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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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plaît, l’arrêta son père.
    La marchande ouvrit la bouche pour poser une question, puis se résolut à rester coite. Mieux valait ne pas chercher à en savoir plus tout de suite. Son hôte en serait quitte pour se rendre à cet anniversaire sans aucune compagnie.

    *****
Rue de la Fabrique, le dîner se déroulait dans une atmosphère de gaieté factice. Pendant une petite demi-heure, Catherine commenta les beautés de la ville de Québec. Quand son enthousiasme diminua un peu, personne ne trouva le moyen de relancer vraiment la conversation.
    — Mathieu ne va pas mourir, remarqua bientôt Thalie avec humeur. Pourquoi diable personne n’ose aborder le sujet de son départ?
    Comme nul n’ouvrait la bouche, elle résolut de lui demander :
    — À quoi ressemble ton nouveau chez-toi ?
    — Ça ira. Une grande chambre sous les combles. . Pas si grande que cela, mais comme ici, j’aurai un lit d’un côté, un espace de travail de l’autre.
    — Mais sans d’aussi jolies voisines que nous !
    La jeune fille englobait Françoise et Catherine dans son compliment.
    — Je serai le voisin des domestiques de la maison.

    — Il y en a beaucoup ?
    — Une jeune bonne et une cuisinière. La dernière chambre du grenier, toute petite, ira à un étudiant.
    Sa visite des lieux avait permis au jeune homme de se décider tout à fait. A la fois par goût et pour apaiser sa mère, le choix de la maison de la rue Sainte-Geneviève s’était imposé.
    — Il y aura de nombreux autres locataires ? questionna Catherine.
    — Huit ou neuf, je crois, la plupart aux étages inférieurs.
    — C’est peu, comparé { la pension Milton. Cet endroit est réservé aux hommes, je suppose.
    — Je ne sais pas. .
    Mathieu présumait que oui, au moment de la reprise des cours. Mais pendant l’été, les touristes seraient certainement des deux sexes. Les soirées passeraient sans doute plus vite ainsi.
    — Nous, nous vivons entre filles, mentionna Thalie.
    Cela rappelle un couvent.
    — Oh ! Vous avez bien plus de liberté que dans un pensionnat, commenta Françoise.
    Le monastère des ursulines lui avait laissé un mauvais souvenir. Heureuse de sortir de son mutisme, elle évoqua à son tour le prochain déménagement.
    — C’est tout de même amusant, tu habiteras chez ta tante.
    — Cela ne tient pas du hasard. Maman a bien manigancé son coup. Je lui ai annoncé mon intention de partir un mercredi ; le vendredi suivant, elle visitait cette maison avec Elisabeth.
    Gertrude demeurait silencieuse depuis le début du repas, le coin des yeux alourdi de larmes. Mathieu jeta un regard dans sa direction. Elle allongea la main pour prendre la corbeille de pain.
    — Françoise, vous en voulez un peu ? demanda-t-elle à sa voisine.

    La gentillesse du ton devait être interprétée comme une amende honorable. Elle visait essentiellement à rassurer le jeune homme sur la suite des choses.
    — Oui, merci.
    Françoise accepta l’offrande.

    *****
Paul Dubuc quitta la maison au milieu de l’après-midi, en promettant de revenir avant l’heure du souper. Marie se retrouva sur la galerie du côté de la rue, confortablement installée dans un grand fauteuil de rotin, un verre de limonade à portée de main. Amélie se tenait bien droite sur le siège voisin, boudeuse.
    — Cette histoire de sentence { purger m’a laissée songeuse tout { l’heure, remarqua la visiteuse.
    — . . Voil{ ma prison. Elle va jusqu’au trottoir.
    D’un geste ample, elle désignait la maison et la cour.
    — Il y a une seule exception : l’église. Sauf pour aller {
    la messe, je ne peux sortir de cette geôle.
    — Comment cela se fait-il ?
    — Papa m’a fait une scène épouvantable { notre retour de Québec. Tout au long du trajet, il bouillait de rage.
    Elle marqua une pause, les larmes aux yeux. Pour dissimuler son émotion, la jeune fille regarda dans la direction opposée à son interlocutrice en disant :
    — Il a utilisé des mots. . très durs.
    « Garce » et « tramée » lui résonnaient toujours aux oreilles. Bien sûr, l’homme ne lui avait pas jeté d’accusation au visage, mais il avait évoqué une «pente dangereuse».
    — Pourquoi ne me dis-tu pas exactement ce qui s’est passé ?
    Elle allongea la main pour lui effleurer l’avant-bras.
    — Selon lui, mon comportement est honteux ! Mon intérêt pour Mathieu quand j’ai appris que lui et Françoise. .

    Un mélange de colère et de honte lui serrait la gorge.
    — Puis quand nous

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