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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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office pendant des décennies. On parlait parfois du notaire, parfois de Dupire, jamais de Léon.
    — Surtout, murmura-t-il, Celui-là paraît bien soucieux de rappeler ses fidèles dans la force de l’âge. Votre époux n’était pas tellement plus âgé que papa.
    — Je lui en veux de m’avoir oubliée.
    — Ne dites pas cela. Vos petits-enfants ont besoin de vous.
    Le jeune homme exerça une dernière pression légère sur les doigts affectés par l’arthrite, puis il se releva afin de tendre la main à son vieil ami.
    — J’ai beaucoup pensé { toi, ces derniers jours. Je te souhaite à la fois courage et sérénité.
    — L’étude me semblera bien vide maintenant.

    — Comme le magasin pour moi. C’est curieux, pendant des années nous pestons contre le regard paternel par-dessus notre épaule, pour découvrir ensuite que cela nous manque terriblement.
    Fernand acquiesça. Inutile de préciser que depuis quelques mois, il surveillait son père discrètement. Ce n’était pas l’inverse. Un souvenir lui revint soudainement { l’esprit.
    — Tu avais un rendez-vous avec lui cette semaine.
    — . . Oui. Il m’a demandé de passer le voir. Je ne sais pas pourquoi. Tous les détails de la succession ont été réglés.
    — Il voulait t’entretenir d’un autre sujet. Viens au moment prévu. Je te mettrai au courant. Le pauvre homme a oublié, après le départ de ton père.
    Assise sur ses talons devant la vieille dame, Elisabeth murmurait des mots de réconfort. L’une portait sa jeune quarantaine de façon majestueuse, l’autre, plus âgée de vingt ans, en paraissait beaucoup plus. Toutefois, les deux souffraient cruellement d’avoir perdu un époux très cher.
    Elle se releva bientôt pour venir vers le fils, la main tendue :
    — Vous avez toute ma sympathie, Fernand.
    Elle l’avait tutoyé { l’époque où son amitié pour Edouard en faisait un invité fréquent de la maison. Aujourd’hui, devant cet homme fait, elle n’osait plus.
    — Je vous remercie.
    Pendant des années, cette femme avait traité le gros garçon sensible avec une grande délicatesse, aussi il retint sa main un peu plus longtemps que ne le voulaient les convenances.
    — C’est un peu étrange, j’ai l’impression que ce cimetière devient une extension de mon bureau : j’en profite pour confirmer mes rendez-vous. Vous viendrez me voir { l’heure prévue, lundi.

    — Vous devriez prendre un peu de repos, vu les circonstances.
    Mon affaire peut attendre.
    — Dans les circonstances, faire du notariat me soulage un peu.
    A la suite d’Elisabeth, Evelyne avait fait part de sa sympathie à la
    veuve
    sans
    y
    mettre
    la
    moindre
    conviction,
    répétant les formules toutes faites apprises lors de son séjour au pensionnat. Elle se déplaça afin de débiter les mêmes mots au fils. Pendant ce temps, Edouard se dirigea vers sa sœur, lui serra la main en murmurant :
    — Mes condoléances.
    — . . Merci.
    Vu son attachement si ténu pour le défunt, la politesse lui parut d’abord saugrenue. Quand Elisabeth tendit la main à son tour, la jeune femme marqua une hésitation plus longue encore, avant de consentir à la prendre.
    Une jeune femme, en deuil elle aussi, s’approcha ensuite pour dire quelques mots à l’oreille de la dame dans le fauteuil roulant. Elle se dirigea ensuite vers le fils, saisit ses deux mains pour dire :
    — Fernand, papa te transmet ses souhaits de courage. Il ne pouvait pas venir lui-même.
    — Elise ! Elise Caron. . Je veux dire Hamelin.
    Douze ans plus tôt, il la croisait régulièrement chez les Picard. Son père soignait la famille Dupire depuis une trentaine d’années. Elle aussi portait le deuil d’un époux.
    — Je vous remercie. Transmettez mes salutations au docteur.
    Quand la nouvelle venue serra la main d’Eugénie, celle-ci afficha la même froideur distante. A une amitié complice succédait une indifférence glaciale. Puis elle s’esquiva.
    L’endroit lui rappelait des souvenirs bien cruels.

    Madame Dupire s’affaissa un peu sur le fauteuil roulant.
    Kernand adressa un dernier salut aux Picard, puis il poussa sa mère vers la lourde voiture de location réservée par l’entreprise de pompes funèbres pour la journée. Eugénie le suivit après un discret salut de la tête à ses proches.
    Edouard regarda sa mère et sa femme, puis déclara :
    — Regagnez la voiture sans moi. J’aimerais lui dire un mot. Je vous rejoins dans un instant.
    Au pas de course, il

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