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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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divisait les familles !
    Beaucoup de réfugiés, surtout à la première
heure, arrivaient dénués de tout.
    Au mois de septembre 1685, les pasteurs de
Vevey mandent à Berne que soixante et un fugitifs, évitant les
cruautés des gens de guerre du roi, viennent d’arriver :
« ils sont venus, disent-ils,
avec leurs corps
seulement
, n’ayant apporté la plupart que leur seul habit et
la chemise qui s’est trouvée sur leur corps. »
    Sur la terre d’exil, le conseiller Beringhen,
beau-frère du duc de la Force, pouvait dire : « Je suis
mari sans femme, père sans enfants, conseiller sans charge, riche
sans fortune ». Madame Cagnard, parvenue à gagner la Hollande
avec ses deux filles, n’eut d’autre ressource pour vivre que le
produit de la vente d’un collier de perles, seul reste de son
opulence passée. – Henri de Mirmaud arrive à Genève avec ses deux
petites filles et un vieux serviteur, ne possédant plus que quatre
louis d’or ; c’était la même somme qui restait à
Mlle de Robillard, quand elle fut débarquée le soir, sur
une plage déserte en Angleterre, avec ses quatre jeunes frères et
sœurs. M. de la Boullonnière, dit une relation, qui était
fort voluptueux et aimait ses aises, dut se faire, en Hollande,
correcteur de lettres et travailler
à cœur crevé
, pour
gagner vingt sous par jour. Le baron d’Aubaye, ayant abandonné
25.000 livres de rentes, n’avait en poche que trente pistoles.
Madame d’Arbaud, qui avait 18 000 livres de rente, arrive dénuée à
l’étranger avec neuf enfants dont le plus jeune avait sept ans.
    Dans sa relation d’un voyage fait par lui à
Ulm, un ministre dit : « Le bourgmestre m’avoua qu’il
était vrai qu’on refusait l’entrée de la ville à ceux de nos
réfugiés qu’on croyait être sur le pied de mendiants, que c’était
parce que quelques semaines auparavant une troupe d’environ deux
cents personnes s’étant trouvée coucher à Ulm, la nuit du samedi au
dimanche, le dimanche matin cette grande troupe se trouva à la
porte de l’église, lorsque l’assemblée se formait, et que lui-même,
touché de l’état de tant de pauvres gens, avait exhorté l’assemblée
à la charité ; que cela avait produit des aumônes
considérables à l’issue de la prédication ; mais, que ces
gens, non contents de cela, répandus ensuite par toute la ville,
allant clochant et mendiant, que cela avait duré trois ou quatre
jours, que la bourgeoisie, non accoutumée à cela, avait été obligée
de faire prendre des mesures pour l’éviter. – Il ajouta que deux
choses l’avaient fort touché, la première de voir tant de peuple
sans conducteur, et sans que quelqu’un entendit l’allemand ou le
latin, la seconde que ces pauvres gens
paraissaient tous
muets
,
ne faisaient que tendre la main avec quelque son de
bouche non articulé
, qu’il n’avait jamais si bien compris
qu’alors que la diversité de la langue fût une si grande
incommodité. »
    Les Puissances protestantes, comprenant quelle
chance inespérée c’était pour elles, d’hériter des meilleurs
officiers de terre et de mer, des plus habiles manufacturiers,
ouvriers et agriculteurs de la France, rivalisèrent de zèle
charitable, en présence du flot sans cesse grossissant des
émigrants arrivant la bourse vide, et parfois la santé perdue par
suite des fatigues et des privations de la route.
    La Suisse multiplia ses sacrifices sans se
lasser, et Genève, après avoir pendant dix ans hébergé les
innombrables fugitifs qui la traversaient pour se rendre dans les
divers États protestants de l’Europe, finit par garder trois mille
réfugiés qui s’établirent définitivement chez elle. La Hollande
donna aux fugitifs des maisons, des terres, des exemptions d’impôt,
et créa de nombreux établissements de refuge pour les femmes. – Le
Brandebourg fit des villes pour nos réfugiés. L’Angleterre s’imposa
pour eux des sacrifices considérables. Un comité français, établi,
à Londres, répartissait entre les réfugiés les sommes allouées à
l’émigration ; les rapports de ce comité constatent que des
secours hebdomadaires étaient donnés à 15500 réfugiés en 1687, à 27
000 en 1688.
    Ce n’était pas seulement par zèle charitable,
c’était aussi par intérêt que certaines puissances attiraient les
réfugiés chez elles en leur offrant des terres et des exemptions
d’impôt, des avantages de toute sorte, c’est ainsi que pour

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