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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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interjeta
appel de l’arrêt, et, après deux années d’emprisonnement, on le
tira de son cachot, et, placé dans une chaise à porteurs, les yeux
bandés, il fut conduit, non aux galères, mais à la frontière avec
ordre de ne jamais rentrer en France.
    Comme il se faisait un grand commerce de
faux
passeports, le gouvernement se montra impitoyable
pour les vendeurs de ces
faux
passeports et fit pendre
tous ceux qu’il découvrit ; des fonctionnaires complaisants en
vendirent de vrais à beaux deniers comptants, mais le plus souvent
c’était avec des passeports délivrés régulièrement à des
catholiques que les huguenots franchissaient impunément la
frontière. Mme de la Chesnaye, ayant le passeport d’une
servante catholique fort couperosée, était obligée, pour répondre
au signalement de ce passeport, de se frotter tous les matins le
visage avec des orties. Chauguyon et ses compagnons voyageaient
avec un passeport délivré par le gouverneur de Sedan à des
marchands catholiques se rendant à Liège ; avec ce passeport
ils franchirent un premier poste de garde-frontières, mais ils
furent arrêtés par un second plus soupçonneux. Les surveillants
étaient, du reste, toujours en crainte d’avoir laissé passer des
fugitifs avec un passeport faux ou emprunté et c’est cette crainte
qui assura le succès de la ruse employée par
M. de Fromont, officier aux gardes. Accompagné de
quelques religionnaires, déguisés en soldats, il se présente à la
porte d’une ville frontière et demande si quelques personnes n’ont
point déjà passé. Oui, répond le garde, et avec de bons passeports.
Ils étaient
faux
 ! s’écrie Fromont et j’ai ordre de
poursuivre les fugitifs ! Sur ce il se précipite avec ses
compagnons, et on les laisse tranquillement passer. Pour passer à
l’étranger, sous un prétexte ou sous un autre, des religionnaires
obtenaient qu’on leur délivrât un passeport ; ainsi le
seigneur de Bourges, maître de camp, grâce au certificat que lui
délivre un médecin de ses amis, obtient un passeport pour aller aux
eaux d’Aix-la-Chapelle, soigner sa prétendue maladie ; la
frontière passée, il va se fixer en Hollande. Pour éviter de
semblables surprises, on ne délivre plus de passeports que sur
l’avis conforme de l’évêque et de l’intendant, et l’on exige de
celui qui l’obtient, le dépôt d’une somme importante,
comme
caution de retour
. On en vint à mettre, pour ainsi dire, le
commerce en interdit, en obligeant les négociants à acheter la
permission de monter sur leurs navires pour aller trafiquer à
l’étranger, au prix de dix, vingt ou trente mille livres. La
caution n’était pas toujours, quel que fût son chiffre, une
garantie absolue de retour ; ainsi le célèbre voyageur
Tavernier ayant dû acheter 50 000 livres la permission d’aller
passer un mois en Suisse, fit le sacrifice de la caution qu’il
avait déposée et ne repassa jamais la frontière.
    On veut obliger les huguenots à se faire
les inspecteurs de leurs familles et les garants de leur résidence
en France. Un raffineur de Nantes, dont la femme
ne paraissait
pas
depuis quelque temps, est obligé de donner caution de
mille livres que sa femme reviendra dans le délai d’un mois. Le
préfet de police d’Argenson, ne consent à faire sortir de la
Bastille Foisin, emprisonné comme
opiniâtre
, que s’il se
résigne à déposer deux cent mille livres de valeurs, comme garantie
que, ni sa femme, ni ses enfants ne passeront à l’étranger.
D’Argenson conseille d’attribuer l’emprisonnement de Foisin à cette
cause qu’il aurait été
présumé complice
de l’évasion de sa
fille. Il ne serait pas inutile, ajoute-t-il, que les protestants,
appréhendant de se voir ainsi impliqués et punis pour les fautes de
leurs proches, ne se crussent obligés de les en détourner et ne
devinssent ainsi les inspecteurs les uns des autres.
    À Metz, dit Olry, on rendait les pères
responsables de leurs enfants, on mit dans les prisons de la ville
plusieurs pères, gens honorables, voulant qu’ils fissent revenir
leurs enfants. À Rouen, de Colleville, conseiller au parlement, fut
emprisonné
comme soupçonné
de savoir le lieu de retraite
de ses filles.
    Non seulement on tentait d’obliger les parents
à faire revenir leurs enfants lorsqu’ils les avaient mis à couvert,
mais encore, on retenait les familles à domicile, sous la
surveillance ombrageuse de l’administration et du

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