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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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mère a pris la bonne décision ?
    demanda-t-elle après une hésitation.
    —Je n’en doute pas un instant. Dubuc est un homme bien, il nous apprécie, ma sœur et moi, il fait tout pour nous aider. Par exemple, il a fait jouer ses influences pour me procurer l’emploi que j’occuperai { compter de lundi.
    — Sa sœur ne semblait pas très enthousiaste. .
    — Louise ? Il la loge et la nourrit. Elle craint un peu tic perdre l’un et l’autre de ces avantages.
    Bien sûr, comme Marie n’entendait pas abandonner son commerce avant l’âge de soixante ans, tante Louise demeurerait vraisemblablement la gardienne de la demeure de Rivière-du-Loup jusqu’{ son décès. Tout au plus subirait-elle la présence de l’intruse quelques semaines par année.
    — Et ses filles ? demanda encore Flavie.
    — Elles et maman s’entendent très bien. La cohabitation ne posera pas de difficulté.
    — Et comme vous et votre sœur habitez déj{ { l’extérieur de la maison, il n’y aura pas vraiment de heurts possibles.
    Son compagnon hocha la tête en guise de réponse. Un long moment, ils commentèrent le magnifique panorama devant eux.
    — Je dois rentrer à la maison, déclara la jeune fille en se levant.
    — Je vous raccompagne.
    Elle prit son bras, se laissa conduire vers la côte de la Canoterie. Le trajet fut un peu plus long que de raison, mais la marche fort agréable. Quand ils arrivèrent à la porte de la pension de la rue Saint-François, le garçon proposa :
    — Nous pourrions aller manger dans les environs.
    — Non, je préfère retrouver mes voisines.
    — . . Pourrai-je vous inviter de nouveau?
    — Puis-je vous poser une question d’abord ?
    Ce désir ne pouvait le surprendre. L’atmosphère, pendant le repas, nécessitait quelques éclaircissements. Il hocha la tête en guise d’assentiment.

    — Cette jolie femme, Françoise, était votre fiancée ?
    — En quelque sorte, oui. La chose n’a jamais eu un caractère officiel, mais ce terme décrit très bien notre situation passée.
    — Et maintenant ?
    — Vous avez bien vu, elle est venue au mariage de son père avec un nouveau prétendant.
    La réponse n’avait pas de quoi la satisfaire complètement. Elle alla droit au fait :
    — Et vous, vous étiez avec la première venue.
    — Voyons. .
    — Ne jouons pas sur les mots. Nous nous sommes vus
    { trois reprises. Ce qui me préoccupe maintenant, c’est la place de cette femme dans votre vie.
    Cette façon de vouloir clarifier les choses forçait son compagnon à se montrer très précis.
    — J’ai beaucoup d’affection pour elle, comme il convient pour une demi-sœur, en réalité.
    — Rien de plus ? Elle paraissait regretter le cours des événements récents.
    — Je ne peux rien y faire. Moi, je vous ai demandé si vous aimeriez me revoir. Je regarde devant, pas derrière.
    A tout le moins, Mathieu tentait désespérément de le faire. Son passé récent comptait trop de fantômes menaçants pour s’y complaire.
    — Je serai
    heureuse d’entendre vos propositions,
    conclut-elle en tendant la main.
    Il l’accepta avec le sourire, lui dit «Au revoir» avant de tourner les talons. Il avait fait trois pas quand elle prononça assez fort pour être entendue.
    — Mathieu. .
    L’usage de son prénom, { la place du «Monsieur Picard », laissait augurer le meilleur.
    — Oui?
    — Si nous devons nous revoir, mieux vaudrait nous tutoyer. Je ne viens pas d’un milieu où nous abusons du
    «vous».
    — Tu as absolument raison, Flavie. À bientôt.
    Il souligna son salut en touchant le bord de son chapeau du bout des doigts. Elle inclina la tête et entra dans son domicile.

    *****
    Dans l’appartement du dernier étage, l’atmosphère demeurait un peu étrange. Avant de disparaître dans la cuisine, Gertrude demanda :
    — Madame, désirez-vous manger à la même heure que d’habitude ?
    — . . Oui, bien sûr. Nous avons dîné un peu tard, c’est vrai, mais pas assez pour retarder le souper.
    La présence d’un nouveau «maître» dans la maison justifiait la question. La domestique craignait un changement dans la routine. Rassurée, elle alla allumer le feu dans la cuisinière à charbon. Les trois jeunes filles se dirigèrent vers le salon, silencieuses.
    Paul offrit à la ronde :
    — Je peux vous servir à boire ?
    Marie regagna son fauteuil avant de répondre :
    — Pourquoi pas. Nous n’avons certainement pas abusé, pendant la réception.
    — Avec la prohibition,

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