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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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lui.
    — Je vous vois pour la première fois, madame Picard.
    Je veux dire dans l’exercice de mes fonctions.
    Ils se croisaient tous les dimanches sur le parvis de l’église.
    Malgré les saluts de la tête, cela n’en faisait pas des connaissances.
    — Comment puis-je vous aider ?
    — Mon notaire vient de prendre sa retraite. La personne qui a repris son cabinet me semble un peu jeune. .

    — Vous savez, madame, c’est un défaut qui lui passera assez vite, comme à nous tous.
    La situation amusait un peu le notaire. Son physique le faisait paraître plus vieux que son âge. Dans son occupation, cela inspirait confiance.
    — Je vais me remarier bientôt, dit Marie, un mélange de timidité et de fierté dans la voix.
    — Je vous félicite. Souhaitez-vous rédiger un contrat de mariage ?
    — Ma belle-sœur, Elisabeth Picard, m’a conseillé de vous voir. Elle a une très bonne opinion de vous.
    Fernand hocha la tête. La visiteuse paraissait fort intimidée.
    Un peu comme les confesseurs, les notaires recevaient des confidences parfois gênantes.
    — Je fais tout mon possible pour ne jamais décevoir mes clients. Vous souhaitez me parler de votre contrat de mariage ?
    — Savez-vous qui je suis ?
    — Vous possédez un commerce, rue de la Fabrique. Ma femme n’en est pas une cliente, mais je connais l’endroit.
    — Il me vient de mon premier mariage. J’ai eu deux enfants avec Alfred Picard. Je veux continuer de l’administrer à ma guise, et le léguer, de même que tous mes biens, à ces derniers. Est-ce possible ?
    En formulant son attente { haute voix, elle avait l’impression d’attenter { l’institution sacrée du mariage. Son interlocuteur répondit d’abord par un sourire, puis il saisit sa plume, approcha un bloc de papier.
    — Cela ne pose aucune difficulté.
    Bien des parents avantageaient leur fille au moment des épousailles, tout en se méfiant de leur gendre au point de prendre des précautions légales.
    — Bien sûr, ce sera la même chose pour mon mari. Il voudra léguer tous ses avoirs à ses filles.
    — Cela me paraît tout à fait naturel. Vous allez me décrire précisément votre situation matérielle. Cela me permettra de rédiger un contrat à votre convenance.
    Monsieur devra toutefois le signer aussi.
    — Evidemment. Dans le cas contraire. .
    Marie fit un mouvement de la main, comme pour chasser un insecte agaçant. Son indépendance n’était pas { négocier.

    * * *
    Debout devant une glace placée dans un coin du magasin, Thalie ajustait son chapeau de paille en disant :
    — Je suis désolée de partir si tôt, surtout un vendredi, mais j’aimerais lui parler avant la fermeture du cabinet de son père.
    — Je comprends, répondit Marie. De toute façon, tu seras de retour au moment où Françoise voudra manger.
    Tu prendras la relève.
    Le vendredi soir, l’affluence des clientes amenait la marchande { allonger les heures d’ouverture, parfois jusqu’{
    neuf heures. Une fois l’automne venu, elle reviendrait aux usages préconisés par l’association pour la Fermeture des commerces à bonne heure.
    — Je serai de retour dans une heure environ.
    Elle passa la porte en ajustant ses gants en dentelle. L’été demeurait magnifique.
    — Dommage, remarqua-t-elle entre ses dents, je passe toutes ces belles semaines enfermée dans la boutique.
    Certains jours, la jeune fille enviait la nouvelle liberté de son frère aîné. L’héritage reçu de son père l’autorisait aussi à passer la belle saison à revoir ses livres. Toutefois, ce serait laisser sa mère dans une situation difficile.

    Elle parcourut avec plaisir la distance jusqu’au chemin Saint-Louis, s’engagea dans la Grande Allée. Pendant des
    ;in nées, ce trajet l’avait conduite au Quebec High School. Chez les habitants de langue anglaise, la demande d’études secondaires pour les filles allait croissant. L’établissement
    «quitterait bientôt la rue Saint-Dominique afin de profiter de locaux plus spacieux.
    Thalie arriva ensuite rue Claire-Fontaine, où elle reconnut bientôt la grande résidence du docteur Caron. Sur la façade, près de la porte, elle remarqua la plaque de bronze marquée par l’oxydation. Pendant quelques années, elle avait été remisée au grenier, car une autre portant aussi le nom de Charles Hamelin occupait cette place. Le décès de ce dernier forçait le professionnel à revenir à une pratique en solitaire.
    Elle poussa la porte, pénétra dans un

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