Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
Vom Netzwerk:
livres.
    — Aucun notaire ne s’engagera en ce sens. Une personne mal avisée
    peut
    ruiner
    la
    meilleure
    entreprise.
    Toutefois, cette affaire est saine, je doute que vous preniez des décisions déraisonnables. Vous immobiliserez un capital important, le revenu des locations vous procurera un train de vie raisonnable.
    — Et si jamais cela ne fonctionnait plus ? Je n’ai aucune expérience.

    — Vous pourrez revendre la maison sans rien perdre.
    Mais je ne doute pas de votre réussite.
    Le rose monta aux joues de la cliente. Elle murmura avec plaisir:
    — Vous êtes la première personne à me dire cela. . à l’exception de Marie Picard. Mais elle ne me connaît pas très bien. Je n’ai jamais occupé un emploi, sauf au moment où Thomas m’a embauchée { la sortie du couvent.
    — Je vous ai vue au fil des ans. Je vous imagine sans mal dans le rôle d’une hôtesse charmante pour tous les locataires de cette maison.
    Il la laissa un moment à ses réflexions, puis demanda enfin:
    — Que ferez-vous ?
    — . . J’achète ! Cela ne donne rien de tergiverser encore.
    — Vous pourrez signer le contrat mercredi prochain.
    Mon jeune collègue est impatient de boucler cette transaction.
    — Je ferai viser un chèque afin de vous le remettre.
    Quand la femme s’apprêta { se lever, le notaire demanda :
    — Pouvez-vous me donner encore un peu de votre temps ?
    — Oui, bien sûr, consentit-elle en reprenant son siège.
    — Vous possédez une part du magasin PICARD.
    Celle-ci vous donnera un revenu d’appoint.
    La femme acquiesça, curieuse de voir où son interlocuteur voulait en venir.
    — Si jamais vous vouliez la vendre, je serais acheteur.
    — . . Croyez-vous que je devrais me départir de cette part ? La situation vous inquiète ?
    — Je ne dis pas cela, et à en juger par les rapports annuels et les chèques correspondant à sa part des profits qu’Eugénie reçoit tous les ans, cela demeure un bon placement.

    Mais si, de votre côté, vous en veniez à vouloir vous départir de cet actif, je vous serais reconnaissant de me le faire savoir.
    Un bref moment, l’image des trois autos rangées près de la maison passa dans l’esprit d’Elisabeth. Les goûts somptuaires d’Edouard l’inquiétaient parfois. Elle se ressaisit puis dit avec un sourire en coin :
    — Seriez-vous le genre de notaire à acheter les actifs d’une cliente, même si ceux-ci devenaient moins rentables?
    Pour tout de suite, vous l’avez dit, le placement est bon.
    La remarque fit rire l’homme de loi. Il se versa du thé avant de répliquer :
    — Si vous doutez de votre capacité à mener des affaires, rassurez-vous. Après cette remarque bien sensée, j’ai la preuve que vous saurez vous tirer d’affaire. Nous nous sommes parlé franchement jusqu’ici, je continuerai. Actuellement, avec la moitié des parts, Edouard gère seul l’entreprise, pour le meilleur
    et
    pour
    le
    pire.
    Eugénie,
    vous
    et
    le
    jeune Mathieu Picard possédez l’autre moitié du magasin, mais vous ne pouvez en orienter les destinées, à moins de faire front commun. À ma connaissance, aucune réunion des actionnaires n’a jamais été tenue.
    Elisabeth acquiesça d’un signe de la tête. Thomas avait administré l’entreprise sans rendre d’autres comptes que l’envoi du bilan de fin d’année. Mais { l’époque, il détenait la majeure partie du commerce.
    — Je ne détesterais pas réunir ces parts.
    — Je suis certain que votre femme aimerait me voir perdre la mienne. Toutefois, elle me vient de mon époux et j’y tiens.
    Le notaire se pencha pour se rapprocher d’elle.
    — Je ne comprends pas les raisons de l’inimitié d’Eugénie à votre égard, son attitude me paraît cruelle. Mais croyez-moi, je ne suis pas en service commandé pour elle. Mes motifs sont intéressés, bien sûr, nous parlons affaire. La rancune de mon épouse n’y joue toutefois aucun rôle.
    Elisabeth se leva en promettant :
    — Si jamais je songe à vendre, je vous en glisserai un mot. De toute façon, vous êtes mon notaire, vous serez aux premières loges pour voir l’évolution de mes affaires. Vous n’en ignorerez rien.
    L’homme la reconduisit jusqu’{ la porte de la maison.
    — Vous remercierez Jeanne pour le thé, ajouta-t-elle en sortant.
    Elle tendit la main, le notaire la prit dans la sienne.
    — Je vous reverrai donc dans quarante-huit heures.
    — Sans faute.
    Elle sortit sur ces mots en ajustant ses gants noirs.
    Fernand

Weitere Kostenlose Bücher