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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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rue. Elle laissa tout de même la cliente agiter la sonnette. Son tintement leur parvint de l’extérieur.
    — Madame Picard, je vous attendais, déclara un petit homme affable.
    — Je m’excuse de mon retard. Merci de me permettre de visiter de nouveau.
    — Voyons, ce n’est pas comme acheter une robe. Vous devez y réfléchir, je comprends.
    La condescendance marquait la voix du jeune homme.
    Il posa les yeux sur la compagne de sa cliente.
    — Madame. . commença-t-il en tendant la main.
    — Picard. Je suis justement une vendeuses de robes.
    Le ton ironique ramena son interlocuteur à la raison de sa présence en ces lieux :
    — Comme vous connaissez déjà la maison, je vous laisse aller.
    — Les occupants. .
    — Depuis la mort du propriétaire, sa veuve refuse tous les nouveaux locataires. Il ne reste que les trois députés, mais comme les débats sont terminés, ceux-là sont retournés dans leur comté.
    — Les touristes ?
    Le notaire secoua la tête en guise de dénégation.

    — Elle ne veut rien entendre. La pauvre femme a déserté la maison.
    Sur ces mots, il alla s’asseoir dans le salon. Une copie du Soleil lui tiendrait compagnie en attendant la fin de la visite.
    Après son départ, Elisabeth se sentit un peu plus { l’aise. Elle fit un geste de la main pour désigner le hall en commentant :
    — Le décor fait un peu vieillot, mais cela conviendra.
    Le papier peint fleuri rappelait les années 1900. Au fond, un petit comptoir portait un gros registre. Contre le mur, un casier contenait une douzaine de clés.
    — Tu m’as déj{ parlé de la maison de chambres de Thalie. Elle est plus grande, je suppose ?
    — Elle compte plus de vingt chambres.
    La veuve demeura songeuse, puis elle expliqua :
    — Ce serait trop cher pour moi, et je serais sans doute dépassée par la tâche. Le salon se trouve à côté.
    Une vaste pièce donnait sur la rue, éclairée de deux fenêtres. Le jeune notaire salua leur entrée d’un sourire, puis retourna { son journal. Des fougères s’étaient fanées dans les pots en cuivre. Une demi-douzaine de fauteuils et une causeuse permettaient à une compagnie abondante de se reposer. Un piano droit contre le mur laissait présager des soirées musicales. Des guéridons et une table basse portaient de vieilles copies de périodiques, tant anglais que français.
    — La salle à manger, tout comme la cuisine, sont de l’autre côté du couloir.
    Elles débouchèrent dans une salle encombrée d’une longue table capable de recevoir une quinzaine de convives.
    De vieilles estampes ornaient les murs, montrant de bucoliques paysages européens. Une porte battante ouvrait sur une cuisine bien équipée. Les chaudrons traînaient sur une table de service, couverts d’une poussière vieille de trois ou quatre semaines. Marie se planta devant une fenêtre.
    — C’est une assez jolie cour.
    Des tables et des chaises, sous un vieil érable, permettaient aux invités de prendre le thé en plein air. Au fond, une remise servait à ranger des outils et le mobilier de jardin.
    — Lors des beaux jours, cela pourrait devenir une retraite agréable, expliqua Elisabeth.
    — C’est certainement un avantage. Ma propriété donne sur un petit espace destiné aux livraisons. Pour prendre un peu d’air, je me rends au parc Montmorency. . Aucune chambre ne se trouve au rez-de-chaussée ?
    — Non, seulement les pièces de service. Nous y allons ?
    Les deux femmes empruntèrent un escalier assez majestueux.
    Au premier, trois portes s’ouvraient sur le côté droit du couloir.
    Elisabeth prit la précaution de frapper à la première, attendit en vain une réponse, puis ouvrit. La pièce donnait sur la rue, et au-delà, sur le jardin des Gouverneurs. Un lit, une commode et une chaise représentaient le seul ameublement.
    — Elles ne sont pas très grandes, mais confortables.
    Toujours en s’assurant au préalable de l’absence de locataire, elle ouvrit les portes suivantes, trouva un décor absolument identique au précédent. Au fond du couloir, une salle de bain servait aux occupants de l’étage.
    Sur le côté opposé du passage, la première chambre ne réserva aucune surprise aux visiteuses. Elles pénétrèrent ensuite dans une pièce double. Dans la première section, deux fauteuils, un guéridon et un secrétaire témoignaient de sa fonction.
    — Les anciens propriétaires avaient ici leurs quartiers.
    Si je me décide enfin à acheter, je ferai la même

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