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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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intelligente. Ou je ne devrais pas être si sotte. Mes enfants grandissent, ils vont faire leur vie, c’est normal.

    — Au lieu de tenter de faire pitié, profite de la chance qui s’offre { toi. Avec tout le bien que tu m’as dit de cet homme, tu me parais privilégiée.
    La blonde lui prit le bras, fit mine de se lever en l’entraînant avec elle.
    — Allons-nous manger ?
    Elles se dirigèrent vers un magnifique manoir dressé près des chutes, une grande bâtisse toute blanche. La première construction érigée à cet endroit, en 1781, devait abriter les amours illicites du gouverneur de l’époque. Quelques incendies, au fil des décennies, avaient modifié les lieux. Ils abritaient maintenant un restaurant.
    En se tenant par le bras, elles gagnèrent leur place dans la grande salle, attirant des regards masculins sur leur passage. Au gré des services, elles abordèrent divers sujets, évitant soigneusement celui dont elles avaient discuté précédemment.
    Puis, tout à trac, au moment du dessert, Marie conclut :
    — Je vais accepter. Tout le monde, toi, mes enfants, les enfants de Paul, se montrent du même avis. Mes hésitations deviennent ridicules.
    — Ne le fais pas pour plaire aux autres.
    — Mais moi, je suis convaincue depuis le début.
    Elles s’esclaffèrent en même temps.
    Après le repas, les deux femmes gagnèrent une grande structure un peu sommaire, située sur les grandes pelouses du manoir. Pendant la belle saison, des pièces de théâtre réjouissaient les estivants. La soirée passa bien vite.
    Au moment de revenir vers la ville, une fois la nuit tombée, Elisabeth roula lentement à la lumière des phares pour bien voir tous les obstacles. Les réverbères des rues lui permirent de se détendre un peu, une fois dans la ville.

    En traversant le pont de la rue Dorchester donnant accès à la Pointe-aux-Lièvres, elle déclara, souriante:
    — J’ai beaucoup aimé notre excursion. J’espère que tu voudras bien m’accompagner de nouveau.
    — Avec plaisir, mais la prochaine fois ce sera à mon tour de t’inviter.
    — Si tu désires apprendre, je serai même prête à me faire conduire.
    Elle ajouta, narquoise :
    — Cela, bien sûr, si le beau Paul accepte de te laisser sortir sans lui.
    — Le beau Paul, comme tu dis, prétend vouloir respecter mon autonomie.
    — C’est une denrée rare, un homme comme lui. Tu vas faire des jalouses.
    Au moment de s’arrêter devant le commerce, rue de la Fabrique, Marie leva la tête. Thalie se tenait accoudée à la fenêtre de sa chambre, afin de respirer l’air du soir. Elle la salua de la main, embrassa son amie sur la joue en déclarant :
    — Merci encore. Je suis heureuse que tu sois là. Bonne nuit.
    — Bonne nuit, Marie.
    Un peu plus tard, la marchande traversait la boutique plongée dans l’obscurité afin de regagner son logis.

    * * *
    Pour le gros œuvre, l’entrepreneur avait recruté une dizaine d’hommes sans aucune qualification. Pour un peu plus d’un dollar par jour, ils devaient creuser une tranchée
    { l’aide de pics et de pelles. De grosses pierres et du ciment permettraient d’ériger des fondations solides.

    Depuis plusieurs jours, Fernand Dupire travaillait au son des onomatopées de ces besogneux, et du choc des outils d’acier contre la terre ou les pierres. Il devait se montrer attentif afin de distinguer les coups { la porte d’entrée.
    Heureusement, ses clients demeuraient ponctuels. Il suffisait de garder un œil sur l’horloge pour leur ouvrir sans trop les faire attendre. Aussi, Marie Picard put entrer dans son bureau { l’heure dite.
    — Je me suis demandé si je me trouvais au bon endroit, déclara-t-elle en prenant place sur la chaise qu’il lui désignait.
    Tous ces ouvriers. .
    — Je vis dans un véritable chantier. Mais ne craignez rien, cela n’altère pas mes compétences professionnelles.
    — Je ne voulais pas sous-entendre. .
    La répartie la laissa un peu troublée. Heureusement, l’arrivée d’un jeune homme efflanqué dans l’embrasure de la porte procura une diversion.
    — Madame, monsieur, souhaitez-vous avoir du thé ?
    Le jeune clerc découvrait avec surprise certains à-côtés du notariat. En plus de se trouver enchaîné à une machine à écrire, il assumait quelques tâches domestiques.
    Fernand interrogea sa visiteuse du regard, elle secoua la tête de gauche à droite.
    — Merci, Louis, ce sera pour un peu plus tard.
    L’employé ferma la porte derrière

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