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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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en coin :

    — La propriétaire d’une pension de famille devrait posséder une voiture. Je pense à un petit cabriolet de couleur rouge. Une Chevrolet. .
    — Je ne sais pas conduire. Puis ce serait une dépense somptuaire.
    — Si tu peux apprendre à mener une affaire, tu feras la même chose avec une machine. Et en ce qui concerne le prix, je sais que tu peux te le permettre.
    Elisabeth marqua une pause, puis elle demanda, un ton plus bas :
    — Dois-je comprendre que tu es quelque peu. . serré?
    — Pas vraiment, mais j’ai un tantinet tiré sur mes liquidités, récemment.
    Trois
    voitures
    sont
    rangées
    contre
    la
    maison. Deux sont de trop.
    — La Ford surtout.
    Le marchand choisit de ne pas réagir devant le reproche implicite.
    — Non, je dois avoir une voiture familiale en bon état, sinon les gens vont croire que le magasin PICARD va à la banqueroute. L’erreur, c’est la Chevrolet. Mais au moment de son achat, nous pensions tous les deux que papa avait au moins vingt ans devant lui, avec toutes ses bonnes résolutions.
    La femme acquiesça d’un signe de la tête.
    — Tu as raison. Je m’excuse pour cette question. Je me mêle de ce qui ne me regarde pas.
    Elle se retira sur ces mots, sans s’engager { se muer bientôt en automobiliste.

    *****
Le dernier dimanche de juin, madame Caron s’activa devant ses fourneaux pendant la majeure partie de l’après-midi.
    Élise trouvait un peu curieux de la voir se mettre en frais de la sorte pour un seul invité, un collègue de son père, de surcroît. Dans ce genre de circonstance, d’habitude, la maîtresse de maison s’en tenait { l’ordinaire.
    L’homme arriva vers cinq heures, le docteur l’amena au salon.
    — Va les rejoindre, déclara la mère, je vais m’occuper de dresser la table.
    La jeune femme arqua les sourcils, intriguée, avant de faire comme on le lui disait. Quand elle entra dans la pièce, le visiteur quitta son fauteuil pour se tenir devant elle, visiblement un peu intimidé. La petite conspiration se révélait enfin.
    — Ah ! Voici ma fille, déclara l’hôte en se levant { son tour. Elise, voici le docteur Boisvert. Philippe Boisvert. Il a un bureau rue Saint-Jean.
    — Enchantée, monsieur, murmura-t-elle en tendant la main.
    L’étranger bredouilla quelque chose avant de reprendre sa place.
    — Vous acceptez de prendre un verre avec moi ? Bien sûr, le choix demeure très limité, mais ce reste de whisky devrait bien fournir deux verres. Elise, la bouteille de sherry de ta mère n’a pas été ouverte.
    Sans attendre de réponse, il remplit les verres.
    — Comment fais-tu ? demanda le visiteur. Te fais-tu une prescription à toi-même ?
    — J’en fais une { ma femme. Je l’imagine rougissante en train d’attendre au guichet.
    L’homme tendit les verres avant de retrouver son siège.
    — C’est pratique. Je ne peux profiter de cet avantage.
    — . . Philippe est veuf depuis plusieurs années, précisa l’hôte { l’intention de sa fille.

    Elise demeura interloquée quelques secondes, puis rougissante, elle avala la moitié de son verre.
    — Depuis bien près de dix ans, compléta l’homme.
    — Tes enfants doivent être grands, aujourd’hui.
    — Les deux garçons sont maintenant au collège. Dans les circonstances, je préfère les voir pensionnaires.
    Pendant quelques minutes, les deux hommes commentèrent les projets d’avenir des deux adolescents. En passant
    { table, la jeune femme réussit { chuchoter d’un ton de colère contenue à sa mère :
    — Vraiment, vous n’auriez pas dû faire cela.
    Des larmes perlaient à ses yeux. Elle put tout de même garder sa contenance pendant tout le repas. Le visiteur porta souvent les yeux sur les deux enfants, comme s’il se demandait si la cohabitation avec eux serait possible.

    *****
Heureusement, le visiteur ne s’attarda pas. Plaidant la longue journée du lendemain, il quitta les lieux un peu après neuf heures.
    — Tu penseras sérieusement à nos projets.
    — Bien sûr. Je vais t’en reparler bientôt.
    Peu après, l’homme passait la porte. Quand son père revint au salon, Elise lui demanda d’une voix chargée de colère :
    — Je veux te parler, seule à seul.
    La nécessité de dominer sa fureur devant cet inconnu l’avait épuisée. Elle éclaterait bientôt en sanglots.
    — Allons dans mon bureau, ce sera plus simple.
    La mère les regarda quitter la pièce, consciente de l’orage qui se préparait.

    — Comment as-tu pu

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