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Les guerriers fauves

Les guerriers fauves

Titel: Les guerriers fauves Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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Hugues en ouvrant la bourse dont il fit tomber les deniers sur le dallage.
    Les pièces roulèrent jusque sous les pieds des notables. La pauvresse voulut se précipiter pour les ramasser, mais un soldat la retint.
    — C’est beaucoup d’argent pour quelqu’un qui vient de me dire ne vivre que de mendicité, remarqua l’Oriental. À moins que les bourgeois de cette ville ne soient particulièrement généreux, ce que je ne crois pas. Certaines pièces paraissent récentes. Un changeur pourra nous confirmer si elles viennent d’être frappées ou non. Veux-tu que j’en fasse appeler un ?
    — Non, messire.
    — Est-ce là le prix de la vie du jeune Gabik ?
    Le silence était retombé. Un des gardes avait remis un fagot dans la cheminée.
    — Je vais t’expliquer ce qui s’est passé, Girème. J’ai eu la nuit pour y réfléchir. Je sais par le commandeur qu’il se fait ici, à La Rochelle, comme dans de nombreux autres ports, de la vente d’êtres humains : femmes, enfants, jeunes gens... Et je ne vois pas d’autre raison à la visite de cet homme chez Ar Pennec ni au fait que j’ai retrouvé cette bourse chez toi.
    — Je n’aurais jamais pensé à ça ! s’exclama le prévôt. Mais oui, vous avez raison. Cette vieille folle a vendu le gamin !
    Girème ne disait plus rien. Elle paraissait soudain pitoyable et effrayée.
    — C’est vrai, on se bat contre ça depuis des années, reprit Nicolas de Ciré, on a des soupçons, mais on n’a jamais réussi à attraper personne. Des femmes et des enfants finissent dans des bourdeaux, des garçons et des jeunes gens partent sur les bateaux comme mousses ou esclaves. Ces marauds sont bien organisés.
    — La bête a certainement plusieurs têtes comme l’Hydre de Lerne ! fit Hugues dont la voix s’était radoucie. Espérons qu’en coupant celle-là, il n’en repoussera pas d’autres !
    Girème allait parler, mais le regard d’Hugues l’en dissuada. Elle baissa la tête.
    — Un homme est venu te trouver hier au soir. Tu lui as dit que Gabik était seul, que ses parents ne rentreraient pas avant le lendemain. Tu as donc vendu ce gamin à son assassin. Qui était ton client ? Parle, si tu veux sauver ta vie !
    Tous les regards étaient braqués vers la vieille devenue livide et dont les mains tremblaient.
    — Vous avez raison, messire, finit-elle par dire, la voix mal assurée. Mais souvent, vous le savez, c’est les parents qui vendent leurs enfants, c’est eux les coupables, pas moi !
    — Laisse-nous juger qui est coupable ! gronda le viguier.
    — Oui, messire viguier. Je savais pas qu’on allait le tuer, parole ! Je croyais que l’homme, il allait l’emmener sur un bateau.
    La vieille s’était mise debout, elle semblait revivre la scène.
    — Quand j’ai entendu un bruit de lutte et des cris, j’ai été effrayée, avoua-t-elle. Et puis soudain, le gamin a appelé au secours, alors je suis sortie chercher la patrouille. J’avais du remords. Faut me croire.
    Elle se jeta aux pieds du viguier qui fit signe au soldat de la saisir. La vieille se retrouva à nouveau assise sur son tabouret.
    — Je crois surtout que tu as entendu la patrouille arriver et que c’est ça qui t’a fait peur. Le dommage pour toi, c’est qu’ils sont arrivés trop tard. Tu ne m’as pas répondu, comment était ton client ?
    — J’ai pas vu son visage, messire, geignit la vieille. Il portait un mantel à capuche.
    — Comment t’a-t-il contactée ?
    — J’suis connue... Les gens y savent qu’y faut venir me voir à la nuit tombée. Savez, les gamins, souvent, y sont mieux qu’avant. Au moins, y mangent à leur faim.
    — Bientôt tu vas me dire que tu as fait oeuvre de charité ! s’exclama l’Oriental. As-tu reconnu la voix du client ou vu quelque chose d’autre ? Réfléchis.
    Le visage de la pauvresse se crispa sous l’effort, puis elle fit un signe désespéré de la tête.
    — Non, messire. Non. C’est pas que je veux pas vous aider, mais j’ie connaissais pas, celui-là. J’vous jure.
    — Emmenez-la ! ordonna le prévôt au garde qui attendait devant la porte.
    — Non, non ! protesta la vieille. C’est moi qu’ai donné l’alerte. J’me suis repentie ! J’me suis repentie !
    — Dieu en jugera, murmura le commandeur.
    — Je vous aiderai à trouver les autres ! hurla la vieille alors qu’on l’entraînait de force.
    Après ces paroles, le silence retomba. Le soldat s’était immobilisé

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