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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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les cartouches.
    La nouvelle employée entendait la conversation. Elle jeta un regard un peu coupable en direction du fils de sa patronne. Il la rassura d’un sourire affable.

    — Marie voudra-t-elle venir passer quelques semaines chez moi ?
    — Insistez encore un peu. Vous êtes à Québec, une visite aujourd’hui accompagnée d’un bouquet de fleurs devrait la faire fléchir. Elle meurt d’envie d’accepter.
    — Si tu es l{ pour t’occuper du magasin, elle n’a plus rien à craindre.
    — Je n’en doute pas. Surtout, Thalie demeure sans égale pour me donner des ordres. Les choses devraient aller rondement.
    Sa sœur, { quelques pas, posa ses yeux rieurs sur lui et fit un geste de la main pour imiter une personne trop bavarde.
    Mathieu saisit l’allusion.
    — Je vous remercie encore, monsieur Dubuc. Je dois maintenant retourner travailler.
    — Tu as raison, moi aussi le devoir m’appelle. Nous nous reverrons en soirée. Mes salutations à Marie. . et à toutes les autres jeunes femmes du commerce.
    — Je distribuerai les bises à votre place.
    Le jeune homme descendit ensuite pour annoncer la nouvelle à sa mère.

    *****
Après avoir reçu sa belle-mère l’après-midi, Fernand accueillit son beau-frère en soirée. Le marchand commença par s’asseoir une petite demi-heure au salon afin de parler avec sa sœur. Profitant d’une absence de son époux, celle-ci réitéra sa résolution récente au principal intéressé.
    — Aussi longtemps qu’elle sera l{, je n’ai pas l’intention de retourner dans la maison de papa. Quand je pense qu’elle a réussi à mettre la main sur la résidence familiale !
    — Depuis deux semaines, j’en suis le seul propriétaire.

    — Tu as dû lui racheter notre bien !
    Eugénie tentait de lui instiller sa révolte. Un peu après le décès, elle avait même essayé de convaincre son mari de contester le testament en son nom. «Papa était gravement malade, il ne jouissait plus de toutes ses facultés.» Toute à son indignation, elle ne voulait pas comprendre que Thomas avait suivi les usages.
    N’importe quel juge en aurait convenu.
    — Maman a été une excellente épouse pour lui, insista le jeune homme. Cette maison lui revenait.
    — Ce n’est pas ma mère.
    L’éclat de voix ramena Edouard de nombreuses années en arrière. De multiples scènes de ce genre meublaient sa mémoire.
    — Tu pourras donc partager un repas avec nous dans deux semaines. Elle va acheter une nouvelle demeure dans quarante-huit heures, et quitter les lieux le 11 juillet prochain.
    — Elle paiera cette maison avec notre argent !
    Fernand revint dans la pièce au moment où elle lançait ces mots. D’une voix sévère, il conclut:
    — Eugénie éprouve beaucoup de difficulté à saisir les notions les plus simples du droit de propriété et du droit matrimonial.
    Le rose monta aux joues de la jeune femme, elle leur présenta un visage buté, fermé à la raison.
    — Nous passons dans mon bureau? Je ne voudrais pas te retenir ici trop longtemps.
    Le visiteur troqua son siège au salon pour un autre dans la pièce voisine. Le notaire ferma soigneusement la porte, puis il offrit avant de gagner sa place :
    — Tu accepteras un whisky, sans doute.
    — Sur recommandation de mon médecin.

    Une fois les deux verres remplis, le tabellion regagna son siège et il commenta un moment la composition du nouveau cabinet provincial. A la fin, le visiteur n’y tint plus :
    — Pourquoi as-tu demandé à me voir ? Un problème avec l’héritage de papa ?
    — Non. N’en déplaise { ma charmante épouse, de ce côté-là, tout demeure en ordre. Toutefois, en regardant dans les notes de mon père, je me suis rendu compte que le pauvre homme a oublié de t’entretenir d’une question délicate. A la fin de ses jours, sa concentration laissait un peu à désirer.
    Le notaire sortit une chemise d’un tiroir, la tendit au visiteur.
    Edouard parcourut une page de format légal, puis leva les yeux, surpris.
    — Je ne comprends rien à cela.
    Un moment, il soupçonna le vertueux Thomas, si prompt à fustiger les écarts des autres à la morale sexuelle, d’avoir laissé un rejeton illégitime dans le paysage.
    — Papa aurait. . continua-t-il.
    — Non, ne va pas croire une chose pareille. Il s’agit de l’enfant d’Eugénie.
    Ces mots laissèrent le marchand médusé. Il réussit à articuler après une longue minute :
    — Tu es au courant de. . cet accident?
    — Je l’étais

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