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Les guerriers fauves

Les guerriers fauves

Titel: Les guerriers fauves Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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latins.
    Un moine accourut, annonçant que leurs guetteurs avaient aperçu trois barques rejoignant un paro qui manoeuvrait dans l’embouchure du fleuve.
    — Je vous avais dit qu’on ne les rattraperait pas, marmonna Hugues qui se penchait maintenant sur les dépouilles des guerriers fauves.
    Il désigna les carreaux fichés en travers de leur gorge :
    — L’homme à l’arbalète tirait vite et bien, malgré la nuit. Ces deux-là n’avaient aucune chance. Ils sont morts sur le coup.
    — Ceux qui ont fait ça paieront le prix du sang ! affirma Magnus le Noir qui était apparu à leurs côtés. C’est vous qui avez donné l’alerte, n’est-ce pas, messire ?
    — Oui.
    — Pourquoi les examinez-vous ? ajouta-t-il.
    — Les morts nous en apprennent souvent plus que les vivants ! répliqua Hugues qui s’était relevé. Je voudrais vous parler.
    — Je vous écoute.
    — Non, pas ici, et puis, j’aimerais que vous réunissiez aussi le stirman et Pique la Lune. Et aussi que vous fassiez porter le cadavre de la sentinelle du camp, celui du mousse et du sondeur sous votre tente. C’est là que nous nous entretiendrons, si vous le voulez bien.
    Tancrède s’émerveilla à nouveau de l’aisance avec laquelle son maître obtenait ce qu’il voulait. Sa voix était ferme et assurée. Le ton sans réplique. Le chef orcadien le dévisagea et hocha la tête.

36
    Quelques instants plus tard, Hugues, Tancrède, Pique la Lune, Harald et Magnus étaient réunis sous la vaste tente. Des haches et des épées étaient suspendues à un trépied de métal ouvragé. Le sol était couvert de tapis et de nattes. Des coffres et un chariot à roulettes étaient rangés au fond. Devant le brasero où craquait une brassée de bois sec étaient alignés les trois cadavres.
    — Asseyez-vous ! proposa Magnus en prenant place sur un fauteuil pliant.
    Ils se mirent en cercle sur les nattes de jonc et les coussins. Seul Hugues resta debout, regardant les corps sans vraiment les voir.
    — Vous devez vous demander pourquoi je vous ai fait venir, commença-t-il.
    Tancrède retrouvait chez son maître cette façon de parler à la fois lente et déterminée qu’il employait parfois quand il voulait convaincre tout en se donnant le temps de réfléchir.
    Il ne faisait pas différemment quand il lui procurait son enseignement. Énonçant ses observations, pesant ses mots, avant, soudain, d’aller à l’essentiel avec brusquerie, presque violence, forçant son élève à suivre les singuliers chemins de traverse de sa pensée.
    Mais surtout, cela lui rappela avec quelle aisance l’Oriental avait résolu le mystère des meurtres du château de Pirou. Il avait eu l’impression dérangeante qu’Hugues avait tout compris au premier regard.
    Le jeune homme s’assit sur ses talons, les yeux fixés sur son maître.
    — Vous n’êtes pas homme à nous réunir sans avoir une solide raison. Nous vous écoutons, fit Harald.
    — Merci. Je voudrais tout d’abord que notre pilote rappelle ici la conversation que nous avons eue à propos d’un certain vaisseau vert pâle que, je crois, vous avez remarqué, vous aussi, Magnus.
    L’Orcadien acquiesça d’un geste du menton. Pique la Lune prit la parole. La mort du jeune sondeur du knörr, un gars du même village que lui, l’avait secoué et sa voix tremblait encore quand il déclara :
    — Ce paro, ce navire de guerre, était à Barfleur, de cela, je suis certain. Messire de Tarse l’a remarqué à l’escale de Jersey et ils sont entrés dans l’embouchure, vous l’avez vu, juste après nous. Ils ont détourné notre attention en partant vers l’abbaye de l’Herm, mais ce n’était qu’un leurre. Ils nous suivent depuis le début, j’en suis convaincu. Ce sont d’habiles marins car, malgré les brumes et les tempêtes que nous avons essuyées, ils ne nous ont pas perdus.
    — A ce sujet d’ailleurs, remarqua Hugues, il y a peut-être une autre façon d’expliquer leur habileté, mais nous y reviendrons plus tard. Toujours est-il que ces hommes ont réussi à nous attaquer et à tuer plusieurs des nôtres.
    Le visage de Magnus s’était durci. Pour cet homme rude, la perte de ses guerriers était une atteinte à son honneur. Ils faisaient tous partie du même clan, là-bas, dans les Orcades. Même déchu, il restait leur prince et les fils de leurs vies étaient liés aussi sûrement que ceux des tapisseries qui ornaient le palais nordique de son

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