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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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ajouterait le mot «fille mineure de l’épouse» entre pareil thèses, au bout de son nom.
    Aucune des jeunes Dubuc n’exigeait de figurer dans le grand registre. Le frère cadet du marié, Armand, et sa sœur Louise lui servaient de témoin.
    En sortant de la basilique, Françoise et Amélie pleuraient. De leur
    côté,
    Thalie
    et
    Gertrude
    soutiendraient
    pour
    le restant de leurs jours avoir reçu simultanément de la poussière dans les deux yeux. Cela parut improbable à tous les autres.

    *****
    Heureusement, le prêtre ne figurait pas parmi les invités au repas de noces. Se trouver treize à table le jour des épousailles aurait placé l’union sous de bien mauvais auspices.
    Douze était un chiffre plus rassurant. La table, dans un coin de la grande salle à manger du Château Frontenac, présentait un certain déséquilibre, les Dubuc se trouvant plus nombreux que les Picard. Amélie avait migré de bonne grâce parmi sa belle-famille.
    La disposition des convives devait prévenir les tensions.
    Les nouveaux mariés se trouvaient { un bout d’une table rectangulaire, Gertrude et tante Louise { l’autre extrémité.
    Du côté de Marie venaient Mathieu et son invitée, ensuite Thalie, puis Amélie. A l’opposé, Françoise se tenait près de son père, Gérard Langlois près d’elle, puis le frère du marié et sa femme. Le résultat laissait à désirer. Les anciens fiancés s’offraient aux regards des rivaux. Pendant un long moment, la conversation languit.
    — Nous nous sommes suffisamment entraînés pour les prochaines funérailles, s’exclama Thalie. Si nous levions nos verres en l’honneur des nouveaux mariés ?
    Elle joignit le geste { la parole. Les autres l’imitèrent, même si son entrée en matière lui avait valu des froncements de sourcils. La conversation s’engagea finalement.
    — Ai-je bien compris, demanda le frère du marié, vous n’irez nulle part? Aucun voyage de noces? Pourtant, la session ne commencera que dans quelques semaines.
    — . . Marie doit s’occuper de son commerce.
    L’autre sembla étonné. La situation lui paraissait totalement saugrenue. Qu’une veuve travaille pour faire vivre sa famille, soit. Cela suscitait même l’admiration. Mais maintenant, elle devait s’en tenir { son rôle de maîtresse de maison.
    — Pauvre maman, expliqua Thalie avec un sourire en coin: ses enfants vont la déserter demain. Comme nous retournons { l’université, nous ne sommes pas en mesure de prendre la relève pendant une semaine ou deux.
    La précision ne réconforta pas vraiment le frère cadet.
    Apprendre qu’une jeune fille négligeait son devoir pour se livrer à des études supérieures lui semblait se situer juste un cran en dessous de l’hérésie.
    — Mais nous nous reprendrons à la période des fêtes, insista Mathieu en regardant sa mère.
    Celle-ci acquiesça d’un hochement de tête. Amélie profita de la conversation entre les grandes personnes pour se pencher { l’oreille de Gertrude et lui confier :
    — Il est moins bien que Mathieu.
    — L’important, c’est que tous les deux apprécient la personne avec laquelle ils sont, non ?
    La domestique examinait la jeune secrétaire, visiblement très intimidée de se trouver là. Toutefois, sa bouche trouvait naturellement l’expression du sourire et ses yeux, celle du rire. Cette brunette présentait certainement un bon antidote contre les idées noires d’un vétéran. Françoise reflétait sa morosité, celle-l{ ramenait la joie chez lui. D’ailleurs, en ce moment, la sage jeune fille paraissait bien songeuse, au bras de son banquier.
    Thalie ne pouvait rester bien longtemps silencieuse.
    Elle appuya son épaule contre celle de Flavie pour demander :
    — Comme cela, vous travaillez pour mon merveilleux cousin.
    Mathieu avait donné une courte biographie de son invitée, au moment d’annoncer sa présence. Marie avait arrondi les yeux de surprise, sans ajouter le moindre commentaire. Après tout, deux cents femmes travaillaient pour les entreprises PICARD. De très bonnes personnes se trouvaient dans le lot.
    A cette table, la véritable raison de son malaise lui apparut. Flavie occupait le même emploi qu’elle, un peu plus de vingt ans plus tôt, au service du fils de son abuseur.
    Aussi, elle se concentra pour entendre la conversation.
    —- Quelque chose me dit que le mot «merveilleux» ne prend pas son sens habituel, ici. Je ne sais pas trop quoi répondre.
    — Je ne suis pas

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