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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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se dirigea vers Elise. Elisabeth se tourna vers sa bru pour expliquer, en guise d’excuse :
    — Elle était la meilleure amie de ma fille, même si elles ne se fréquentent plus guère. En conséquence, elle était aussi une amie de mon fils.
    — Existe-t-il à Québec une seule femme juste un peu regardable qui n’a pas été, ou qui n’est pas encore une amie d’Édouard ?
    Sur ces mots, Evelyne tourna les talons pour regagner la voiture. Sa belle-mère regarda son fils, secoua la tête, un peu dépitée, puis la suivit.
    Edouard avait rejoint la jeune veuve.
    — Elise, pouvons-nous converser un peu ? demanda-t-il pour attirer son attention.
    Elle se retourna, hésita un moment avant de répondre :
    — Pourquoi pas. Il n’ira nulle part, n’est-ce pas ?
    Des yeux, elle désigna une tombe toute proche, surmontée d’une pierre tombale plutôt modeste. Son bien-aimé Charles gisait là. Cette pensée refroidit un peu son interlocuteur.
    — Comment vous portez-vous ?
    — Dans les circonstances, bien, je suppose, même si j’ai fréquenté plus que ma part de cimetières, au cours des derniers mois. Mais, à ce compte, nous sommes dans le même bateau, n’est-ce pas ?

    — Damnée grippe. Elle a eu mon père aussi.
    L’homme marqua une pause, avant d’enchaîner :
    — Vous habitez maintenant chez vos parents, je crois.
    — Depuis le décès, oui.
    — C’est un arrangement définitif?
    — J’espère qu’il le sera, je ne pourrais offrir { mes enfants un mode de vie satisfaisant, autrement. Pauvre papa ! Il rêvait de réduire ses activités, et le voilà responsable du bien-être d’une jeune famille.
    Edouard hocha la tête, comme pour exprimer sa considération au médecin pour tant de générosité.
    — Je me demandais. . commença-t-il en hésitant. Au nom de notre vieille amitié, m’autorisez-vous à vous visiter parfois ?
    Son interlocutrice le dévisagea de ses grands yeux bruns, puis elle répondit, incrédule :
    — Je n’ose en croire mes oreilles: je vois votre femme debout près de votre voiture, la tombe de mon mari se trouve { vingt pas { peine, si récente que l’herbe hésite encore à y pousser, et vous me demandez si vous pouvez venir veiller «les bons soirs», comme disent les paysans.
    Elle secoua la tête, le mouvement fit voler les boucles brunes dépassant de son chapeau de paille noire.
    — Je ne voulais pas dire. .
    — Demandez toujours à mon père. Je ne me souviens pas de l’avoir vu vraiment en colère. Toutefois, une circonstance de ce genre viendra à bout de sa bonhommie habituelle. J’aimerais voir la scène, je l’avoue.
    Sur ces mots, Elise tourna les talons pour aller se planter sur la tombe de son époux. L’homme la contempla un moment, puis regagna les siens.

    Chapitre 8

    Marie pressa le pas afin de rejoindre la rue Sainte-Geneviève. Elle aperçut la longue silhouette vêtue de noir au milieu du jardin des Gouverneurs. Mince, la femme avait ramassé ses lourds cheveux blonds sur sa nuque. La masse fauve soulevait un peu le chapeau de paille noire, l’inclinait légèrement sur ses yeux. En la rejoignant, elle posa ses lèvres sur les joues fraîches et dit:
    — Je m’excuse d’être un peu en retard. . les clientes se font nombreuses.
    — Moi-même je suis arrivée après l’heure convenue. Je me suis rendue au cimetière Belmont.
    — Pour les funérailles du notaire ?
    La grande femme acquiesça de la tête.
    — Je ne le connaissais pas vraiment, continua Marie, sauf les salutations devant l’église, le dimanche. .
    — Nous nous fréquentions en voisins. Il s’occupait des affaires de. .
    — De Thomas, je sais. Tu peux prononcer son nom devant moi, je ne ferai pas de scène.
    Un sourire en coin accompagna l’affirmation. Cette sérénité était bien nouvelle. Quelques années plus tôt, le souffle lui manquait à la moindre allusion au notable de la Haute-Ville.
    — Le notaire Dupire s’occupait des affaires de Thomas, reprit sa compagne, maintenant son fils me conseille.
    Celui-là, Fernand, a épousé Eugénie.

    — Alors, tu devais non seulement assister aux funérailles, mais te rendre aussi au cimetière pour l’inhumation, comme il convient pour un parent. Nous y allons, ou nous attendons uelqu’un ?
    Elisabeth demeura un moment silencieuse, puis elle confessa, mal { l’aise :
    — Le notaire se trouve déj{ { l’intérieur. Je. . je me sens terriblement intimidée.
    Son amie saisit son bras pour traverser la

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