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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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le roi de France avait
toujours trouvé dans les réformés ses sujets les plus fidèles et
les plus sûrs. Les huguenots avaient refusé de s’associer à la
révolte du catholique Montmorency, et vingt ans plus tard, lors des
troubles de la Fronde, ils étaient restés sourds aux appels de
l’ancien chef du parti protestant, le prince de Condé.
    Louis XIV, en confirmant l’édit de Nantes,
disait : « Nos sujets de la religion réformée nous ont
donné des preuves de leur affection et fidélité, notamment dans les
circonstances présentes » ; et en 1666, écrivant à
l’électeur de Brandebourg, il affirmait encore ses bonnes
dispositions en faveur des réformés « pour leur témoigner,
disait-il, la satisfaction que j’ai eue de leur obéissance et de
leur zèle pour mon service depuis la dernière pacification de
1660 ».
    Mais, moins les protestants devenaient
dangereux pour la tranquillité du royaume, plus chacun croyait
pouvoir tenter contre eux.
    Le clergé n’étant plus contenu par la crainte
d’une révolte possible des réformés, pressait de plus en plus
vivement chaque jour le roi de prendre les mesures nécessaires pour
faire périr le plus promptement possible le protestantisme.
    « Si vous cherchez, dit Rulhières, dans
la collection du clergé cette longue suite de lois, toujours plus
sévères contre les calvinistes, que, de cinq ans en cinq ans, à
chaque renouvellement périodique de ses assemblées, il
achetait
du Gouvernement, vous y observerez que ses
demandes avaient quelque modération
tant que les calvinistes
pouvaient être redoutés
, mais qu’elles tendirent vers une
persécution ouverte
aussitôt qu’ils devinrent des citoyens
paisibles
. »
    Les cléricaux sont donc mal fondés à prétendre
que, par leur esprit remuant et indiscipliné, les protestants ont
mis Louis XIV dans la nécessité de tenter la réalisation de cette
utopie : le retour du royaume à l’unité de foi religieuse.
    C’est une erreur tout aussi injustifiable que
commet le fouriériste Toussenel quand il déclare que Louis XIV
s’est montré grand homme d’État, en voulant supprimer le
protestantisme, ami de la féodalité et constituant un insurmontable
obstacle à l’unité de la France.
    Les protestants, depuis la prise de la
Rochelle, ne constituaient plus un État dans l’État, et Louis XIV
les persécuta, non par politique, puisqu’ils étaient devenus ses
plus fidèles sujets, mais pour raisons purement religieuses.
    « Louis, le modèle des rois, dit
Paul-Louis Courier, vivait, c’est le mot, à la Cour, avec la femme
Montespan, avec la fille La Vallière, avec toutes les femmes et les
filles que son bon plaisir fut d’ôter à leurs maris, à leurs
parents. C’était le temps alors des mœurs, de la religion, et
il communiait tous les jours
. Par cette porte entrait sa
maîtresse le soir, et le matin son confesseur. »
    La besogne était rude pour le confesseur, dit
Michelet, car le roi possédait
publiquement
à la fois
trois femmes ; la reine, La Vallière et la Montespan,
elles communièrent ensemble
,
à
Notre-Dame de
Liesse, la reine récemment accouchée, La Vallière grosse de six
mois, la Montespan dans les premiers troubles d’une grossesse. Il
fallut remplacer le père Amat qui avait des scrupules, par le père
Ferrier, puis par le père Lachaise, deux jésuites qui trouvèrent
tout naturel que le roi prononçât la séparation de corps et de
biens entre M. de Montespan et sa femme, qu’il fît
légitimer ses bâtards
du vivant de la reine
, etc., et
surent, pendant vingt ans, concilier les exigences de l’Église avec
celles des passions du roi.
    Pour mettre sa conscience en tranquillité,
Louis XIV qui avait beaucoup de péchés à expier établissait une
sorte de compensation entre le bien qu’il obligeait ses sujets à
faire et le mal qu’il faisait lui-même. C’est ainsi que ce prince,
doublement adultère, rendait une ordonnance portant mutilation du
nez et des oreilles pour les filles de mauvaise vie et motivait
ainsi une déclaration contre les blasphémateurs :
« Considérant qu’il n’y a rien qui puisse davantage attirer la
bénédiction du ciel sur notre personne et sur notre État que de
garder et faire garder par tous nos sujets inviolablement
ses
saints commandements
et faire punir avec sévérité ceux qui
s’emportent à cet excès de mépris que de blasphémer, jurer et
détester son saint nom, ni proférer aucune parole

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