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Les hommes naissent tous le même jour - Crépuscule - Tome II

Les hommes naissent tous le même jour - Crépuscule - Tome II

Titel: Les hommes naissent tous le même jour - Crépuscule - Tome II Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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explosions d’un nouveau bombardement. À tout instant, Klein était dérangé par des plantons qui apportaient un pli : « Mon Général… » Au bout de quelques minutes il entraîna Menninger dans un petit bureau qu’il ferma à clé. Il s’assit, croisa les mains sur la table. Menninger, d’un mouvement de la tête, fit signe qu’il voulait rester debout.
    — Karl, votre sœur a tout fait pour que Karin la rejoigne, quitte Berlin. Nos filles lui ont écrit. J’ai téléphoné plusieurs fois. Elle a refusé.
    — Je sais, dit Menninger.
    — Si cela continue, dit Klein d’une voix sourde, il n’y aura plus de ville allemande…
    — Et plus un Allemand, murmura Menninger.
    Ernst Klein se leva brusquement.
    — Vous avez une solution, Menninger ?
    — Ce n’est pas dans mes attributions, mon Général, dit Menninger.
    Il salua, claqua des talons et sortit.
    Ernest Klein, si longtemps un modèle. Quand Inge l’avait épousé, Karl avait eu à la fois un sentiment de fierté et de jalousie. Ce jeune capitaine, son aîné de quelques années, qui ne pensait qu’à reconstruire une Reichswehr invincible, à faire de tout homme un soldat, Menninger l’avait admiré. Karin, seule hostile, craintive comme si Klein avait voulu lui voler son fils.
    Il avait réussi. Dietrich était soldat et Karin était morte. Honte au cœur de Menninger d’avoir laissé faire cela, sentiment qu’il avait trahi Karin, livré Dietrich. Peur de le rencontrer.
    Ils se virent moins d’une heure, entre deux alertes, à quelques mètres des canons de la batterie antiaérienne, les tubes d’acier encore brûlants d’avoir longuement tiré. Ils ne se regardaient pas mais leurs épaules, parce qu’ils étaient assis côte à côte sur les sacs de sable qui protégeaient l’emplacement de tir, se touchaient.
    — Pénible ? demanda Menninger.
    — Le bruit, le manque de sommeil.
    Dietrich faisait tourner son casque entre ses mains.
    — Savoir aussi, reprit-il, qu’on ne peut rien empêcher. Ils sont trop nombreux. Même si nous en touchons dix, il en reste cent.
    En Afrique, pour un tank anglais immobilisé, cent autres qui surgissaient au-dessus des dunes.
    — Je sais, dit seulement Menninger.
    Il s’interrompit. Le désir, si fort, de poser sa main sur le genou de son fils.
    Ils demeurèrent silencieux.
    L’officier qui accompagnait Menninger se présenta devant eux. « Il est l’heure, mon Général », dit-il.
    Menninger sursauta.
    — Déjà, dit Dietrich en se levant.
    Ce mot, l’un des plus beaux que Menninger ait entendus. Ils hésitèrent, face à face, puis Menninger serra Dietrich contre lui.
    Entre eux Karin présente qu’ils n’avaient pas nommée.
    Dietrich plus jamais vu depuis. Des lettres brèves du front d’Italie. L’espoir de le rencontrer quand Menninger avait été affecté au début du printemps 1944, commandant du secteur de Cherbourg, puis le débarquement allié, les combats dans les haies et les vergers, le long de ces routes de Normandie où en juin 1940 Menninger roulait dans le char de tête de la colonne de panzers. Et de ces jours exaltés par la victoire, voilà qu’il ne restait plus à Menninger que le souvenir de cet officier français, abattu, conformément aux lois de la guerre, après trois sommations, après que Haupt lui eut laissé le temps de choisir entre la vie et la mort, mais tué cependant, cet homme, l’un des meilleurs. Folie, Folie.
    Le soleil brusquement qui ouvrait le paysage, dévoilait la route, obligeait Menninger à regarder. La forêt commençait à s’éclaircir, interrompue de place en place par le damier des champs.
    La voiture continuait de rouler très lentement. Berthold freinant souvent, semblant aller d’un côté à l’autre de la route. Menninger se redressa, distingua au milieu de la chaussée, un corps étendu, que Berthold évitait, passant à droite, montant avec la roue avant sur le talus.
    — Arrêtez-vous, dit Menninger.
    — Depuis que je les vois sur la route, j’en ai compté dix-sept, mon général, dit Berthold.
    Il posa la tête sur le volant.
    — Dans le brouillard, j’ai dû en écraser, reprit-il d’une voix basse.
    Menninger descendit.
    Le feldwebel Hans Berthold indique dans son rapport qu’il n’avait pas remarqué si le général Menninger avait déjà son arme à la main quand il avait quitté la voiture.
    Berthold affirme que, pour sa part, il est resté au volant, profitant de l’arrêt pour

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