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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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[4] et insatiables, et voici le portrait que
fait Paul-Louis Courrier de cette réunion de truands de haute
volée : « Quand le gouverneur d’un roi enfant dit à son
élève jadis : Maître, tout est à vous, ce peuple vous
appartient, corps et biens, bêtes et gens, faites-en ce que vous
voudrez, cela fut remarqué. La chambre, l’antichambre et la galerie
répétaient : Maître, tout est à vous, ce qui, dans la langue
des courtisans ; voulait dire
tout est pour nous
, car
la cour donne tout aux princes, comme les prêtres tout à
Dieu ; et ces domaines, ces apanages, ces listes civiles, ces
budgets ne sont guère autrement pour le roi, que le revenu des
abbayes n’est pour Jésus-Christ… ».
    À la cour, tout le monde sert ou veut servir.
L’un présente la serviette, l’autre le vase à boire, chacun reçoit
ou demande salaire, tend la main, se recommande, supplie… mendier
n’est pas honte à la cour, c’est toute la vie du courtisan… Aucun
refus, aucun mauvais succès ne lui fait perdre courage. Il n’est
affront, dédain, outrage, ni mépris qui le puissent rebuter.
Éconduit il insiste, repoussé il tient bon, qu’on le chasse, il
revient, qu’on le batte, il se couche à terre. –
Frappe
,
mais écoute
,
et donne
 ; on est encore à
inventer un service assez vil, une action assez lâche, pour que
l’homme de cour, je ne dis pas s’y refuse, chose inouïe,
impossible, mais n’en fasse point gloire et preuve de
dévouement.
    Mais le trésor royal de Louis XIV avait fini
par s’épuiser par suite de ses folles dépenses et des largesses
faites aux courtisans, et au moment où tomba la manne des
confiscations huguenotes, on ne pouvait plus répéter après
Mme de Sévigné « il ne faut pas désespérer, quoique
on ne soit pas le valet de chambre du roi, il peut arriver, qu’en
faisant sa cour,
on se trouve sous ce qu’il
jette
. »
    Il était temps pour tous ces mendiants titrés,
tonsurés ou mitrés, que le roi les appelât à la curée protestante,
digne couronnement des dragonnades. Ce fut un spectacle écœurant,
et, quelque bas que fût déjà le niveau de la moralité publique, il
baissa encore à la suite de cette curée ; des moines, des
évêques, des gentilshommes se disputent la succession des
consistoires ; les capucins de Corbigny demandent, non
seulement les matériaux du temple, mais, les vases d’argent et les
deniers appartenant au consistoire. À Marennes, les capucins
demandent la cloche du temple. L’évêque de la Rochelle demande pour
son chapitre, les biens de M. de la Forest. L’évêque de
Laon obtient sur les biens des fugitifs trois mille livres pour les
maîtresses d’école de son diocèse. L’évêque de Gap qui veut achever
son palais épiscopal, écrit : « Je n’ose pas vous
importuner de mes bâtiments, cependant,
si
,
par le
moyen des biens confisqués
,
vous trouviez le moyen de
loger un évêque sur le pavé
, je vous en aurais beaucoup
d’obligations. » L’évêque de Meaux demande le produit de la
démolition des temples de Nanteuil et de Morcerf, pour l’hôtel-Dieu
et l’hôpital général de Meaux.
    L’abbé de Polignac reçoit en don du roi les
biens du fils de Ruvigny, devenu duc de Galloway. La fortune du
marquis d’Harcourt est donnée à l’abbé Feuquières, neveu de
Madeleine Arnaud. Un officier de marine, la Gacherie, demande les
biens d’un protestant qu’il prétend être mort relaps ; la même
demande avait été faite antérieurement par les religieuses de la
visitation et avait été repoussée, en présence d’un certificat de
médecin constatant que le défunt, quelques jours avant sa mort,
était tombé dans une paralysie générale.
    Il n’y a pas jusqu’au cocher de
Madame
qui ne vienne demander le bien d’un huguenot dont
le fils est ministre en Angleterre.
    Quant à l’intègre de Harlay, voici comment il
sut se faire donner par le roi, la somme que son ancien ami de
Ruvigny, lui avait confiée avant de partir pour l’Angleterre.
    « Le vieux Ruvigny, dit Saint-Simon,
était ami d’Harlay, lors procureur général, et, depuis, premier
président, et lui avait laissé un dépôt entre les mains, dans la
confiance de sa fidélité. Il le lui garda
tant qu’il n’en put
abuser
 ; mais quand il vit l’éclat, il se trouva
modestement embarrassé entre le fils de son ami et son maître à
qui il révéla humblement sa peine
. Il prétendit que le roi
l’avait su d’ailleurs. Mais

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