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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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étaient frappés du mal
dans leur logis, aimaient mieux y périr sûrement que d’être portés
dans un lieu où ils se trouvaient huit ou dix dans un même lit,
quelquefois un seul vivant au milieu de sept ou huit
morts
.
    Nulle précaution pour empêcher les maladies
contagieuses de se propager dans l’hôpital et au dehors. En 1652,
les administrateurs des hôpitaux de Paris, vu l’affluence des
malades (il en était arrivé 200 en un seul jour à l’Hôtel-Dieu où
il y en avait déjà 2 400), décident que l’hôpital Saint-Louis,
spécialement destiné aux
pestiférés
, sera ouvert aux
blessés ; tant pis pour les blessés, on se bornera à interdire
autant que possible la communication avec le dehors. Voici comment
on se préoccupait peu de préserver la population du dehors des
maladies régnant dans les hôpitaux. « On vendait aux pauvres,
dit Feillet, les habits de ceux qui étaient morts à l’hôpital,
sans les assainir
, après les avoir tirés du dépôt infect
où ils avaient été entassés pêle-mêle, et dont le seul nom
la
pouillerie
inspire l’horreur… on en vendait annuellement pour
cinq cents livres ; qu’on se figure combien de misérables
haillons, couverts de vermine, et recelant dans leurs plis les
germes funestes des maladies, représente cette somme. »
    Les hôpitaux n’étaient pas seulement des
foyers d’infection, ils ne différaient en rien des maisons de
correction. Le malade, le pauvre, le prisonnier qu’on y jetait,
était considéré comme un pécheur frappé de Dieu, qui, d’abord,
devait expier. Il subissait de cruels traitements.
    On y entassa les huguenots après les
dragonnades, et ils eurent à y souffrir cruellement. La veuve de
Rieux, envoyée à l’hôpital général, en février 1698, résista à
tout, et en septembre 1699, d’Argenson écrit : « On n’a
pu lui inspirer des sentiments plus modérés, ni même lui faire
désirer
la maison des nouvelles catholiques, tant elle
appréhende d’être instruite et de ne pas mourir dans son erreur…
Elle est d’un âge
très avancé
et cette circonstance doit
d’autant plus, exciter le
zèle
des ecclésiastiques qui la
soignent. »
    L’hôpital qui devint pour les huguenots la
maison de torture la plus tristement célèbre et redoutée, fut celui
de Valence, hôpital-prison, dirigé par le sieur Guichard, seigneur
d’Herapine
, la Rapine comme l’appelaient les huguenots, un
des bourreaux les plus cruellement inventifs qui se soient jamais
rencontrés.
    D’Hérapine fit si cruellement jeûner Joachin
d’Annonay que ce malheureux, dans les transports de la faim, se
mangea la main et mourut deux jours après de douleur et de
misère ; une autre de ses victimes, un jeune homme de
vingt-et-un ans mourut aussi de faim dans son cachot. Il enferma
Ménuret, avocat à Montélimar, dans une basse-fosse humide où le
jour ne pénétrait que par une étroite lucarne et le maltraita
cruellement ; un jour enfin il lui fit donner tant et de si
forts coups de nerf de bœuf par ses estafiers que, quelques heures
après, on le trouva mort dans son cachot. La demoiselle du Cros, et
quelques-unes de ses compagnes qui avaient voulu, comme elle, fuir
à l’étranger, sont livrées à d’Hérapine et aux six furies
exécutrices de ses ordres impitoyables.
    « Dès leur arrivée on les dépouilla de
leurs chemises qu’on remplaça par de rudes cilices de crin qui leur
déchirèrent la peau et engendrèrent des ulcères par tout leur
corps ; puis il les obligea de mettre des chemises qu’il
envoya quérir à l’hôpital, lesquelles avaient été plusieurs
semaines sur des corps couverts de gale, d’ulcères et de
charbon ; pleines de pus et de poux.
    « N’ayant pour nourriture que du pain et
de l’eau, surchargées de travail, ces prisonnières étaient encore
accablées des plus mauvais traitements. Un des supplices favoris de
d’Hérapine, après les coups de nerf de bœuf qu’il leur faisait
appliquer, sur la chair, en sa présence, consistait à les plonger
dans un
bourbier
d’où on ne les tirait que quand
elles avaient perdu connaissance. La mort délivra la jeune du Cros
de son martyr. Quant à ses amies, couvertes de plaies de la tête
aux pieds, et n’ayant plus figure humaine, elles finirent par
abjurer, et furent transportées dans un couvent. »
    Nous avons les relations laissées par deux des
victimes de d’Hérapine, Jeanne Raymond, née Terrasson, et Blanche
de Gamond ; voici

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