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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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Nos
pères avaient leur droit en ceux qui étaient déjà, et étaient
publics et
communs
. Ne nous ont-ils pas laissés héritiers
de leurs droits en cela,
aussi bien qu’en cet air français que
nous humons
, aussi bien qu’en ces villes que nous hantons,
aussi bien qu’en ces maisons que nous habitons ? »
    Aujourd’hui encore, nous voyons sans cesse de
graves difficultés se produire par suite de la prétention de
l’Église catholique de faire inhumer
à part
, tous ceux,
catholiques ou non catholiques, qu’elle n’a pas pu ou voulu
enterrer religieusement. Cette prétention se base sur ce qu’elle
aurait fait
siens
, les cimetières, propriétés communales,
en leur donnant une bénédiction générale qui aurait transformé leur
sol
en
terre sainte.
    Dans un certain nombre de localités on a cru
prévenir le retour de difficultés de ce genre, en attribuant à
chaque culte différent, une portion du cimetière, mais cette
solution n’est pas satisfaisante, car le mort peut n’avoir, de son
vivant, appartenu à aucun culte. La ville de Paris a trouvé la
vraie solution du problème. Elle a astreint, le clergé catholique à
bénir chaque fosse
isolément
, à ne plus étendre sa
bénédiction au cimetière tout entier. De cette façon, catholiques,
protestants, juifs, libres penseurs, sont enterrés côte à côte et
non plus
à part
, et le cimetière est vraiment ce qu’il
doit être, le lieu de repos commun pour tous les morts.
    L’Église n’admettant pas
la
tolérance
, même pour les morts, les cléricaux de la chambre
des députés faisaient preuve d’illogisme en 1885, lorsqu’ils
demandaient, à l’occasion de la proposition d’inhumer Victor Hugo
au Panthéon, que cet édifice continuât à être consacré à l’exercice
du culte catholique.
    M. Goblet leur répondait avec
raison : « Ce grand esprit était profondément religieux.
Je rappellerai cet admirable testament dans lequel, tout en
répudiant tous les dogmes et en déclinant les prières des prêtres,
il proclamait sa foi en Dieu ; mais parce qu’il croyait en
Dieu d’une manière différente de la vôtre, vous lui auriez fermé
les portes, de votre église. Je vous le demande, si nous l’avions
porté au Panthéon,
restant à l’état d’église
,
l’y
auriez-vous reçu ? » M. Baudry d’Asson et plusieurs
de ses collègues de la droite, ne pouvaient s’empêcher de
répondre : non !
    Les cléricaux d’aujourd’hui auraient, dans ce
cas, agi comme le fit en 1814 la royauté de droit divin, dont le
premier soin fut de tirer des caveaux du Panthéon les corps de
Voltaire et de Rousseau et de les faire jeter à la voirie.
    Au sénat, MM. de Ravignan et
Fresneau allaient jusqu’au bout de la doctrine catholique de
l’intolérance, lorsqu’ils disaient que si le Panthéon perdait son
caractère religieux, aucun grand homme
chrétien
, ne
consentirait à être enterré
la dedans
[5] .
    Ainsi une nation ne pourrait assigner un même
lieu de sépulture, dans un édifice
n’ayant aucun caractère
religieux
,
à
tous ses grands hommes catholiques ou
non catholiques, parce que, ainsi que le disait
M. de Ravignan, ce serait infliger aux catholiques une
sépulture qui serait un attentat à leur croyance que de les faire
reposer à côté de protestants, de juifs, de théistes et d’athées.
C’est l’application aux morts de cette théorie de l’Église, que la
loi ne peut mettre sur le même pied l’erreur et la vérité, théorie
empêchant que la paix et la tolérance puissent régner dans un pays,
non seulement entre les vivants, mais encore au milieu des
tombeaux.
    Pour bien marquer le caractère
d’
humiliation
du culte protestant, même dans l’intérieur
des temples, Louis XIV ne négligea rien, il fit enlever de ces
édifices religieux, les bancs et sièges élevés là pour les
gentilshommes, juges,
consuls
et échevins, les fleurs de
lys, armes du roi, des villes et des communautés placées sur les
bancs, murailles et vitres desdits temples. Il fit défense à tous
juges royaux ou des seigneurs, consuls et échevins réformés de
porter
dans les temples
, et lorsqu’ils y allaient ou en
revenaient, leurs robes rouges, chaperons et autres marques de
magistrature.
    Dans les villes, sièges d’un archevêché ou
évêché, le temple ne pouvait être placé à moins d’une lieue de la
dernière maison d’un des faubourgs. Louis XIV interdit, en outre,
de prêcher et de s’assembler dans

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