Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
Vom Netzwerk:
s’est lassée d’attendre, lui est revenu très changé. Un garçon trop sage s’était embarqué pour l’Europe, un homme blessé, un peu égaré, est descendu de l’Olympe le printemps dernier.
    La jeune fille préféra ne pas utiliser le mot «torturé».
    Effrayer cette demoiselle ne servirait à rien, surtout pas à ménager les intérêts de son frère.
    — Si elle s’est lassée d’attendre, pourquoi faire cette tête ? Elle a son banquier.
    — Peut-être souhaitait-elle être reconquise. A son retour, Mathieu n’avait pas la tête { cela. Elle a gardé le banquier dans son sillage, et aujourd’hui, mon frère rapplique avec une jolie fille.
    — Elle est bien plus belle que moi !
    — Vous croyez ?
    Flavie fit face au grand miroir, incertaine.
    — Peut-être avez-vous raison, admit Thalie, je suis mauvais juge en ce domaine. Pourtant une chose est certaine: aujourd’hui, vous êtes avec lui, elle est avec Gérard.
    Ma pauvre amie se demande bien pourquoi il vous a préférée à elle.
    — Ma présence tient à un concours de circonstance. Si Mathieu n’était pas venu voir mon employeur. .
    — Vous avez si peu d’assurance ?
    La secrétaire se mordit la lèvre inférieure. Si sa complexion avait
    été
    plus
    pâle,
    elle
    aurait
    rougi
    jusqu’aux
    oreilles.
    — Je ne comprends rien à cette situation.
    L’entrée de deux touristes américaines amena son interlocutrice à la prendre par le bras en suggérant :
    — Marchons un peu. Ce n’est pas le meilleur endroit pour discuter.

    — Mais les autres. .
    — Pris par la conversation animée et les fous rires, ils ne remarqueront pas notre absence.
    L’ironie grinçante amusa sa compagne. Elle se laissa guider dans les couloirs de l’hôtel.
    — Mathieu s’est porté volontaire. Je pense que Françoise a pris cela comme un affront personnel. Puis l’attente interminable a commencé, avec la crainte de recevoir un jour un télégramme de l’état-major. Je regrette un peu de l’avoir incitée { voir d’autres garçons. Cela me semblait plus sage que de rester enfermée dans l’appartement, { espérer son retour.
    — Elle s’est éprise de ce garçon.
    — Du garçon, je ne crois pas. Elle a été séduite par son côté raisonnable : au lieu de s’exposer aux balles allemandes, il s’insurge contre ses patrons de langue anglaise. Elle comprend ce genre de révolte, cela se situe dans le cadre de son petit univers. Sans doute parce que Mathieu a eu bien du mal { s’ajuster, après son retour, elle a continué de le voir. Depuis le début de la cérémonie de mariage, elle doit se demander si elle a bien fait.
    Après avoir fait le tour du rez-de-chaussée, elles retournèrent vers la salle à manger.
    — Vous croyez qu’il se pose la même question ? demanda Flavie, anxieuse.
    — Je ne crois pas. Il faudrait le lui demander.
    En s’approchant de la table, elles trouvèrent Amélie assise juste à côté du vétéran, engagée dans une conversation animée. Elle se leva, rougissante, afin de rendre sa place à la nouvelle venue.
    — Je suis désolée, murmura Flavie, je me suis un peu perdue dans les corridors de l’hôtel.

    — Cela a permis à ma nouvelle demi-sœur de m’entretenir de ses aspirations, remarqua Mathieu.
    — C’est vrai, vous ne gagnez pas seulement un beau-père, aujourd’hui, mais toute une nouvelle famille.
    De l’autre côté de la table, Françoise pâlit en entendant ces mots.

    Chapitre 22

    Peu après, le groupe se dispersa. Dans le hall de l’hôtel, Paul salua sa sœur, son frère et sa belle-sœur. Marie déclara avec un semblant de conviction dans la voix :
    — C’est dommage, vous auriez pu souper { la maison.
    — Notre train part pour Rivière-du-Loup dans un peu plus d’une heure, répondit Armand Dubuc. Le temps de prendre le traversier, et nous serons à la gare de Lévis au bon moment.
    — Oui, bien sûr, je comprends.
    Après les bises distribuées { la ronde, le trio s’engouffra dans un taxi. Ce fut alors au tour de Mathieu de déserter les autres.
    — Je vais reconduire Flavie chez elle.
    — Mais demain, tu viendras dîner à la maison.
    La mère ajouta, un ton plus bas, avec l’espoir de n’être entendue par personne d’autre :
    — Tu le sais bien, ce sera toujours chez toi.
    — Bien sûr, je le sais. Et demain, je serai là pour souligner le départ de ma sœurette vers la grande ville.
    Le fils aîné distribua des bises à toutes les femmes présentes, des

Weitere Kostenlose Bücher