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Les hommes perdus

Les hommes perdus

Titel: Les hommes perdus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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un peu plus de deux cents morts ou blessés chez les rebelles, presque tous des royalistes portant sur l’uniforme bleu le collet noir ou vert ; cent cinquante, à peu près, parmi les défenseurs de la Convention, des patriotes en majorité, tombés pour la plupart devant Saint-Roch.
    L’Assemblée parut vouloir prendre des mesures énergiques. Elle commença par destituer Raffet et l’état-major de la garde nationale, mit celle-ci sous les ordres du général commandant l’armée de l’intérieur, c’est-à-dire, pour le moment, Barras. On décréta en outre que les compagnies de grenadiers et celles de chasseurs, où foisonnaient les jeunes gens à cadenettes, seraient dissoutes ; les sections Le Pelletier et du Théâtre-Français, désarmées. Enfin on forma trois commissions militaires pour juger les coupables.
    Les quatre premières décisions s’exécutèrent sans difficulté. Quant à la cinquième, pure pantalonnade. Pour juger les responsables de la révolte, il aurait fallu d’abord les arrêter. On s’en gardait. Danican, Delalot avaient disparu. Batz aussi, une fois de plus. Richer-Sérizy se cachait à peine. Lezay-Marnésia était chez M me  de Staël, à Saint-Gratien. Lacretelle jeune, chez Boissy d’Anglas. Lebois et Lafond-Soulé, capturés les armes à la main, n’embarrassaient que trop. On aurait bien voulu les acquitter. Pas moyen. Intrépides devant les juges comme ils l’avaient été devant les canons, ils se glorifiaient de leurs actes. Il fallut se résoudre à les sacrifier. Leurs têtes tombèrent sur la place de Grève. Toutes les autres condamnations furent prononcées par contumace. On relâcha purement et simplement Menou pour ne point accuser avec lui Laporte et les deux autres représentants dont la faiblesse à l’égard du général n’était pas moins coupable que son incurie.
    Les agents royalistes avaient cru d’abord tout perdu. Le 14 vendémiaire, Brottier, La Villeurnoy, de leurs refuges, écrivaient à Vérone pour rejeter sur leurs complices, sur les intermédiaires, sur les muscadins, la responsabilité du désastre : « Les députés monarchiens dont nous avions les promesses nous ont trompés, ils ont joué un jeu infâme ; c’est une race jacobinaire à laquelle il ne faut pas se fier… On n’a pas assez compromis ceux qui voulaient servir la cause… Les royalistes de Paris, à collet noir, à collet vert, à cadenettes, qui étalaient leurs fanfaronnades aux foyers des spectacles, sont allés, aux premiers coups de fusil, se cacher sous le lit des femmes qui souffrent de pareils poltrons. » L’arrestation de Lemaître, enfin exécutée, la saisie du reste de ses papiers fort embarrassants pour les conventionnels monarchiens, portaient le désarroi dans leur camp. Bordas obtint, comme il s’y était engagé, la publication de la fameuse lettre par laquelle Antraigues annonçait que de grands services rendus aux héritiers de Louis XVI pourraient racheter la participation à sa mort, et ce fut encore un rude camouflet pour la conjuration. L’immobilité de Pichegru, dont Montgaillard n’obtenait toujours rien, ne laissait aucun espoir du côté de la frontière. Tout le complot semblait à bas. Mais voilà que la Convention, au lieu de parachever la défaite, hésitait, reculait. Elle ne sévissait pas, ne poursuivait même pas les rebelles. Elle n’osait pas écraser ses ennemis vaincus. C’est donc qu’elle ne se sentait pas sûre d’elle-même, qu’elle craignait l’opinion. Aussitôt les meneurs retrouvèrent toute leur assurance. Batz, saisi par hasard le 16, ne balança point à porter plainte devant un juge de paix, pour arrestation illégale, et à sommer, par ministère d’huissier, la Convention de le faire élargir sur-le-champ.
    « On ne voit aucune justice », notait Claude, le 18 vendémiaire, dans un article pour La Sentinelle. « Il y a eu crime contre la nation, et non seulement les criminels ne sont point châtiés, mais encore ils se montrent dans les salons, par la ville, plus arrogants que jamais. Est-il vrai que l’un des membres du comité insurrectionnel, le ci-devant comte de Castellane, ait osé répondre au Qui vive ! d’une patrouille : Castellane, contumace, et que les gardes nationaux se soient contentés de rire à cette saillie ? Est-il vrai que le complice de Dumouriez, Miranda, devenu l’un des plus fougueux orateurs des assemblées royalistes, condamné lui aussi pour la forme,

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