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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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avons vu votre neveu, ajouta-t-elle encore après un silence, et encore à propos de ce coureur à motocyclette. .
    Vous savez, le pauvre garçon est mort.
    Marie acquiesça d’un mouvement de tête. Les journaux avaient longuement épilogué sur le triste accident.
    Amélie protesta avec humeur :
    — Je ne suis pas une dévergondée !
    — Bien sûr que non !
    Leurs yeux se croisèrent un long moment. La visiteuse lut beaucoup de reconnaissance dans ceux de la jeune fille.
    Avec un sourire, elle demanda :
    — Quand retrouveras-tu ta liberté de mouvement ?
    — Mercredi.
    — Nous ferons alors de longues promenades. Nous aurons l’occasion de reparler de tout cela de nombreuses fois. Mais pour tout de suite, si tu le veux bien, je vais te donner un conseil.
    L’autre la dévisagea un moment, puis accepta :
    — Lequel ?
    — Même si un homme te paraît merveilleux, mieux vaut dissimuler ton. . enthousiasme.
    Amélie sourit en entendant ce mot. Il décrivait assez bien la nature de ses sentiments.
    — Tu comprends, si un garçon demeure bouche bée devant une jolie fille, tout au plus, il fera sourire. Au pire, il passera pour niais. Mais si une fille a la même attitude, elle verra sa situation ruinée.
    — . . Papa m’a dit { peu près la même chose. «Une demoiselle n’a qu’une réputation. . »
    Elle imitait assez bien son paternel au moment de ses remontrances. Un peu réconfortée, elle avala une grande gorgée de limonade. De toute façon, la sentence s’achevait.

    Chapitre 12

    Ce jour-l{, Mathieu entendait se contenter d’une valise contenant quelques vêtements. Au cours des prochains jours, il transporterait progressivement toutes les choses auxquelles il tenait, quelques-unes à la fois. Au fond, ses possessions n’étaient pas si nombreuses.
    — Cela ne se fait pas, abandonner ton amie, remarqua le jeune homme.
    — Oh ! Elle désirait vraiment dormir un peu. Tu sais, à deux dans mon petit lit, cela n’a pas été propice au sommeil.
    — Dans ce cas. .
    De la main, le garçon lui fit signe de sortir. Françoise demeurait aussi enfermée dans sa chambre, peu désireuse d’assister { ce départ. Ils parcoururent les deux étages du magasin, se trouvèrent bientôt sur le trottoir. Au moment où ils traversèrent la place d’Armes, pour rompre le silence un peu lourd, Thalie confia :
    — Je suis allée voir la pension aussi, la semaine dernière.
    Tu y seras bien.
    — Tu ne songes pas à devenir ma voisine ?
    — Non, { moins que l’Université Laval n’accepte des filles en médecine.
    — Cela ne surviendra pas avant cinquante ans, j’en ai peur. Nos élites paraissent si effrayées par toutes les innovations.
    La triste prédiction, parce qu’elle partageait la même conviction, la réduisit au silence pendant tout le reste du trajet. Ils longèrent les murs du Château Frontenac avant d’atteindre la rue Haldimand. Dans Sainte-Geneviève, Mathieu hésita au moment d’actionner la sonnette, pris tout à coup d’un trac étrange. Sa vie changerait à tout jamais : dorénavant, il serait un visiteur au sein de sa propre famille.
    La porte s’ouvrit tout de suite sur Elisabeth. Elle s’écarta pour les laisser passer en disant :
    — Entrez, je vous attendais.
    — Je suis un peu en retard.
    — Et moi beaucoup en avance. Pour tout vous dire, je me sens terriblement intimidée.
    Elle tendit d’abord la main { Thalie en affirmant:
    — Je suis très heureuse de te revoir. Marie me parle de toi avec tant de fierté. Tu nous fais rêver..
    Puis elle se tourna vers son nouveau locataire.
    — Quant à toi, Mathieu, tu es mon premier client. Cela ne pouvait mieux tomber. Tu sauras me pardonner toutes mes maladresses.
    — Je ferais bien de vous laisser.. glissa Thalie.
    — Non, s’il te plaît, reste un peu. Nous allons prendre le thé. . si tu le veux, bien sûr.
    Elle offrait le sourire contraint d’une personne qui, placée dans des circonstances nouvelles, cherche à se donner une contenance.
    — J’accepte, consentit la jeune fille.
    — Je vais d’abord vous présenter le personnel de la maison.
    Elisabeth les conduisit vers la cuisine. Deux personnes se tenaient là, inactives. La copie de la veille du Soleil traînait sur la table. La plus jeune faisait la lecture à haute voix à la plus âgée.
    Elles se levèrent { l’entrée de leur patronne.
    — Mathieu, voici Julie. .
    Elle esquissa une mauvaise révérence. A dix-huit ans, elle présentait une taille

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