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Les guerriers fauves

Les guerriers fauves

Titel: Les guerriers fauves Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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dire ?
    — Laissez-moi d’abord vous donner quelques indices. Je vous l’ai déjà affirmé, les morts parlent plus que les vivants.
    Le bois crépitait dans le brasero. Dehors retentit l’appel des sentinelles. L’Oriental s’était approché des corps. Tancrède se demanda ce que son maître avait encore vu qui lui avait échappé.
    — Nous avons ici trois cadavres. Deux trouvés à bord du knörr et un, près de notre campement. Nous allons commencer par celui de la sentinelle du camp. Magnus, voulez-vous nous décrire la blessure de cet homme ?
    Le chef orcadien s’était levé. Il se pencha sur le mort.
    — C’est une blessure faite par un coutel. Donnée de haut en bas. L’homme qui a fait ça devait être vigoureux, l’entaille est nette et profonde.
    — Rien ne vous gêne ?
    Magnus hésita, mais ne sut que répondre.
    — Imaginez la scène, la sentinelle va et vient. L’homme arrive sans bruit par-derrière, et...
    — Mais non ! protesta Magnus. Je viens de vous dire qu’on lui a ouvert le ventre...
    Un éclair passa dans l’oeil du guerrier qui regarda à nouveau le cadavre.
    — Vous voulez dire... commença-t-il.
    — Que cet homme a été tué par quelqu’un dont il ne se méfiait pas. Et de face. Le tueur s’est fait connaître, l’a peut-être même salué, a sans doute discuté avec lui, puis, d’un coup, alors que l’autre était en confiance, il a sorti sa lame et l’a éventré.
    — Un traître... Il y a un traître parmi nous.
    — Un traître, répéta Harald, incrédule.
    — Continuons, si vous le voulez bien. Gardons à l’esprit qu’il est possible que l’habileté des pirates à nous suivre ne soit pas le fait du hasard, mais plutôt celui de traces ou de signaux laissés à notre insu.
    — Un signal... Oui, cela expliquerait bien des choses. Mais qui ? Je ne crois aucun de mes hommes capable de ça, grommela Harald.
    — Si vous pensez que le traître peut être à bord du knörr, il faut prévenir Corato, s’insurgea Pique la Lune.
    — Du calme. Nous tirerons nos conclusions après. Et vous allez voir pourquoi l’affaire est plus complexe qu’il n’y paraît.
    — Avez-vous une idée de celui qui a pu nous trahir ? insista l’Orcadien.
    Hugues secoua la tête. Il n’était pas le genre d’homme à répondre quand il ne le désirait pas. Et le ton courroucé de Magnus n’y changeait rien.
    Il désigna le sondeur et demanda à Tancrède :
    — Quelle est la blessure de celui-là ?
    — Il a été égorgé. Et l’homme se tenait certainement derrière lui, vu la forme et la profondeur inégale de la blessure.
    Harald, le pilote et Magnus examinaient à leur tour le cadavre.
    — Vous êtes d’accord que cette blessure-là semble davantage le fait d’un assaillant extérieur ?
    — Oui.
    — Venons-en au mousse.
    Tous s’approchèrent du corps enveloppé d’une couverture.
    — Tancrède, s’il vous plaît !
    Le jeune homme ôta le tissu de laine avec douceur. Le garçon était à demi nu. Une entaille aux lèvres noircies, par où s’était échappée la vie, en pleine poitrine.
    — Que remarquez-vous ?
    — Une seule blessure au coeur. Il a dû mourir rapidement. La lame était longue et fine.
    Tout en prononçant ces mots, le jeune homme chercha à se rappeler quelque chose. Mais son maître insistait :
    — Que pouvez-vous encore nous apprendre ?
    — La posture est différente de celle des autres. La raideur est plus avancée. La chaleur du corps n’est plus perceptible.
    — Porte-t-il des marques sur le torse ?
    — Oui, des traces lie-de-vin, rouge violacé sur la poitrine et le haut des avant-bras.
    — Qui nous indiquent quoi, Tancrède ?
    Le jeune homme se rappela l’enseignement de son maître. Combien de fois avaient-ils trouvé des cadavres dans les fossés, le long des routes ? De pauvres gens morts de froid ou de faim, que son maître le forçait à examiner avant de leur donner sépulture chrétienne. Il songea à toutes ces fois où son maître lui avait posé cette question, devenue un jeu entre eux : « Qu’avez-vous vu ? »
    Il répondit :
    — Deux choses : qu’il était couché sur le ventre quand vous l’avez trouvé, mon maître, et qu’il est mort depuis au moins trois heures.
    Un bref éclair de fierté brilla dans les yeux d’Hugues qui approuva :
    — C’est cela, alors que vraisemblablement, et c’est pourquoi je voulais que vous regardiez le corps du sondeur

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