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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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intriguée.
    — Un plaisir partagé.
    La taquinerie lui tira un grand sourire. Il enchaîna :
    — Accepteriez-vous de m’accompagner au remariage de ma mère ?
    Les sourcils de Flavie prirent la forme d’accents circonflexes.
    En
    quelques
    mots,
    il
    lui
    expliqua
    sa
    situation
    familiale.
    — Elle va épouser un député ? C’est un professionnel.
    — Un avocat.

    La question visait à mettre en évidence toute la distance entre elle
    et
    ces
    gens
    de
    la
    Haute-Ville.
    Cette
    réalité sociale ne semblait pas impressionner son interlocuteur.
    — Vous acceptez ?
    — Dans un monde comme celui-là, je me sentirais tout à fait une intruse. Je suis une petite secrétaire.
    — Je vous parais si. . respectable ?
    Les mots «inaccessible» et «hautain» lui étaient passés par la tête. Elle commença par lui sourire, avant de dire :
    — Juste assez. Pas trop.
    — Ma mère est comme moi. D’ailleurs, elle a été élevée dans un appartement miteux situé tout juste à trois cents pieds d’ici. Si vous venez avec moi, elle vous recevra très bien.
    — Et lui ?
    Elle parlait du futur époux, le notable de Rivière du-Loup.
    — Il est un peu moins bien que vous, moi et maman, c’est vrai, car il fait de la politique. Mais si elle est prête à s’en contenter, ce ne serait pas chrétien de notre part de lever le nez sur lui.
    Cette fois, elle éclata franchement de rire. Son front se plissa toutefois au moment de répondre :
    — Je n’ai rien de suffisamment chic pour l’occasion. Je ferais tache.
    — Ce que vous portiez hier convient tout à fait.
    Personnellement, je serai fier d’être avec vous.
    Malgré l’affirmation destinée { la rassurer, sa tenue pouvait vraiment déparer l’auguste assemblée. Elle trouvait aussi que son compagnon allait un peu vite en affaire. Ils étaient sortis une seule fois ensemble, la veille.
    D’un autre côté, ce garçon lui paraissait fort attachant.
    — Accordez-moi la journée pour y penser. Vous pouvez me donner votre numéro de téléphone ?
    Elle se leva pour trouver Un morceau de papier sur son bureau, prit les quelques chiffres en note. Le jeune homme jugea utile de préciser :
    — Je passe mes journées à la bibliothèque. Je téléphonerai demain un peu avant dîner.
    Elle faisait mine de chercher un autre feuillet pour inscrire son propre numéro.
    — Ne vous donnez pas cette peine, je le connais déjà. Je vais vous laisser reprendre votre travail. Je vous souhaite une bonne journée, Flavie.
    Elle accepta la main tendue en lui répondant :
    — Bonne journée à vous aussi, Mathieu.
    Il la laissa fort perplexe.

    *****
    Finalement, non seulement Flavie accepta, mais elle trouva les mots pour convaincre son employeur de lui prêter une jolie robe, un chapeau et des gants. D’instinct, toutefois, elle avait évoqué une sortie, et non le mariage d’une parente de celui-ci.
    — Je devrai payer le nettoyage à sec, il va remettre le tout dans le rayon des vêtements pour femmes afin de vendre ces articles, glissa-t-elle { l’oreille de Mathieu, une fois rendue sur le parvis de la cathédrale.
    — Papa faisait parfois la même chose, lors des événements spéciaux. De pauvres clientes payaient le prix fort pour une robe déjà utilisée.
    A quelques pas de distance, Françoise tenait son cavalier par le coude. Les deux hommes s’étaient salués de façon courtoise, mais ils ne s’isoleraient pas au cours de la journée pour une conversation intime.
    Quand les futurs mariés pénétrèrent dans le temple, les Picard et les Dubuc leur emboîtèrent le pas. Le caractère intime de la cérémonie les autorisait { utiliser l’une des chapelles latérales. Se répartir de part et d’autre de l’allée centrale aurait paru ridicule : y compris les mariés, l’assemblée s’élevait { douze personnes, treize avec le prêtre.
    L’assistance réduite amena le célébrant { faire l’économie des discours ronflants. Comme ils en étaient à une seconde union, il s’épargna aussi la nécessité de s’appesantir sur les droits et devoirs réciproques des époux.
    Marie prononça le « Oui » d’une voix chevrotante ; celle de Paul parut à peine plus assurée. Mathieu signa le registre paroissial à titre de témoin, Gertrude aussi. Thalie avait menacé de se rouler sur le plancher de la nef en hurlant si quelqu’un tentait de l’empêcher de faire de même.
    L’ecclésiastique céda { ce «caprice». Après la cérémonie, il

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