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Les guerriers fauves

Les guerriers fauves

Titel: Les guerriers fauves Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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L’Oriental regardait les prisonniers. Le marchand essayait tant bien que mal de rester debout, sa nuit blanche et tout ce qu’il avait ingurgité, y compris à l’étuve avec Guenièvre, le faisaient vaciller. Hugues lui tendit sa gourde de cuir.
    — Tenez ! Buvez ça ! ordonna-t-il. Cela vous éclaircira les idées et vous permettra de répondre à nos questions.
    L’armateur avala la potion en faisant la grimace.
    — Je peux m’asseoir ? bredouilla-t-il.
    Sur un signe de tête du prévôt, il se laissa tomber sur le siège qu’avait délaissé la vieille. Un moment passa, puis un peu de couleur monta à ses joues et son regard devint plus vif.
    — Merci.
    L’Oriental faisait maintenant face à son protégé.
    — Il va falloir expliquer vos faits et gestes.
    — De quoi nous accuse-t-on, mon maître ?
    — De la mort d’un innocent. Où étiez-vous entre le moment où vous avez débarqué du bateau et celui où vous avez rencontré la patrouille ?
    Tancrède serra les poings et s’efforça de répondre avec calme.
    — Après la tempête que nous avions essuyée, j’avoue que Giovanni et moi-même avons amplement fêté notre arrivée à La Rochelle. J’ai dit à frère Aymon que nous étions allé à la rôtisserie des Trois Marteaux où nous avons mangé le midi après le débarquement, ensuite nous avons fait plusieurs tavernes, deux ou trois, je crois... Giovanni vous en dira plus que moi car il connaît la ville.
    — Êtes-vous de la famille de Renato Délia Luna ? demanda soudain le viguier.
    — Renato est mon frère, messire.
    — Un marchand respectable, et d’une famille de grande renommée. J’aurais dû penser que vous apparteniez à celle-ci. Continuez, continuez, ne vous occupez pas de moi, messire de Tarse.
    — Maître Délia Luna, pouvez-vous me nommer les tavernes dont a parlé Tancrède ?
    Était-ce l’effet de la potion donnée par Hugues ? Le Lombard avait repris de l’assurance.
    — Oui. Nous avons mangé, comme il vous l’a dit, aux Trois Marteaux, ensuite... Laissez-moi réfléchir. Nous sommes allés à La Truie qui file et à La Licorne. De là, nous nous sommes rendus aux étuves.
    — Il faisait encore jour, donc ? demanda Hugues.
    — Oh, oui ! C’était largement avant vêpres.
    — Et cette pauvresse, Tancrède, dont vous avez parlé au frère ?
    — Une vieille femme qui fredonnait des chansons et qui nous a demandé l’aumône. Il lui manquait des doigts à une main. C’est ce que j’ai signalé à frère Aymon.
    — C’était donc toujours avant la nuit.
    — Je ne sais pas pourquoi Tancrède se souvient de celle-là ! remarqua Giovanni. Elle puait la charogne, et je lui ai donné une pièce pour l’éloigner, mais c’était avant d’arriver à l’étuve.
    — Et ensuite, maître Délia Luna ?
    — C’est dame Guenièvre, elle-même, qui nous a reçus. Tancrède est parti aux cuveaux pour se baigner et moi j’ai rejoint la dame de céans dans sa couche. C’est pourquoi vous me voyez si fatigué ! Ensuite, mon ami et moi, nous sommes retrouvés pour regagner le port.
    Après, j’avoue que je ne me souviens plus, je crois que je me suis endormi avant que les templiers n’arrivent.
    — Qui est cette dame Guenièvre ? demanda Hugues au prévôt.
    — Une tenancière de bourdeau que j’ai à l’oeil depuis longtemps. Je suis sûr qu’elle trafique des gamines.
    — Des enfants ! s’exclama le Lombard. Pour moi, je n’ai vu que des puterelles en âge d’exercer, et Tancrède aussi, n’est-ce pas ?
    Tancrède hocha la tête pour n’avoir pas à mentir, mais son silence n’échappa pas à son maître.
    Giovanni reprit :
    — Je ne sais, messires, de quoi vous nous accusez, mais je veux bien, quant à moi, vous confesser péché de chair et gourmandise, mais rien de plus. Même si ce bourdeau n’a guère bonne réputation, nous y avons passé la nuit, j’y ai dépensé bon et bel argent comme dans vos tavernes, et il n’y a pas là matière à jugement. Ma famille est une honnête famille. Vous dites connaître Renato, messire viguier ?
    Celui-ci hocha la tête.
    — Vous savez donc combien ma famille est digne d’estime. De son côté, Tancrède est le protégé du sire de Tarse. Nous ne sommes coupables que d’avoir trop bu et trop mangé. Vous reconnaîtrez que nous faisons de piètres coupables.
    Hugues n’avait rien dit, laissant le Sicilien assurer sa défense.
    Le viguier se leva et

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