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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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arcs de triomphe composés d’une simple armature en bois couverte de branches de sapin, d’épinette ou de pin permettaient aux visiteurs de se croire les héros de guerres lointaines, les vainqueurs d’ennemis bien mystérieux. Dans un coin, un peu { l’écart des diverses installations, un amoncellement de bois laissait présager un rassemblement autour d’un grand feu, une fois la nuit tombée.

    — Mesdames, commença Paul Dubuc avec ironie, laquelle de ces nombreuses activités retiendra d’abord notre attention ?
    Ces festivités populaires n’attiraient guère les habitants de la Haute-Ville. . ou les députés de la campagne élus par acclamation. Comme les femmes demeuraient silencieuses, il crut bon de préciser :
    — Comme vous pouvez l’entendre, il y a un orchestre dans ce kiosque. Puis nous aurons droit à une partie de baseball, à des courses de chevaux, et même ensuite à une course de motocyclettes.
    — Nous pouvons aller voir d’abord les joueurs de baseball, proposa Amélie.
    Cette façon de présenter la chose, tout de suite après la dernière conversation, fit sourciller le père. Marie exerça une pression sur son avant-bras afin de le contraindre au silence. Le petit groupe se déplaça en direction d’un losange improvisé grâce { des traits de chaux sur l’herbe. Deux cents personnes, peut-être, se massaient de ce côté du terrain de l’exposition.
    — Ils auraient dû aller jouer au stade, commenta Paul Dubuc. Celui de la Pointe-aux-Lièvres se trouve à deux pas.
    Sous leurs yeux, le deuxième but tenta d’attraper une balle bien lente, l’échappa, essaya de la récupérer entre ses jambes, la laissa tomber une nouvelle fois avant de s’en saisir trop tard pour éliminer le coureur. Un éclat de rire des spectateurs souligna la performance.
    — Des équipes un peu plus spectaculaires avaient réservé le stade, commenta Mathieu.
    — Qui sont ces gens ? questionna Amélie.
    La couventine paraissait résolue { ne pas s’éloigner de l’objet de son désir. Elle se tenait { ses côtés, le visage levé vers lui.

    — Selon Le Soleil, les employés de Bell Canada disputent cette chaude lutte à ceux du Canadien Pacifique.
    «De simples ouvriers», songea la jeune fille. Certains présentaient des silhouettes grandes, bien découpées.
    Toutefois, leur statut de novice s’affichait bien nettement.
    Les frappeurs touchaient rarement la balle, malgré la faible puissance des lanceurs. Les joueurs au champ paraissaient s’ennuyer au point de converser entre eux. Seuls leur famille ou des amis s’entêtaient { demeurer sur place et { hurler des encouragements.
    — Ils sont nuls ! commenta bientôt Amélie en leur tournant le dos.
    — Nous pourrions aller juste à côté, proposa Thalie. Au moins les chevaux savent courir, c’est dans leur nature.
    Laissons les vaches jouer à la «balle au champ».
    Les sociétés du Bon parler français proposaient des traductions parfois étranges de toutes les expressions venues des Etats-Unis. C’en était une.
    Tout le monde acquiesça à la suggestion. Juste à côté du losange se trouvait un grand ovale autour duquel se pressait une assistance nombreuse. La popularité des courses de chevaux ne se démentait pas. De très nombreux notables - avocats, manufacturiers, propriétaires de commerce - se payaient le luxe de posséder un superbe étalon. Une douzaine de fois pendant l’été, ils revêtaient leurs plus beaux atours pour se rendre dans des manifestations populaires. Les plus téméraires se mêlaient même de conduire eux-mêmes leur bête. Cela se produisait rarement lors des courses de plat. Bien peu, parmi ces bourgeois, se seraient risqués à galoper sur le dos d’un étalon nerveux, et puis
    leur
    embonpoint
    les
    condamnait
    à une piètre performance. Toutefois, pour les trots attelés, certains se retrouvaient le cul calé dans un sulky, les rênes solidement tenues dans une main, un fouet dans l’autre.
    Thalie avait raison. Les bêtes nerveuses parcouraient le grand ovale avec une élégance toute naturelle. Les sabots ferrés de neuf soulevaient des mottes de terre, pour les lancer parfois jusqu’au premier rang des spectateurs.
    Pourtant, un « oh ! » surpris, un peu effrayé même, leur parvint plutôt du terrain de baseball. La balle lancée par un monteur de ligne de Bell Canada rencontra le bâton manié par un mécanicien de locomotive, décrivit un grand arc de cercle pour retomber

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