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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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mesures de précaution
qu’il avait cru devoir prendre en vue d’une révolte dans les
Cévennes.
    En 1746, des vaisseaux anglais se montrent sur
la côte du Languedoc, et l’on annonce au gouvernement que des
émissaires étrangers vont s’entendre avec les huguenots du Midi.
L’intendant fait sonder les intentions des protestants du Midi, et
treize pasteurs protestent énergiquement de leur fidélité à la
France. Viala écrit : « Dieu nous est témoin qu’il ne se
passe rien dans nos assemblées qui tende le moins du monde à
troubler la tranquillité de l’État, et je ne connais aucun
protestant dans ce pays, capable de favoriser les
Anglais. »
    Paul Rabaut écrit de son côté au
ministre : « En conscience, et comme devant Dieu qui
sonde les cœurs et les reins, je puis vous assurer, monseigneur,
que je n’ai jamais eu de liaison personnelle, de commerce de
lettres, de correspondance directe ou indirecte avec les Anglais,
que je n’ai jamais vu ni connu, encore moins introduit et favorisé
des émissaires des cours de Londres, de Vienne et de Turin, et que,
si l’une ou l’autre de ces cours m’en adressait quelqu’un qui fût
destiné et employé à renverser le système de la France, à exciter
de nouveaux troubles dans notre royaume,
à armer les
protestants français contre les catholiques français
,
la
France contre la France
, je me conduirais à son égard de la
manière qu’un bon patriote, un véritable chrétien, un pasteur
religieux, devrait alors se conduire. »
    Rabaut avait d’autant plus de mérite à faire
cette patriotique protestation que dans le même moment de nouvelles
persécutions étaient exercées contre les protestants « rendus
infiniment plus malheureux disait-il, au milieu du peuple de France
que ne le sont les Juifs au milieu des peuples les plus
barbares. » Ce qui passe l’imagination, c’est de voir les
huguenots, pour lesquels les persécutions ne ralentissaient pas,
sous Louis XIV comme après lui, que lorsque une guerre avec
l’étranger ôtait au gouvernement la libre disposition de ses
troupes, aller jusqu’à prier pour leur persécuteur et pour ses
succès militaires.
    En 1744 même, les synodes des Cévennes et du
Languedoc prescrivaient un jeûne solennel pour demander à Dieu la
conservation du roi et la prospérité de ses armes.
    Le système de
moutonnerie
chrétienne
prêché par les pasteurs à leurs fidèles, était de se laisser
dépouiller, brigander et égorger sans résistance ; un tel
système non seulement interdisait absolument aux nouveaux convertis
de songer à seconder une tentative armée des réfugiés, mais encore
devait les amener jusqu’à blâmer la conduite de ceux qui s’étaient
soustraits par la fuite à l’étranger, aux violences des
convertisseurs.
    Voici, en effet, la lettre pastorale qui était
adressée en 1782 aux huguenots de Cuère : « Faites en
sorte qu’aucun de vos concitoyens ne vous surpasse en patriotisme,
disputez-leur à tous la gloire d’aimer et de servir votre prince…
plus vous serez utiles à la France, plus elle sentira qu’elle doit
vous accorder une tolérance fondée sur les lois. Il est d’autres
pays où vous pourriez suivre les mouvements de votre cœur, célébrer
la bonté de Dieu comme il vous a paru digne de lui. Malgré cela,
n’ayez jamais de projet pour vous éloigner de votre pays,
gardez-vous de porter vos talents et vos arts chez vos
voisins
,
ce serait tendre à faire naître la misère dans
notre province
,
ce serait vous exposer à devenir un jour
les ennemis de votre patrie
,
à porter les armes contre
elle
,
à verser le sang de vos frères
. »
    Il fut heureux pour la cause de la liberté de
conscience, que les gouvernants ne se rendissent pas compte, de ce
que la théorie de l’obéissance absolue au prince, prêchée par les
pasteurs, leur eût tout permis, sans lasser
la patience de
huguenot
des persécutés.
    Mais le souvenir de l’insurrection des
Cévennes hantait la cervelle des gouverneurs et des
intendants ; chaque fois que la France était attaquée par ses
ennemis, on interrompait les persécutions, dans la crainte de voir
les huguenots suivre l’exemple des terribles montagnards qui
avaient tenu en échec les armées du grand roi.
    Sauf le parti militaire de l’émigration, les
réfugiés, ainsi que les nouveaux convertis, n’attendaient la
restauration du culte protestant en France que d’un changement de
politique qui serait

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