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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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le fait est
qu’il le dit
lui-même
, et que, pour récompense,
le roi le lui donna
comme bien confisqué
, et que cet hypocrite de justice et de
vertu, de désintéressement et de rigorisme,
n’eut pas honte de
se l’approprier
et de fermer les yeux et les oreilles au bruit
qu’excita cette perfidie. »
    De Louville, gentilhomme de l’Anjou qui devait
dix mille livres à de Vrillac, trouve cet honnête prétexte pour ne
pas rembourser son créancier, que de Vrillac
pourrait employer
cette somme à préparer son évasion à l’étranger
.
    De Marsac, enseigne de vaisseau, présente un
placet au roi pour demander la remise d’une rente due
par
lui au sieur Boisrousset, pour ce motif que les parents de son
créancier
ne font pas leur devoir de catholiques
.
    Les parents des réfugiés ne sont pas moins
âpres à la curée que les étrangers ; de la Corte, officier de
marine, signale son oncle comme fugitif et demande ses biens ;
Mme Jaucourt de la Vaysserie gagne la prime promise aux
délateurs, en dénonçant son mari et ses filles qui cherchaient à
sortir du royaume ; Mlle Vaugelade se fait allouer une
pension sur les biens séquestrés d’une de ses parentes.
    Henri de Ramsay, pour prix de sa conversion
s’était fait donner les biens de son père, de sa mère et de ses
oncles de Rivecourt passés à l’étranger et était ainsi devenu un
des seigneurs
les plus riches
du bas Poitou. Cependant il
laissait son père et sa mère
mourir dans le dénuement
, et
refusait même de rembourser à son oncle 35 louis, que celui-ci
avait avancés pour faire sortir son père, de la prison pour dettes
de Maëstrich.
    Le fils de Mme de Saintenac qui
avait, grâce à la loi des confiscations, hérité, par avance, de
l’immense fortune de sa mère, laissait celle-ci
sans
secours
à l’étranger, et à sa mort il refusa de
payer les
dettes
qu’elle avait laissées.
    Fontaine, réfugié en Angleterre, met sa
signature au bas d’une feuille de papier timbré et l’envoie à un de
ses parents restés en France, pour qu’il pût vendre ou louer son
domaine. (Je lui faisais observer, dit Fontaine, qu’il serait
nécessaire de dater cet acte d’une époque antérieure à mon départ
de France, cette condition étant indispensable pour empêcher de
confisquer ma propriété). Ce bon parent suivit ces instructions
pour son propre compte, il s’établit dans la maison de Fontaine
devenue sa propriété en vertu d’un acte de vente en bonne forme et
le pauvre réfugié n’entendit plus jamais parler de lui.
    Le testament d’Alice de Cardot, léguant tous
ses biens à son neveu de Vignolles, ayant été cassé et sa fortune
confisquée, ce fut alors parmi les parents, nouveaux convertis de
la défunte, à qui se salirait de plus de turpitudes pour se faire
adjuger cette riche proie. – Bien qu’un des concurrents eût obtenu
de Fléchier un certificat constatant qu’il était digne des bontés
du roi, Bâville mit fin à ce combat de vautours autour d’un
cadavre, en faisant décider que, provisoirement, l’héritage serait
adjugé à l’hôpital général de Nîmes.
    Il serait facile de multiplier les exemples de
cette nature, ceux que j’ai cités suffisent pour édifier mes
lecteurs.
    La politique de l’ostracisme des faveurs,
suivie contre les huguenots par Louis XIV, après Mazarin et
Richelieu, politique dont l’habileté est moins contestable que
l’honnêteté, avait eu, du moins, un résultat heureux au point de
vue de la tranquillité du royaume ; elle avait ramené au
catholicisme toutes les grandes familles, la noblesse de cour, tous
les ambitieux de pouvoir et d’honneurs, tous ceux, en un mot, pour
qui la question religieuse n’avait été considérée que comme un
moyen de parvenir ; quant à la bourgeoisie protestante, voyant
toutes les carrières publiques se fermer peu à peu devant elle,
elle s’était consacrée aux professions libérales, au commerce,
l’industrie et à l’agriculture, et s’était désintéressée de la
politique. Les pasteurs qui avaient succédé aux seigneurs dans la
direction du parti protestant, non seulement n’avaient rien de
l’esprit turbulent de la noblesse, mais encore avaient fait
accepter par leurs co-religionnaires cette dangereuse doctrine que
désobéir au roi c’était désobéir à Dieu même.
    La transformation du parti protestant,
autrefois si remuant, en une pacifique secte religieuse explique
comment, depuis la prise de la Rochelle,

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