    En effet, si la paix avait été signée avec Charles Quint, la guerre continuait contre Henry VIII, et l’on avait grand besoin de chevaliers sachant se servir d’une épée.
    Enguerrand, ayant changé de nom, se joignit à l’armée et se battit avec une telle fougue que son courage fut signalé au roi. À quelque temps de là, François I er vint visiter ses troupes et félicita Enguerrand.
    — Voici l’un des plus valeureux chevaliers de mon royaume, dit-il. As-tu quelque chose à me demander ?
    — Oui, sire : la liberté de ma femme qui se trouve dans un cachot.
    Le roi parut fort étonné.
    — Qu’a-t-elle fait ?
    — Elle a pris ma place…
    Et il conta toute son histoire à François I er un peu ébahi, disant pour conclusion :
    — J’ai simplement voulu prouver à Votre Majesté que j’étais son loyal serviteur, incapable d’une trahison, et que ma condamnation était injuste.
    Le roi ne répondit rien, mais l’embrassa. Et un courrier partit aussitôt pour Paris.
    Le lendemain, Louise était libérée après trois mois de cachot et de rencontres amoureuses où elle s’était efforcée de ne point prendre de plaisir. Son geôlier la

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